Maupiti

A l’ouest!

Que faire, que voir, que raconter après cette baleine… J’avoue avoir été K.O quelques jours après cette rencontre merveilleuse… Plus envie de plonger, comme rassasiée, trop pleine d’images et d’émotions trop fortes… Alors on a fait d’autres choses: un petit tour à Vaitape, la ville de Bora, pour faire le plein de fruits; un peu d’école; un peu de lecture; Vincent et les filles sont sortis du lagon pour rencontrer un requin-citron, mais j’ai décliné l’invitation, pas encore complètement remise…
Puis nous partons: le vent continue de baisser, et si ça continue nous irons à Maupiti au moteur, un comble après les semaines de vent que nous avons essuyées! Maupiti est la dernière grande île habitée de la Polynésie Française, la plus à l’ouest, la plus sauvage, la plus belle nous a-t-on dit… Et elle se mérite: on y accède par une unique passe, inhospitalière voire très dangereuse selon les conditions… Lotus nous a raconté l’histoire d’un monocoque obligé de renoncer après 1h de lutte contre le courant; celle d’amis qui étaient partis de nuit de Bora pour être certains d’être aux aurores à la passe… Tout cela nous faisait froid dans le dos. Un couple qui tient une pension sur le bord de cette Charybde ( ou c’est Scylla, je ne sais jamais…), anciens marins, donne des conseils par téléphone aux nouveaux arrivants. Je les appelle vendredi, la voix chevrotante: « la passe va-t-elle bien? »; Camille me répond en riant qu’elle ne peut pas prédire son état de demain, mais que vu le vent (entre 8 et 10 noeuds) et la houle (moins d’un mètre), ça devrait passer. Ça devrait. Ça ne nous fait pas rire.
Nous choisissons finalement d’appareiller dimanche; mais la veille au soir, en re-re-re-re-regardant la météo, nous voyons la carte couverte de grains et d’orage… Malheur, Maupiti est-elle maudite?
Nous partons tout de même aux aurores, comptant sur une traversée de 6h, l’arrivée prévue à midi avec peu de houle annoncée devrait permettre un passage assez tranquille – surtout, le vent chute considérablement en début d’après-midi.
Nous quittons Bora sur des images magnifiques, le pic à moitié voilé par les nuages du premier grain de la journée, le soleil levant filtrant à travers les nuées… Maupiti est droit devant, encore endormie dans le lointain, un peu masquée par les brumes matinales, les oiseaux survolent une mer d’huile, des baleines soufflent au loin, on pense à mettre les voiles – BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIPPPPPPPPPPPPP!!!!!!!!!! Ou plutôt: un bruit strident nous tire de nos rêveries: quoi quoi qu’est-ce qui se passe???
C’est le moteur tribord de Fakarever qui nous dit qu’il y a de l’eau dans le Saildrive (là je laisse Vincent expliquer ce que c’est que le saildrive: « c’est la partie qui transmet les efforts du moteur à l’hélice: principalement immergée donc. Les roulements et pignons doivent baigner dans l’huile et toute eau salée source de corrosion de frottements n’est pas du tout la bienvenue! »). Bien bien. C’est grave docteur? Vincent coupe tout, sort le manuel, ouvre les capots, vérifie l’huile, check sur internet , « y’a pas de mayonnaise » (??? si tu le dis, on a de la moutarde si tu veux), « c’est sûrement une fausse alerte. » Oui, mais si c’en n’est pas une? On va vers Raiatea plutôt, pour faire vérifier ? Oui, non? Sûr sûr??
Nous repartons, le BIIIIIPPP tente encore deux fois de communiquer le temps que l’on lance le spi, puis se tait définitivement: on est à la voile direction Maupiti !

Interlude technique: une fois arrivé, Dominique ( spécialiste Yanmar qui nous avait fait la maintenance des 1000h) nous a guidé pour vérifier tout ça: c’était bien une fausse alerte. Il y a en réalité une double membrane, le capteur est entre les deux afin de prévenir en amont dès le passage de l’eau à travers la première membrane et avant que l’huile se transforme en mayonnaise (eau + huile => viscosité de mayonnaise). Pas d’eau entre ces 2 membranes. Un nettoyage de l’ensemble paraît avoir eu raison de cette fausse alerte.

