Moorea

Plongée en raie-union

Après notre petite navigation bien mouvementée (voir l’article précédent et nos turpitudes avec le Spi), nous sommes bien contents de mouiller et de revoir Lotus et son équipage !

(D’ailleurs, si j’avais donné ma version de notre aventure, je n’aurais pas été aussi spi-rituelle que Vincent, mon article aurait contenu davantage de « et là j’ai paniqué », « donc là j’ai crié très fort » , « là je l’ai peut-être insulté » (le spi bien sûr, pas Vincent… quoique…), et en plus j’ai pris plein de coups de soleil car j’étais sensée être sur le pont 10 minutes seulement…)

Bref, nous sommes bien contents de retrouver les copains, qui nous avaient déjà apporté leur soutien par VHF (« euh, c’est vous qui faites des ronds avec un spi tout bizarre? »), et avec qui nous partageons un gâteau au chocolat bien mérité, puis quelques planteurs en jouant au Time’s up (pour le plus grand plaisir de Vincent )… Le moral va déjà mieux!

Jeudi matin, une fois l’école terminée pour les deux bateaux, nous plongeons ensemble sur un spot particulier pas loin de l’hôtel des Tipaniers, au nord-ouest de la baie d’Opunohu.

A cet endroit, le lagon est sableux et peu profond, et les raies pastenagues se retrouvent autour de quelques guides Polynésiens qui les attirent avec des bouts de pâte de poissons pour le plus grand plaisir des touristes. Cette pratique semble un peu limite sur le plan de l’écosystème, mais il s’agit davantage de « smelling » que de « feeding », c’est à dire d’odeurs plus que de nourrissage proprement dit. Nous faisons attention au début à ne pas les toucher, mais les raies s’approchent au plus près des plongeurs, cherchant le contact, grimpant même parfois sur le dos et le ventre des touristes, c’est très tentant de les caresser! Des requins pointes-noires nous tournent autour, beaucoup plus circonspects…
Nous vivons donc un moment assez fou, au milieu des ces raies virevoltantes, toutes douces et parfois déroutantes, jouant et plongeant au milieu d’elles. Cécilie oscille entre petites frayeurs quand la raie s’approche de trop près, et grande joie quand elles tournoient autour d’elle; certaines sont vraiment imposantes, mais flottent entre deux eaux tout en légèreté. Avec nos masques et nos palmes, nous paraissons vraiment ballots et disgracieux, et la couleur de nos t-shirts anti-uv fait tache dans ces fonds aigue-marine…


Après une bonne heure à batifoler avec ces anges des mers, nous retrouvons la terrasse merveilleuse du snack de l’hôtel des Tipaniers, que nous avions découvert lundi, ainsi que sa plage splendide et son eau transparente, dans laquelle Cécilie et Lilas s’ébattent tout l’après-midi.


De retour au bateau, nous profitons d’une mer complètement apaisée pour sortir le drone et gagner un peu en dextérité, mais nos images manquent encore de fluidité…

En lisant les différents blogs de navigateurs avant de partir, il était souvent question de ces « bateaux-copains » que l’on croise sur une île, retrouve sur une autre, avec qui on partage une traversée, plein de tuyaux et d’astuces, et c’est vrai que la présence de Lotus en ce tout début de voyage nous apporte énormément: les filles sortent de leur huis clos, Vincent peut poser plein de questions techniques à Julien qui a déjà tout réparé sur son bateau, et je confie mes angoisses avec Elodie (combien de caddies de courses vous faites pour ne pas mourir de faim aux Tuamotu? C’est quoi ta recette de pain? Est-ce qu’il te reste un fermoir pour terminer mon bracelet de perle? ). Ils connaissent les bons mouillages, les réparateurs de moteur et de spi, et les spots de plongée sympas. Nous avons beaucoup de chance de les avoir croisés! Nous nous retrouverons peut-être à Tahaa, notre prochaine escale après la révision du moteur, mais ne les suivrons pas jusqu’en Nouvelle Zélande, je n’ai pas apporté les bons vêtements…

notre plongée avec les raies
Moorea

Pas très in-Spi-ré

Après une semaine dans les mouillages près de Vaiare, il est temps d’aller voir au nord de Moorea!
Cela commence pas trop mal avec des baleines qui nous font coucou de loin. Comme le temps a l’air de s’y prêter: on se dit qu’il est temps de tester le Spi! Je ne l’avais monté qu’une fois lors du test en mer pour l’achat il y a 2 mois déjà..

