Le blog de notre année sabbatique en famille sur un voilier en Polynésie

Maupiti

Maupiti, montagne et majestés

Nous continuons notre séjour idyllique sur cette petit île retirée (la vidéo du post précédent a été chargée, vous pouvez la voir ici). Nous avons changé de mouillage, et sommes maintenant en face du village Vaeia: une seule rue, qui fait le tour de l’île; la mairie est à côté de la poste, en face de la petite halle, sous laquelle des mamies vendent des petits plats et quelques fruits et légumes. On achète notre première pastèque du voyage, et des concombres en tas (500frs, pas chers!); pas de superette, mais des épiceries situées dans les annexes de maison de particuliers: pratiques, elles sont ouvertes quasiment toute la journée, et quand il n’y pas de client l’épicier se met sur sa terrasse ou dans son hamac. Terrible la vie à Maupiti… Les gens circulent beaucoup à vélo, ou en scooter – véhicule familial comme chacun le sait – nous ne sommes donc pas gênés par les embouteillages lors de nos déambulations…
Nous entreprenons (enfin) LA randonnée de Maupiti, un chemin qui mène jusqu’au sommet de l’île: le mont Teurafaatiu, culminant à 380m. « Peuh, c’est tout? » me direz-vous. Oui mais: déjà, on part de 0m; ensuite il y a 30°C (au moins); et surtout, ils n’ont pas l’air de connaître le principe des sentiers en lacets: c’est tout droit! Le Lonely Planet met d’ailleurs en garde: « certains passages relèvent plus de la varappe que de la randonnée (…) en fin de parcours il faut progresser sur des rochers escarpés pour accéder à la crête puis au sommet (…) soyez vigilant ».

Donc: les points de vue sont superbes, effectivement à couper le souffle (en même temps il est déjà bien court pendant la montée…), et plus on monte et plus on est ébahi par les couleurs du lagon et des motus. Ça grimpe sec, mais on croise une maman avec ses deux ados qui nous confie qu’elle n’est venue à Maupiti que pour cette balade, on serre les dents, ça va être beau! Plusieurs passages vraiment raides ont été équipés de cordes, que Cécilie essaie vainement d’utiliser, mais en vrais petits cabris les filles escaladent tranquillement les rochers sans aide, à la grande fierté de leur papa!


Le panorama au sommet est merveilleux. Le lagon que nous découvrons de l’autre côté fourmille de coraux, et propose un patchwork de verts, de jaunes et de turquoises que l’on ne peut que deviner depuis la mer. Notre émerveillement vaut bien tous les vertiges dépassés…


A peine fatigués, nous cherchons le chemin qui redescend par l’autre versant, en trouvons un extrêmement bien balisé (une marque tous les 5 mètres, ça change de celui de l’aller…), que nous empruntons de bon cœur. Il suit la crête, mais ne redescend pas exactement comme prévu, puisqu’il reste finalement sur le même versant; Vincent a confiance qu’il nous mènera jusqu’en bas. Si ce n’est pas le cas, je me promets de traquer le petit plaisantin qui trouverait bon de leurrer les touristes sans méfiance…
Le sentier est magnifique, mais très vertigineux: nous sommes sans cesse sur la crête, qui parfois ne propose que 2 mètres de largeur: Vincent franchit ces passages devant, en tenant les deux filles fermement… Mais elles ont hérité du pied montagnard de leur papa, qui jamais ne tremble ni ne glisse! Contrairement à mes mains quand je regarde le reste du chemin à parcourir, qui semble descendre là encore d’une traite (les virages, c’est cool quand même, vraiment!), donc les images de la vidéo ont toutes été prises à des moments où j’arrivais à respirer calmement …
Lors d’une pause sous un manguier, en plus de nous proposer toute la palette des bleus, le panorama nous offre un fabuleux cadeau: des baleines s’ébattent juste de l’autre côté de la barrière de corail… Elles sautent et font des éclaboussures visibles depuis nos hauteurs, nous crions de joie à chaque sortie de ces mastodontes marins!
Rien de tel pour retrouver de l’énergie, et nous finissons sans problème la dernière partie du chemin, assez difficile car pas très stabilisée, de nombreuses pierres roulent sous nos pas. Nous arrivons sains et saufs à 500 mètres du chemin de départ, bien contents de nous!
Nous nous arrêtons prendre une glace chez l’épicier qui nous avait renseigné sur le départ de la randonnée la veille: il ne connait pas l’existence du 2ème sentier (très récent donc), et est épaté par la blondeur d’Agathe et la vaillance des filles, les qualifiant de « vikings intrépides »! Ça tombe bien, elles sont toujours en plein dans les films « Dragons », rien ne peut leur faire plus plaisir…