Un grain devant, un derrière, un sur le côté: l’intérêt, c’est qu’on a du vent! On avance bien, Vincent fait ses réglages au poil. Il y a même un poisson qui mord à l’hameçon de sa canne à pêche, mais, tellement on va vite, il en casse le fil (il était vieux, il avait cuit au soleil… (le fil, pas le poisson)).
Malheureusement les grains s’éclipsent (sans même nous avoir mouillés), et le vent avec lui: c’est rapidement le calme plat. Le spi ne se gonfle plus, on tente le génois sans plus de succès, on lance le moteur pour la dernière heure…
Nous déjeunons, puis nous préparons à affronter la passe… Tout est rangé à l’intérieur du bateau, les placards sont fermés, les assiettes sanglées, les filles briefées – ça va secouer, on vous aime!!-, et nous y voilà: Vincent me montre les grosses vagues sur lesquelles il va falloir surfer… ah non, ça c’est la barrière de corail, la passe est à côté… ah, c’est tout plat… oui mais le courant c’est traitre, on fait ronronner les deux moteurs… ah tiens, ça avance tout seul… oh dis donc, ça y est on est dans le lagon… « Papa, c’est quand que ça secoue?? il se passe rien là!! », euh, oui effectivement on a eu au maximum 1 noeud de courant à contresens et aucune vague…
Pas si terrible cette passe finalement… Much ado about nothing?

la fameuse passe

Le lagon par contre est magnifique: aussi beau que celui de Bora, mais plus confidentiel, avec quelques pensions sur les motus, des fonds superbes, des bleus incroyables; on devrait être bien!
Nous mouillons sur un immense plateau de sable, avec 30 cm d’eau sous les coques, mais on est large!

Quelques bateaux de charter viennent mouiller pas loin de nous, mais ils ne restent pas: ils profitent que la passe soit praticable pour profiter une journée, voire 24h de Maupiti, puis s’en repartent à Bora et Tahaa. Nous faisons connaissance avec un magnifique Leopard 48, Léo, propriété de Pierre et Caroline, qui connaissent bien la Polynésie y ayant séjourné à plusieurs reprises. Nous goûtons ensemble le rhum arrangé Passion acquis à la rhumerie de Tahaa, et Pierre me raconte sa prochaine pièce de théâtre qui sera mise en scène au théâtre du Rond-Point… On se reverra en métropole!
Pas loin du mouillage se trouve une aire de nettoyage pour raies manta; nous y faisons un saut dès le premier matin, et ne sommes pas déçus: cinq magnifiques mantas se prélassent au fond de l’eau, en faisant des ronds et des spirales élégantes. La visibilité n’est pas terrible, mais c’est la première rencontre pour les filles, qui sont ravies!


Nous nous promenons sur le motu Pitihahei, pour nous approcher de la barrière de corail – un chien nous accompagne durant toute la balade; nous nous rendons à la pointe Tereia pour profiter de la plage et ramasser des coquillages; nous nageons dans l’énorme piscine qui entoure le bateau; les filles ont leur première leçon de conduite d’annexe; nous admirons les couchers de soleil fabuleux; nous guettons les raies pastenagues et léopards qui tournent autour de notre mouillage; nous devons d’ailleurs en changer – de mouillage – depuis deux jours, pour nous rapprocher du village, mais bizarrement, je suis bien moi là….

On bouge demain, il paraît qu’il y a une magnifique randonnée à faire, il va falloir partir à la recherche de nos chaussettes…

Bora Bora

Bora Bora: un paradis?

Bon, réglons ça tout de suite: oui, la lagune de Bora est magnifique, bleu turquoise, le sommet en plein milieu de l’île est splendide et permet des photos incroyables, l’eau est transparente, il y a des beaux poissons… ça pourrait s’apparenter à une idée du paradis, tant vanté sur les magazines et les affiches dans les agences de voyage.