Le Spi Parasailor sur Fakarever
Voici à quoi cela ressemble lorsqu’il est bien lancé (spi de type Parasailor):

Pour en arriver-là, il faut

  • le sortir de la pointe avant – check
  • le monter au mât à l’aide de la drisse dans sa chaussette (la voile est rassemblée sur toute sa longueur dans un sac – la chaussette – que l’on va remonter ensuite).
  • Ne pas oublier d’attacher le bas de la chaussette pour qu’elle ne vole pas par la suite – check
  • Attacher les 4 écoutes et les mettre en place – check
  • ouvrir la chaussette et le laisser se déployer….

Bon on va pas faire durer le suspens plus longtemps: c’est là que ça se gâte.

Tout d’abord la chaussette ne remonte pas bien au niveau de l’aile centrale, le temps de faire du yo-yo avec la chaussette, les écoutes battent et… n’ayant fait que des noeuds de chaise simple (sans sécurité) et pas assez serrés, 2 écoutes se défont ! (raaaah, on nous l’avait bien dit pendant notre formation !!)
C’est pas grave, on rattrape gentiment le spi, on refait les 4 noeuds de chaises et c’est reparti!

Et là, on s’aperçoit de notre double erreur:
1) on a monté le spi à tribord pour un vent qui venait lui aussi de tribord: le spi va donc traverser tout notre avant pour pouvoir se gonfler
2) on a fixé la drisse de chaussette sur un taquet lui aussi à tribord.

Le spi est dévié, le vent n’est pas tout à fait stable et au lieu de se gonfler joliment cette fois-ci, il s’enroule autour de notre étai (le câble qui tient le mât à l’avant et sur lequel notre génois est lui aussi enroulé). 5 tours bien serrés et trop haut pour qu’on puisse tenter de les défaire… cela se nomme un spi en cocotier !
Leslie a la bonne idée d’attacher le bas du spi pour qu’il ne batte pas et nous en sommes là:

Nous visons une baie tranquille pour le défaire tranquillement, mais une idée me vient en voyant battre gentiment le milieu: si on faisait faire des tours au bateau pour que le vent nous aide à dérouler le spi ? (très mauvaise idée en fait, comme nous allons l’expérimenter…)

  • 1 tour, tout va bien
  • 2 tours, on tient le bon bout: ça fonctionne !
  • 3ème tour…euh, c’est grand un spi, et quand on le déroule, c’est une partie de plus en plus grande qui flotte, et…. s’emmêle dans le radar et les antennes du mât ! Pas cool du tout ça en plus ça bat et on risque franchement de l’abîmer !

Bon, on range la grand voile et c’est parti pour ma première montée au mat en mer en étant assurée par Leslie!
Démêlage ok, mais le temps de faire tout ça, le spi s’est malheureusement un peu déchiré 🙁
(Rien de bien grave à priori, mais nous allons le faire réviser car c’est une voile délicate!)

Une fois démêlé du mât, il bat devant. Une dernière idée me vient (meilleure cette fois-ci), en passant d’un grand large (on garde le vent derrière) à bâbord puis à tribord en fonction de la position du spi autour de l’étai, on arrive à le dérouler et il se gonfle enfin..

On range tout, assez d’émotion pour aujourd’hui… de toute façon le temps de faire tout ça on est arrivé au mouillage de la baie de Opunohu!

Moorea

Tour et détours de Moorea

Nous sommes toujours ancrés dans la même baie, mais après avoir parcouru l’île à pied, nous la découvrons aujourd’hui en voiture – Maud nous prête gentiment la sienne pendant qu’elle fait une journée shopping avec sa maman sur Papeete.

Levés en même temps que le soleil, nous entamons le tour de l’île par le nord; nous faisons une première halte au lycée agricole de Moorea, qui propose une belle promenade au milieu de ses vergers et plantations, et surtout des petites pancartes avec enfin le nom et la description de ces fruits tout bizarres que nous croisons dans la forêt ou sur les étals au bord des routes. Il est même indiqué les différentes manières de les consommer, de quoi réjouir Cécilie, toujours avide de nouvelles découvertes culinaires… ou pas, je ne sais plus…


Nous en profitons pour faire quelques essais avec notre drone, resté jusqu’à présent bien sage dans sa pochette; la prise en main n’est pas évidente, Vincent a découvert encore plein de réglages ce soir, mais on devrait bien s’amuser!
Non loin du lycée se trouve un grand site archéologique, qui rassemble plusieurs Marae, mais aussi des terrasses agricoles. Le tout est recouvert d’une végétation assez dense, ce qui ajoute une dimension sauvage et un peu d’Indiana Jones à notre promenade. On sait peu de choses sur ces Marae, à part qu’ils avaient une fonction religieuse importante, et qu’on ne s’y rendait pas à la légère, mais il y a peu d’explications sur les types de cérémonie qui s’y déroulaient.