Nous avons fait la connaissance de notre nouveau voisin: Alaia, avec à son bord Alain et Myriam, qui sont en Polynésie depuis 18 mois, et rentrent en France début décembre (leur blog). Ils nous donnent quelques tuyaux pour les Tuamotus, et nous redisent bien la chance que nous avons d’avoir pu accéder à Maupiti aussi facilement!
Myriam nous conseille vivement de nous rendre au « palais de la mer »: nous avions effectivement aperçu depuis le lagon un petit édifice qui nous avait fait penser au palais du facteur Cheval, version polynésienne: en corail et en coquillage.


Nous nous y rendons pour la visite de l’après-midi, et ne sommes pas déçus: l’artiste, Ahky Firuu, propose un show de presque 3 heures à ses visiteurs sous le charme: histoires, légendes, chansons, jeux de mots, il nous présente sa maison qu’il embellit depuis 25 ans à l’aide de coquilles de bénitiers et de sept doigts (c’est le nom d’un coquillage, par ceux de ses mains, il en a bien 10…), qu’il enserre dans du béton et transforme en créatures marines et fantastiques. Il se nomme Prince de la mer, et propose à travers son œuvre une fusion entre la nature et l’artiste, entre la mer et le ciel, la lumière et les étoiles. Il nous confectionne des chapeaux de palme, exhibe un crabe des cocotiers très impressionnant, nous offre un alcool de coco qu’il a distillé lui-même, puis des bières Hinano bien fraîches. Nous découvrons le « cerveau » de la noix de coco, une sorte de mousse qui apparaît plusieurs semaines après que la noix de coco est tombée de son arbre, au goût amer mais à la texture intéressante. Ahky a un petit vivier devant sa maison, duquel il sort plusieurs coquillages vivants: un 7 doigts à qui il chante une ballade pour le faire sortir de sa coquille, et une porcelaine qui fait ventouse dans les mains des touristes. Enfin, le clou du spectacle: le poisson-pierre! Notre hôte l’a apprivoisé, le manipule depuis 4 ans, et nous montre fièrement que lorsque le poisson-pierre est en confiance, il n’est pas du tout la bête mortelle chassée sans pitié en Polynésie… Même si sa piqure ne laisse que peu de chance de survie, à ne surtout pas approcher dans la vraie vie… Les filles sont épatées, en plus il y avait des chatons gris tout mignons, elles sont reparties avec des bracelets et des colliers de coquillage, un bel après-midi!


L’île de Maupiti nous permet donc de belles excursions à terre, contrebalançant des fonds marins un peu décevants car très argileux, avec toujours une visibilité réduite. Nous devrions en repartir en fin de semaine, une fenêtre avec un vent d’ouest est annoncée, assez rare pour ne pas la louper! A l’est donc, soit directement les Tuamotus, soit une étape par Huahine… On verra où le vent nous porte!

La visite du Palais de la mer
Maupiti

A l’ouest!