Mais… L’enfer, c’est les autres? Les autres touristes, sans aucun doute. Serait-ce de l’égoïsme que de vouloir garder tout ça pour nous? Certainement. On prend de mauvaises habitudes dans nos mouillages isolés? Peut-être bien…
Retour un peu brutal à la civilisation: les grands hôtels sur pilotis tout autour du lagon impliquent une valse de petits bateaux à moteur, menant leurs passagers aux différents spots de plongée, à terre, sur les motus; les jet-skis s’en donnent à cœur joie, et il y a même un hélicoptère qui fait des rotations en partant des différentes plages des hôtels. Rien de bien méchant en sorte, si ce n’est du bruit et des vagues… et nous ne sommes pas en pleine saison. Comment ça on est des vieux loups de mer râleurs?
C’est vrai que le touriste est roi à Bora, mais à condition qu’il paie: l’arrêté 2442 régissant les mouillages à Bora Bora interdit de mouiller en dehors de certaines zones prédéfinies (jusque là, pourquoi pas). Mais ces zones sont gérées par une compagnie de bouées “Bora Bora Moorings Services” (sans site web) qui, sous couvert de « meilleure gestion du lagon», impose aux bateaux la location de ces bouées (à tarif Bora Bora-esque: 30$ la nuit, 50$ les 3 et 100$ la semaine), en leur interdisant de jeter l’ancre dans ces zones (« On empiète sur le cercle d’évitement »)… alors que certaines sont peu profondes, sablées, donc sans danger pour les coraux – contrairement à la crème solaire dont se tartinent les touristes en plongée…
Bref. Rien de bien grave dans notre microcosme de privilégiés :o)! Mais on avait perdu l’habitude de ne pas faire ce qu’on veut quand on veut et de ne pas avoir à décider à l’avance le nombre de nuits exactes que l’on va passer à un endroit…

Nous avons tout d’abord mouillé au SE de l’île, près du motu Fanfan: nous sommes presque seuls samedi en fin d’après-midi, mais vite rejoints par quelques catamarans de location en provenance de Raiatea. Nous faisons une plongée en dérivante (nous nous laissons portés par le courant avec l’annexe accrochée autour de Vincent) près de la barrière de corail, où nous croisons de très nombreux requins pointes noires, des raies pastenagues, et des petits poissons à deux selles mêlant leurs couleurs vives aux nuances de gris de leurs grands cousins. Le jardin de corail, près du Motu Piti uu Uta, est très joli, nous y croisons de beaux bancs de poissons, ainsi que deux poissons pierres impressionnants (leur piqûre peut être mortelle et en tout cas très douloureuse; on ne s’est pas trop approché).

La plongée en dérivante et le jardin de corail

Nous profitons également de l’immense plage du motu pour tester les raquettes de Beach Ball offertes par Lotus! Les filles ramassent des coquillages, s’ébattent dans les 50 cm d’eau qui s’étalent sur plusieurs dizaines de mètres, un bel après-midi!


Le gestionnaire du parc des bouées nous ayant dit que l’arrêté n’était en fait pas encore en vigueur (mais ses tarifs tout à fait appliqués), nous changeons de mouillage lundi pour nous mettre du côté du Lagoonarium, entre le Méridien et Le Saint Régis Resort. Pas de bouée ici, donc essentiellement des voisins en monocoques qui ont moins la bougeotte.

Nous testons le spot de plongée Anau, au milieu du lagon, qui accueille régulièrement des raies manta; elles n’y sont pas, mais les coraux en revanche nous éblouissent: les massifs sont gigantesques, et descendent jusque dans le tombant, duquel remontent des nuées de poissons scintillants et colorés. Lors de notre première balade nous apercevons une tortue qui s’enfuit à tire de nageoires, mais le lendemain, la chance nous sourit: nous remontons sur l’annexe après une jolie randonnée au milieu des massifs corallien, quand j’aperçois des mouvements d’eau à une trentaine de mètres de nous, au milieu des algues, là où le corail affleure. Vincent m’encourage à me remettre à l’eau, et je palme sans grande conviction dans 50 cm d’eau, rentrant le ventre et serrant les dents. Lorsque je parviens à une eau un peu plus profonde, je vois le bout d’une queue disparaître derrière une patate. C’était donc une tortue… Je continue jusqu’à l’endroit où elle s’est volatilisée, guettant les collines devant moi, admirant une dernière fois toutes les nuances de jaunes et de bleu, puis je fais demi-tour. Et qui est là, m’observant depuis 5 minutes? La tortue, cachée sous un surplomb de corail. Je m’approche doucement, elle continue de me scruter du coin de l’oeil; je commence ma séance photo, elle ne bronche pas. Je tente des signaux vers l’annexe pour communiquer la trouvaille (comment on fait un R avec les mains déjà…), et retourne dans ma contemplation reptilienne. Sous son regard de sphinx, je finis par m’en aller, rencontre Vincent en chemin, le ramène (en hésitant sur le chemin à suivre, c’était à gauche de cette patate? ou de l’autre?), et elle était toujours là, très zen. Finalement convaincue qu’on ne la transformerait pas en soupe, elle sort de son antre et volète de place en place, tantôt marchant sur les polypes, tantôt planant délicatement, nous gardant toujours à l’oeil. Une danse se met à place doucement, la confiance s’installe, et nous nageons de conserve un bon quart d’heure. Elle finit par reprendre sa respiration, puis plonge plus profondément vers le tombant; nous la laissons, reconnaissants de cette belle rencontre.
J’avais promis que je consacrerai une vidéo aux tortues, la voilà ^^!