Nous passons par le belvédère qui nous offre une vue imprenable sur les deux baies du nord de l’île, puis redescendons vers le nord-ouest à la recherche d’un endroit pour déjeuner, et arrivons dans un petit coin de paradis: sur la plage du l’hôtel des Tipaniers nous attend un snack, les pieds dans l’eau turquoise et cristalline. C’est presque trop, les couleurs semblent avoir été retouchées par un publicitaire un peu trop enthousiaste, les motus posés là uniquement pour un meilleur contraste entre les bleus de l’eau et du ciel. Nous faisons connaissance d’une famille polynésienne qui ne rêve que de connaître des Français et la France, difficile de croire qu’on veuille aller voir ailleurs; ainsi il est possible de se lasser même des endroits les plus beaux.

Retour au bateau; nous profitons du paddle enfin réparé (Vincent est une vraie fée bricoleuse, il vient à bout de toutes les pannes et problèmes techniques), et finissons la journée avec les plus belles, les raies léopards dont nous ne sommes pas (encore) lassés…

Moorea

Rencontres sous-marines

Nous sommes toujours au mouillage de Vaiare, à l’est de Moorea; Lotus est reparti pour Tahiti afin de récupérer un tout nouveau spi, nous espérons les revoir avant leur départ pour la Nouvelle Zélande.

Nous continuons nos plongées dans la passe à la recherche de raies, les réparations/améliorations du bateau – Vincent est monté au mât hier à deux reprises pour changer le système de fixation de drisse, selon les préconisations du rapport d’expertise – et nous avons un nouveau voisin, le « c’est si bon! »: le bateau de Maud et Yann, qui avaient hébergé Vincent lorsqu’il était venu acheter Fakarêver. Ils sont à l’année à la marina de Moorea, et sont venus nous rejoindre au mouillage pour le week-end! Les filles ne sont donc pas restées seules très longtemps, et jouent bien avec l’équipage cette fois uniquement masculin: Keoni, Naël et Teaki!


Nos projets à venir: grosse révision des moteurs du bateau, qui nous occupera 3 jours à partir du 2 septembre; nous reviendrons à Tahiti, soit à la marina de Papeete, soit à celle de Papeete. Puis départ certainement vers Raiatea et Taha, puis vers les Tuamotu en fonction de la météo!
Nous resterons d’ici-là à Moorea, en allant peut-être de l’autre côté de l’île (cela dépendra également du vent, le nord de l’ île n’est pas toujours protégé), voir ce qu’on y trouve… peut-être de tortues?

Ce matin nous avons croisé des requins, en allant amarrer l’annexe de l’autre côté du récif… C’est un site où se retrouvent pas mal d’écoles de plongée, Maud nous l’avait conseillé! Et en revenant, des dauphins jouaient dans la passe, pendant que nous regardions le départ de la grande course annuelle de va’a…

Un va’a, mais qui ne participait pas à la course

Autre fait marquant de la journée: les filles ont réalisé leur premier gâteau au chocolat du voyage! Avec une amélioration de la recette habituelle: ajout de bananes locales…
Une journée ordinaire sur Fakarêver…

rencontres sous-marines
(Avec l’aimable autorisation de Lotus pour l’utilisation des plans aériens – notre drone n’a pas encore fait de sortie,ça ne saurait tarder…)
Moorea

Marcher, nager, voler

Cela fait 3 jours que nous sommes à Moorea, et nous avons bien failli rentrer à Tahiti: beaucoup de vent, plein de vagues dans le mouillage (on ne voit même pas le fond de l’eau depuis le bateau c’est scandaleux), et même de la pluie! Et pas une seule petite raie de rien du tout. Certes, un beau requin sous la coque, mais c’est pas pareil.
Je suis donc en train de rédiger une lettre de réclamation à l’office de tourisme de Moorea, quand au 3ème jour, le vent tourne: l’île se dévoile enfin sous ses plus belles couleurs.
Nous avions planifié une (petite) randonnée jusqu’au col de Vaiare; nous retrouvons des chaussettes au fond des valises, enfilons nos chaussures de marche, et nous voilà parti au fin fond de la forêt vierge – ou presque. L’ascension jusqu’au col est rude, 300 mètres d’une traite avec l’humidité ambiante, Cécilie est toute étonnée de sentir de l’eau couler dans son dos… Avec un petit raidillon pour la fin ( un raccourci entre deux lacets…), nous arrivons bien rouges au col, et la vue finit de nous couper le souffle: nous sommes au bord d’un énorme cirque, qui encadre des baies sublimes, à l’ombre de plusieurs pics majestueux.