Que faire, que voir, que raconter après cette baleine… J’avoue avoir été K.O quelques jours après cette rencontre merveilleuse… Plus envie de plonger, comme rassasiée, trop pleine d’images et d’émotions trop fortes… Alors on a fait d’autres choses: un petit tour à Vaitape, la ville de Bora, pour faire le plein de fruits; un peu d’école; un peu de lecture; Vincent et les filles sont sortis du lagon pour rencontrer un requin-citron, mais j’ai décliné l’invitation, pas encore complètement remise…
Puis nous partons: le vent continue de baisser, et si ça continue nous irons à Maupiti au moteur, un comble après les semaines de vent que nous avons essuyées! Maupiti est la dernière grande île habitée de la Polynésie Française, la plus à l’ouest, la plus sauvage, la plus belle nous a-t-on dit… Et elle se mérite: on y accède par une unique passe, inhospitalière voire très dangereuse selon les conditions… Lotus nous a raconté l’histoire d’un monocoque obligé de renoncer après 1h de lutte contre le courant; celle d’amis qui étaient partis de nuit de Bora pour être certains d’être aux aurores à la passe… Tout cela nous faisait froid dans le dos. Un couple qui tient une pension sur le bord de cette Charybde ( ou c’est Scylla, je ne sais jamais…), anciens marins, donne des conseils par téléphone aux nouveaux arrivants. Je les appelle vendredi, la voix chevrotante: « la passe va-t-elle bien? »; Camille me répond en riant qu’elle ne peut pas prédire son état de demain, mais que vu le vent (entre 8 et 10 noeuds) et la houle (moins d’un mètre), ça devrait passer. Ça devrait. Ça ne nous fait pas rire.
Nous choisissons finalement d’appareiller dimanche; mais la veille au soir, en re-re-re-re-regardant la météo, nous voyons la carte couverte de grains et d’orage… Malheur, Maupiti est-elle maudite?
Nous partons tout de même aux aurores, comptant sur une traversée de 6h, l’arrivée prévue à midi avec peu de houle annoncée devrait permettre un passage assez tranquille – surtout, le vent chute considérablement en début d’après-midi.
Nous quittons Bora sur des images magnifiques, le pic à moitié voilé par les nuages du premier grain de la journée, le soleil levant filtrant à travers les nuées… Maupiti est droit devant, encore endormie dans le lointain, un peu masquée par les brumes matinales, les oiseaux survolent une mer d’huile, des baleines soufflent au loin, on pense à mettre les voiles – BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIPPPPPPPPPPPPP!!!!!!!!!! Ou plutôt: un bruit strident nous tire de nos rêveries: quoi quoi qu’est-ce qui se passe???
C’est le moteur tribord de Fakarever qui nous dit qu’il y a de l’eau dans le Saildrive (là je laisse Vincent expliquer ce que c’est que le saildrive: « c’est la partie qui transmet les efforts du moteur à l’hélice: principalement immergée donc. Les roulements et pignons doivent baigner dans l’huile et toute eau salée source de corrosion de frottements n’est pas du tout la bienvenue! »). Bien bien. C’est grave docteur? Vincent coupe tout, sort le manuel, ouvre les capots, vérifie l’huile, check sur internet , « y’a pas de mayonnaise » (??? si tu le dis, on a de la moutarde si tu veux), « c’est sûrement une fausse alerte. » Oui, mais si c’en n’est pas une? On va vers Raiatea plutôt, pour faire vérifier ? Oui, non? Sûr sûr??
Nous repartons, le BIIIIIPPP tente encore deux fois de communiquer le temps que l’on lance le spi, puis se tait définitivement: on est à la voile direction Maupiti !

Interlude technique: une fois arrivé, Dominique ( spécialiste Yanmar qui nous avait fait la maintenance des 1000h) nous a guidé pour vérifier tout ça: c’était bien une fausse alerte. Il y a en réalité une double membrane, le capteur est entre les deux afin de prévenir en amont dès le passage de l’eau à travers la première membrane et avant que l’huile se transforme en mayonnaise (eau + huile => viscosité de mayonnaise). Pas d’eau entre ces 2 membranes. Un nettoyage de l’ensemble paraît avoir eu raison de cette fausse alerte.

Un grain devant, un derrière, un sur le côté: l’intérêt, c’est qu’on a du vent! On avance bien, Vincent fait ses réglages au poil. Il y a même un poisson qui mord à l’hameçon de sa canne à pêche, mais, tellement on va vite, il en casse le fil (il était vieux, il avait cuit au soleil… (le fil, pas le poisson)).
Malheureusement les grains s’éclipsent (sans même nous avoir mouillés), et le vent avec lui: c’est rapidement le calme plat. Le spi ne se gonfle plus, on tente le génois sans plus de succès, on lance le moteur pour la dernière heure…
Nous déjeunons, puis nous préparons à affronter la passe… Tout est rangé à l’intérieur du bateau, les placards sont fermés, les assiettes sanglées, les filles briefées – ça va secouer, on vous aime!!-, et nous y voilà: Vincent me montre les grosses vagues sur lesquelles il va falloir surfer… ah non, ça c’est la barrière de corail, la passe est à côté… ah, c’est tout plat… oui mais le courant c’est traitre, on fait ronronner les deux moteurs… ah tiens, ça avance tout seul… oh dis donc, ça y est on est dans le lagon… « Papa, c’est quand que ça secoue?? il se passe rien là!! », euh, oui effectivement on a eu au maximum 1 noeud de courant à contresens et aucune vague…
Pas si terrible cette passe finalement… Much ado about nothing?