Plongée à Anau


Nous nous rendons aujourd’hui dans un nouveau mouillage, au SO de l’île, derrière le motu Toopua; Vincent a la bonne idée de couper les moteurs pour la remontée du lagon, nous profitons donc tranquillement de toutes ses nuances de bleu, des profils du mont Otemanu, et des navettes et voiliers charter qui nous doublent à toute vitesse, zut je recommence à râler :o) …
Nous nous arrêtons près de Vaitape, la grande ville de l’île, pour une pause ravitaillement: en diesel et essence tout d’abord (station Total un peu au nord de Vaitape qui accepte la detaxe gasoil), puis un petit tour au super U (pas loin et avec de quoi s’amarrer juste en face) pour faire le plein de poissons, de farine, d’œufs, de fruits, de légumes… nous n’avons pas mangé toutes les courses de début septembre, mais comme nous envisageons de partir directement aux Tuamotus pour plusieurs mois, nous prenons nos précautions! A quoi nous servirait d’être dans les plus beaux atolls du monde si nous n’avons plus de quoi faire des gâteaux au chocolat ^^?

Nous prenons une bouée dans le nouveau mouillage, derrière le motu Toopua, et là: on est bien…. on retrouve les grands espaces, un seul hôtel à l’horizon… et pas de jet-ski… l’impression de retrouver notre paradis perdu…

Moorea

Plongée en raie-union

Après notre petite navigation bien mouvementée (voir l’article précédent et nos turpitudes avec le Spi), nous sommes bien contents de mouiller et de revoir Lotus et son équipage !

(D’ailleurs, si j’avais donné ma version de notre aventure, je n’aurais pas été aussi spi-rituelle que Vincent, mon article aurait contenu davantage de « et là j’ai paniqué », « donc là j’ai crié très fort » , « là je l’ai peut-être insulté » (le spi bien sûr, pas Vincent… quoique…), et en plus j’ai pris plein de coups de soleil car j’étais sensée être sur le pont 10 minutes seulement…)

Bref, nous sommes bien contents de retrouver les copains, qui nous avaient déjà apporté leur soutien par VHF (« euh, c’est vous qui faites des ronds avec un spi tout bizarre? »), et avec qui nous partageons un gâteau au chocolat bien mérité, puis quelques planteurs en jouant au Time’s up (pour le plus grand plaisir de Vincent )… Le moral va déjà mieux!

Jeudi matin, une fois l’école terminée pour les deux bateaux, nous plongeons ensemble sur un spot particulier pas loin de l’hôtel des Tipaniers, au nord-ouest de la baie d’Opunohu.

A cet endroit, le lagon est sableux et peu profond, et les raies pastenagues se retrouvent autour de quelques guides Polynésiens qui les attirent avec des bouts de pâte de poissons pour le plus grand plaisir des touristes. Cette pratique semble un peu limite sur le plan de l’écosystème, mais il s’agit davantage de « smelling » que de « feeding », c’est à dire d’odeurs plus que de nourrissage proprement dit. Nous faisons attention au début à ne pas les toucher, mais les raies s’approchent au plus près des plongeurs, cherchant le contact, grimpant même parfois sur le dos et le ventre des touristes, c’est très tentant de les caresser! Des requins pointes-noires nous tournent autour, beaucoup plus circonspects…
Nous vivons donc un moment assez fou, au milieu des ces raies virevoltantes, toutes douces et parfois déroutantes, jouant et plongeant au milieu d’elles. Cécilie oscille entre petites frayeurs quand la raie s’approche de trop près, et grande joie quand elles tournoient autour d’elle; certaines sont vraiment imposantes, mais flottent entre deux eaux tout en légèreté. Avec nos masques et nos palmes, nous paraissons vraiment ballots et disgracieux, et la couleur de nos t-shirts anti-uv fait tache dans ces fonds aigue-marine…


Après une bonne heure à batifoler avec ces anges des mers, nous retrouvons la terrasse merveilleuse du snack de l’hôtel des Tipaniers, que nous avions découvert lundi, ainsi que sa plage splendide et son eau transparente, dans laquelle Cécilie et Lilas s’ébattent tout l’après-midi.