Nous avons envie de poursuivre la balade en rejoignant le village de Pao-pao (contrairement au col, haha), avec deux options: le chemin direct, qui descend vite, ou le chemin qui fait le tour du cirque, qui descend doucement. Lequel avons-nous pris?
Celui qui en fait ne descend pas vraiment, remonte plutôt, et que nous mettons 4 heures à couvrir au lieu des 2 heures initiales…. mais qui est magnifique. Nous marchons sous la canopée tropicale, entourés de feuilles gigantesques et de branches torturées, de châtaigniers aux troncs en étoile, avec de temps en temps des fenêtres qui s’ouvrent dans la végétation et découvrent des vues sublimes…

Nous nous faisons rattraper par un jeune Polynésien, qui fait la même promenade en tongs et avec son énorme enceinte en bandoulière (ce qui nous a permis de l’entendre venir 10 minutes avant de le voir), un peu étonné de nous trouver là, mais qui nous accompagne une bonne heure (il avait baissé la musique), se transformant en guide botanique et culinaire. Il finit par nous semer, les petites jambes des filles commençant à fatiguer; bizarrement, le chemin semble « plus long que prévu », mais nous finissons par atteindre un splendide belvédère qui donne sur les deux grandes baies du nord de l’île.

Nous entamons la descente vers le village, avec une partie un peu rude le long d’une petite route, et c’est la récompense: un snack au bord de la baie de Cook, bien ventée, avec des noix de coco toutes fraîches!
Pour le retour, nous avions tablé sur le bus qui ramène à la gare maritime, mais au bout d’une demi-heure à l’arrêt (il n’y a pas d’horaires), nous tentons l’option stop, à la grande curiosité de Cécilie, qui propose plutôt de se mettre au milieu de la route en levant les mains, « ce sera plus efficace pour arrêter les voitures »… Elle lève le pouce avec moi, et au bout de 10mn un gentil Polynésien nous embarque! Très sympa, il propose même de nous arrêter à la supérette pour faire des courses (on lui a assuré qu’on avait tout ce qu’il fallait), puis il s’arrête à un belvédère qui permet d’admirer la belle plage de Moorea.


Nous retrouvons notre annexe, bien fatigués, mais rien de tel qu’une petite plongée pour se délasser (et j’ai toujours pas vu de raies, non mais!)
Le site de plongée du mouillage est magnifique, et très différent de ceux que nous avions pu voir jusqu’à présent: il s’agit d’un chenal entre deux massifs de coraux, dont un qui descend à pic jusqu’à 10 mètres, donnant l’impression de survoler des immeubles de 15 étages, avec des superpositions fabuleuses de bancs de poissons multicolores. Je croise une murène gigantesque, énormément de zancles (photos), mais pas de tortue, ni de raie…

En remontant à la surface pour m’orienter par rapport au bateau, j’en vois soudain une qui saute à une trentaine de mètres de moi! Je m’engage dans la passe qui me sépare du bateau, quand soudain, très loin devant, une ombre se détache du bleu profond, une silhouette gracieuse… je bats des palmes, je m’en approche, et en fait il y a deux silhouettes, non trois, quatre… je suis au septième ciel: je me retrouve à voler au milieu d’un banc de raies léopards. En face de nous un mur de sable approche, le fond remonte à 3m, et les raies s’amusent à le suivre puis à repartir vers les profondeurs, proposant un ballet aquatique merveilleux. Je reste avec elles un bon quart d’heure, puis elles se séparent, j’en suis deux un moment puis elles repartent vers les profondeurs…


Sur le retour, je croise une autre raie, armée selon mon guide des récifs coralliens, qui n’a pas du tout la même manière de nager: elle est plutôt du genre à raser le fond, en s’arrêtant de temps de temps pour souffler sur le sable et en faire remonter de la nourriture. Elle croise une copine, et je n’ai pas l’air de les déranger, je reste un peu pour papoter.
Ok, y’a des raies à Moorea.