la fameuse passe

Le lagon par contre est magnifique: aussi beau que celui de Bora, mais plus confidentiel, avec quelques pensions sur les motus, des fonds superbes, des bleus incroyables; on devrait être bien!
Nous mouillons sur un immense plateau de sable, avec 30 cm d’eau sous les coques, mais on est large!

Quelques bateaux de charter viennent mouiller pas loin de nous, mais ils ne restent pas: ils profitent que la passe soit praticable pour profiter une journée, voire 24h de Maupiti, puis s’en repartent à Bora et Tahaa. Nous faisons connaissance avec un magnifique Leopard 48, Léo, propriété de Pierre et Caroline, qui connaissent bien la Polynésie y ayant séjourné à plusieurs reprises. Nous goûtons ensemble le rhum arrangé Passion acquis à la rhumerie de Tahaa, et Pierre me raconte sa prochaine pièce de théâtre qui sera mise en scène au théâtre du Rond-Point… On se reverra en métropole!
Pas loin du mouillage se trouve une aire de nettoyage pour raies manta; nous y faisons un saut dès le premier matin, et ne sommes pas déçus: cinq magnifiques mantas se prélassent au fond de l’eau, en faisant des ronds et des spirales élégantes. La visibilité n’est pas terrible, mais c’est la première rencontre pour les filles, qui sont ravies!


Nous nous promenons sur le motu Pitihahei, pour nous approcher de la barrière de corail – un chien nous accompagne durant toute la balade; nous nous rendons à la pointe Tereia pour profiter de la plage et ramasser des coquillages; nous nageons dans l’énorme piscine qui entoure le bateau; les filles ont leur première leçon de conduite d’annexe; nous admirons les couchers de soleil fabuleux; nous guettons les raies pastenagues et léopards qui tournent autour de notre mouillage; nous devons d’ailleurs en changer – de mouillage – depuis deux jours, pour nous rapprocher du village, mais bizarrement, je suis bien moi là….

On bouge demain, il paraît qu’il y a une magnifique randonnée à faire, il va falloir partir à la recherche de nos chaussettes…