De retour au bateau, nous profitons d’une mer complètement apaisée pour sortir le drone et gagner un peu en dextérité, mais nos images manquent encore de fluidité…

En lisant les différents blogs de navigateurs avant de partir, il était souvent question de ces « bateaux-copains » que l’on croise sur une île, retrouve sur une autre, avec qui on partage une traversée, plein de tuyaux et d’astuces, et c’est vrai que la présence de Lotus en ce tout début de voyage nous apporte énormément: les filles sortent de leur huis clos, Vincent peut poser plein de questions techniques à Julien qui a déjà tout réparé sur son bateau, et je confie mes angoisses avec Elodie (combien de caddies de courses vous faites pour ne pas mourir de faim aux Tuamotu? C’est quoi ta recette de pain? Est-ce qu’il te reste un fermoir pour terminer mon bracelet de perle? ). Ils connaissent les bons mouillages, les réparateurs de moteur et de spi, et les spots de plongée sympas. Nous avons beaucoup de chance de les avoir croisés! Nous nous retrouverons peut-être à Tahaa, notre prochaine escale après la révision du moteur, mais ne les suivrons pas jusqu’en Nouvelle Zélande, je n’ai pas apporté les bons vêtements…

notre plongée avec les raies
Moorea

Rencontres sous-marines

Nous sommes toujours au mouillage de Vaiare, à l’est de Moorea; Lotus est reparti pour Tahiti afin de récupérer un tout nouveau spi, nous espérons les revoir avant leur départ pour la Nouvelle Zélande.

Nous continuons nos plongées dans la passe à la recherche de raies, les réparations/améliorations du bateau – Vincent est monté au mât hier à deux reprises pour changer le système de fixation de drisse, selon les préconisations du rapport d’expertise – et nous avons un nouveau voisin, le « c’est si bon! »: le bateau de Maud et Yann, qui avaient hébergé Vincent lorsqu’il était venu acheter Fakarêver. Ils sont à l’année à la marina de Moorea, et sont venus nous rejoindre au mouillage pour le week-end! Les filles ne sont donc pas restées seules très longtemps, et jouent bien avec l’équipage cette fois uniquement masculin: Keoni, Naël et Teaki!


Nos projets à venir: grosse révision des moteurs du bateau, qui nous occupera 3 jours à partir du 2 septembre; nous reviendrons à Tahiti, soit à la marina de Papeete, soit à celle de Papeete. Puis départ certainement vers Raiatea et Taha, puis vers les Tuamotu en fonction de la météo!
Nous resterons d’ici-là à Moorea, en allant peut-être de l’autre côté de l’île (cela dépendra également du vent, le nord de l’ île n’est pas toujours protégé), voir ce qu’on y trouve… peut-être de tortues?

Ce matin nous avons croisé des requins, en allant amarrer l’annexe de l’autre côté du récif… C’est un site où se retrouvent pas mal d’écoles de plongée, Maud nous l’avait conseillé! Et en revenant, des dauphins jouaient dans la passe, pendant que nous regardions le départ de la grande course annuelle de va’a…

Un va’a, mais qui ne participait pas à la course

Autre fait marquant de la journée: les filles ont réalisé leur premier gâteau au chocolat du voyage! Avec une amélioration de la recette habituelle: ajout de bananes locales…
Une journée ordinaire sur Fakarêver…

rencontres sous-marines
(Avec l’aimable autorisation de Lotus pour l’utilisation des plans aériens – notre drone n’a pas encore fait de sortie,ça ne saurait tarder…)
Moorea

Marcher, nager, voler

Cela fait 3 jours que nous sommes à Moorea, et nous avons bien failli rentrer à Tahiti: beaucoup de vent, plein de vagues dans le mouillage (on ne voit même pas le fond de l’eau depuis le bateau c’est scandaleux), et même de la pluie! Et pas une seule petite raie de rien du tout. Certes, un beau requin sous la coque, mais c’est pas pareil.
Je suis donc en train de rédiger une lettre de réclamation à l’office de tourisme de Moorea, quand au 3ème jour, le vent tourne: l’île se dévoile enfin sous ses plus belles couleurs.
Nous avions planifié une (petite) randonnée jusqu’au col de Vaiare; nous retrouvons des chaussettes au fond des valises, enfilons nos chaussures de marche, et nous voilà parti au fin fond de la forêt vierge – ou presque. L’ascension jusqu’au col est rude, 300 mètres d’une traite avec l’humidité ambiante, Cécilie est toute étonnée de sentir de l’eau couler dans son dos… Avec un petit raidillon pour la fin ( un raccourci entre deux lacets…), nous arrivons bien rouges au col, et la vue finit de nous couper le souffle: nous sommes au bord d’un énorme cirque, qui encadre des baies sublimes, à l’ombre de plusieurs pics majestueux.


