Moorea

Marcher, nager, voler

Cela fait 3 jours que nous sommes à Moorea, et nous avons bien failli rentrer à Tahiti: beaucoup de vent, plein de vagues dans le mouillage (on ne voit même pas le fond de l’eau depuis le bateau c’est scandaleux), et même de la pluie! Et pas une seule petite raie de rien du tout. Certes, un beau requin sous la coque, mais c’est pas pareil.
Je suis donc en train de rédiger une lettre de réclamation à l’office de tourisme de Moorea, quand au 3ème jour, le vent tourne: l’île se dévoile enfin sous ses plus belles couleurs.
Nous avions planifié une (petite) randonnée jusqu’au col de Vaiare; nous retrouvons des chaussettes au fond des valises, enfilons nos chaussures de marche, et nous voilà parti au fin fond de la forêt vierge – ou presque. L’ascension jusqu’au col est rude, 300 mètres d’une traite avec l’humidité ambiante, Cécilie est toute étonnée de sentir de l’eau couler dans son dos… Avec un petit raidillon pour la fin ( un raccourci entre deux lacets…), nous arrivons bien rouges au col, et la vue finit de nous couper le souffle: nous sommes au bord d’un énorme cirque, qui encadre des baies sublimes, à l’ombre de plusieurs pics majestueux.


Nous avons envie de poursuivre la balade en rejoignant le village de Pao-pao (contrairement au col, haha), avec deux options: le chemin direct, qui descend vite, ou le chemin qui fait le tour du cirque, qui descend doucement. Lequel avons-nous pris?
Celui qui en fait ne descend pas vraiment, remonte plutôt, et que nous mettons 4 heures à couvrir au lieu des 2 heures initiales…. mais qui est magnifique. Nous marchons sous la canopée tropicale, entourés de feuilles gigantesques et de branches torturées, de châtaigniers aux troncs en étoile, avec de temps en temps des fenêtres qui s’ouvrent dans la végétation et découvrent des vues sublimes…

Nous nous faisons rattraper par un jeune Polynésien, qui fait la même promenade en tongs et avec son énorme enceinte en bandoulière (ce qui nous a permis de l’entendre venir 10 minutes avant de le voir), un peu étonné de nous trouver là, mais qui nous accompagne une bonne heure (il avait baissé la musique), se transformant en guide botanique et culinaire. Il finit par nous semer, les petites jambes des filles commençant à fatiguer; bizarrement, le chemin semble « plus long que prévu », mais nous finissons par atteindre un splendide belvédère qui donne sur les deux grandes baies du nord de l’île.

Nous entamons la descente vers le village, avec une partie un peu rude le long d’une petite route, et c’est la récompense: un snack au bord de la baie de Cook, bien ventée, avec des noix de coco toutes fraîches!
Pour le retour, nous avions tablé sur le bus qui ramène à la gare maritime, mais au bout d’une demi-heure à l’arrêt (il n’y a pas d’horaires), nous tentons l’option stop, à la grande curiosité de Cécilie, qui propose plutôt de se mettre au milieu de la route en levant les mains, « ce sera plus efficace pour arrêter les voitures »… Elle lève le pouce avec moi, et au bout de 10mn un gentil Polynésien nous embarque! Très sympa, il propose même de nous arrêter à la supérette pour faire des courses (on lui a assuré qu’on avait tout ce qu’il fallait), puis il s’arrête à un belvédère qui permet d’admirer la belle plage de Moorea.


Nous retrouvons notre annexe, bien fatigués, mais rien de tel qu’une petite plongée pour se délasser (et j’ai toujours pas vu de raies, non mais!)
Le site de plongée du mouillage est magnifique, et très différent de ceux que nous avions pu voir jusqu’à présent: il s’agit d’un chenal entre deux massifs de coraux, dont un qui descend à pic jusqu’à 10 mètres, donnant l’impression de survoler des immeubles de 15 étages, avec des superpositions fabuleuses de bancs de poissons multicolores. Je croise une murène gigantesque, énormément de zancles (photos), mais pas de tortue, ni de raie…

En remontant à la surface pour m’orienter par rapport au bateau, j’en vois soudain une qui saute à une trentaine de mètres de moi! Je m’engage dans la passe qui me sépare du bateau, quand soudain, très loin devant, une ombre se détache du bleu profond, une silhouette gracieuse… je bats des palmes, je m’en approche, et en fait il y a deux silhouettes, non trois, quatre… je suis au septième ciel: je me retrouve à voler au milieu d’un banc de raies léopards. En face de nous un mur de sable approche, le fond remonte à 3m, et les raies s’amusent à le suivre puis à repartir vers les profondeurs, proposant un ballet aquatique merveilleux. Je reste avec elles un bon quart d’heure, puis elles se séparent, j’en suis deux un moment puis elles repartent vers les profondeurs…


Sur le retour, je croise une autre raie, armée selon mon guide des récifs coralliens, qui n’a pas du tout la même manière de nager: elle est plutôt du genre à raser le fond, en s’arrêtant de temps de temps pour souffler sur le sable et en faire remonter de la nourriture. Elle croise une copine, et je n’ai pas l’air de les déranger, je reste un peu pour papoter.
Ok, y’a des raies à Moorea.