Nous avons envie de poursuivre la balade en rejoignant le village de Pao-pao (contrairement au col, haha), avec deux options: le chemin direct, qui descend vite, ou le chemin qui fait le tour du cirque, qui descend doucement. Lequel avons-nous pris?
Celui qui en fait ne descend pas vraiment, remonte plutôt, et que nous mettons 4 heures à couvrir au lieu des 2 heures initiales…. mais qui est magnifique. Nous marchons sous la canopée tropicale, entourés de feuilles gigantesques et de branches torturées, de châtaigniers aux troncs en étoile, avec de temps en temps des fenêtres qui s’ouvrent dans la végétation et découvrent des vues sublimes…

Nous nous faisons rattraper par un jeune Polynésien, qui fait la même promenade en tongs et avec son énorme enceinte en bandoulière (ce qui nous a permis de l’entendre venir 10 minutes avant de le voir), un peu étonné de nous trouver là, mais qui nous accompagne une bonne heure (il avait baissé la musique), se transformant en guide botanique et culinaire. Il finit par nous semer, les petites jambes des filles commençant à fatiguer; bizarrement, le chemin semble « plus long que prévu », mais nous finissons par atteindre un splendide belvédère qui donne sur les deux grandes baies du nord de l’île.

Nous entamons la descente vers le village, avec une partie un peu rude le long d’une petite route, et c’est la récompense: un snack au bord de la baie de Cook, bien ventée, avec des noix de coco toutes fraîches!
Pour le retour, nous avions tablé sur le bus qui ramène à la gare maritime, mais au bout d’une demi-heure à l’arrêt (il n’y a pas d’horaires), nous tentons l’option stop, à la grande curiosité de Cécilie, qui propose plutôt de se mettre au milieu de la route en levant les mains, « ce sera plus efficace pour arrêter les voitures »… Elle lève le pouce avec moi, et au bout de 10mn un gentil Polynésien nous embarque! Très sympa, il propose même de nous arrêter à la supérette pour faire des courses (on lui a assuré qu’on avait tout ce qu’il fallait), puis il s’arrête à un belvédère qui permet d’admirer la belle plage de Moorea.


Nous retrouvons notre annexe, bien fatigués, mais rien de tel qu’une petite plongée pour se délasser (et j’ai toujours pas vu de raies, non mais!)
Le site de plongée du mouillage est magnifique, et très différent de ceux que nous avions pu voir jusqu’à présent: il s’agit d’un chenal entre deux massifs de coraux, dont un qui descend à pic jusqu’à 10 mètres, donnant l’impression de survoler des immeubles de 15 étages, avec des superpositions fabuleuses de bancs de poissons multicolores. Je croise une murène gigantesque, énormément de zancles (photos), mais pas de tortue, ni de raie…

En remontant à la surface pour m’orienter par rapport au bateau, j’en vois soudain une qui saute à une trentaine de mètres de moi! Je m’engage dans la passe qui me sépare du bateau, quand soudain, très loin devant, une ombre se détache du bleu profond, une silhouette gracieuse… je bats des palmes, je m’en approche, et en fait il y a deux silhouettes, non trois, quatre… je suis au septième ciel: je me retrouve à voler au milieu d’un banc de raies léopards. En face de nous un mur de sable approche, le fond remonte à 3m, et les raies s’amusent à le suivre puis à repartir vers les profondeurs, proposant un ballet aquatique merveilleux. Je reste avec elles un bon quart d’heure, puis elles se séparent, j’en suis deux un moment puis elles repartent vers les profondeurs…


Sur le retour, je croise une autre raie, armée selon mon guide des récifs coralliens, qui n’a pas du tout la même manière de nager: elle est plutôt du genre à raser le fond, en s’arrêtant de temps de temps pour souffler sur le sable et en faire remonter de la nourriture. Elle croise une copine, et je n’ai pas l’air de les déranger, je reste un peu pour papoter.
Ok, y’a des raies à Moorea.