Bora Bora

Plongée concert à Bora

On les a vues… de près… de tout près… qui donc? Les baleines…
Car il y a des baleines en Polynésie, pas longtemps: entre août et novembre, elles viennent profiter des eaux chaudes pour se reproduire, ou accoucher! Elles repartent ensuite dans le Sud… Sauf que cette année, elles n’étaient pas encore arrivées, elles se sont fait attendre, les premières ont été aperçues début septembre. Nous en avions aperçu autour de Moorea, puis lors de notre traversée de Huahine: un souffle d’air par-ci, un aileron par là, des présences discrètes qui nous font tressaillir puis bondir sur nos pieds à chaque fois: « une baleine!! Là, là!! ».
Des clubs de plongée proposaient à Tahiti des sorties pour les approcher, et même pour nager avec elles. Nos chemins n’avaient pas pu alors se croiser, mais nous avions déjà tant d’autres choses à découvrir…
Vincent est tombé la semaine dernière lors de la lecture d’un blog de voyageurs suisses sur les coordonnées de Simon, qui propose des sorties à Bora Bora. Pourquoi pas? Nous avons le temps, et si elles sont encore là, profitons-en!
Le rendez-vous est pris, les filles peuvent venir aussi; ce devait être hier, mais finalement décalée à aujourd’hui, la sortie tant espérée, fantasmée, rêvée (au moins pendant deux nuits cette semaine) commence! Sous des augures variés: en plongeant ce matin dans notre nouveau mouillage trop chouette j’ai croisé 3 raies-manta = bon augure; mais quand j’ai voulu replonger un peu plus tard mon appareil photo a pris l’eau = mauvais augure… Mais nous avons notre Go Pro, qui a le temps de charger avant de partir = bon augure… La pythie aurait été plus claire.
J’ai beaucoup préparé les filles pour cette sortie, car il semblerait que les conditions d’approche puissent être compliquées: le bateau à moteur n’a pas le droit d’approcher à moins de 100m du cétacé, nous sommes en haute mer donc il peut y avoir de la houle, et il ne faut pas faire d’éclaboussure en palmant car cela effraie ces grandes bêtes. Les filles sont à fond, parées pour la rencontre!
Nous partageons cette sortie avec un jeune couple américain en anniversaire de mariage, et trois slovènes qui sont dans un monocoque ancré juste à côté de nous; nous sortons par la passe vers l’océan, et les conditions sont idéales: peu de vent, mer très calme, peu de houle.
Et très très vite: une souffle! Deux autres plus loin! Simon met en route son hydrophone qui retransmet le chant de la baleine. Au début on n’y croit pas: ça doit être une bande son qu’il met pour les touristes… Le son est riche, puissant, fait vibrer le bateau dans les graves, nous agresse dans les aigus: c’est vraiment le chant d’une baleine?
Il y a un mâle qui chante depuis trois jours à cet endroit – d’ailleurs seuls les mâles chantent, pour attirer une toute belle (l’inverse de nos sirènes en sorte) -et d’après Simon pas trop farouche: on s’arrête là!
Les instructions pour la mise à l’eau et l’approche: on se glisse dans l’eau (pas de gros plouf), on attend que Simon soit près de la baleine, puis on le rejoint en marche arrière: Tehiva, qui assiste Simon dans la conduite du bateau, nous donne la direction. Cela évite de palmer à la surface, et c’est aussi moins fatigant – 100 mètres à faire dans les vagues, ça fait un bout. Les filles sont dans nos bras, leur coeur bat à toute allure, on y est presque…
L’eau est profonde, pleine de plancton, on ne voit pas grande chose… mais on entend. On vibre. On en prend plein les oreilles: ça craque, ça gargarise, ça cliquète, ça siffle, ça grince, ça assourdit, ça enchante… Nous sommes captivés par cette grosse masse qui se détache petit à petit du fond, queue en l’air, nez en bas, et qui s’en donne à coeur joie. Simon nous fait signe de rester bien groupés autour de lui, nous fait nous décaler… et la grosse masse remonte… Ce n’est pas une grosse masse: c’est gigantesque, formidable, merveilleux, gracieux: il s’est tut, mais nous continuons de frissonner en le regardant s’avancer vers nous, doucement, avec bienveillance. Il nous regarde, nous le regardons, minute bénie et hors du temps, puis il souffle, une fois, deux fois, se détourne, et redescend dans les profondeurs continuer son récital.

La première rencontre me laisse sans voix: je suis submergée par l’émotion, puis, après quelques secondes, je me joints aux cris de joie du groupe. Les filles n’en reviennent pas, elles n’ont pas eu peur, un peu impressionnées, mais complètement sous le charme…
L’après-midi passe vite, la baleine nous fait la grâce de venir nous voir à trois reprises, toutes aussi folles les unes que les autres, puis nous l’abandonnons à ses sérénades. Deux baleines semblent être à l’écoute à quelques kilomètres de là, sautant régulièrement lorsque le mâle remonte; nous les observons de loin, les laissant à leur ballet amoureux.

En rentrant dans la passe, la belle surprise: des dauphins accompagnent notre bateau! Nous sommes à quelques mètres d’eux, puis ils nous gratifient de sauts prodigieux! Triple vrille pour l’un, et saut de plusieurs mètres pour l’autre, même Simon n’avait jamais vu ça…


Nous rentrons au bateau fourbus mais ravis, toutes les attentes qui entouraient cette sortie ont été comblées, et largement dépassées…
Nous invitons les Slovènes pour un apéro bien mérité, afin d’échanger nos impressions, nos photos et nos expériences! Ils nous apportent même un très bon Pinot noir néo-zélandais, exactement ce qu’il nous fallait pour clôturer cette journée complètement folle…

Voici la vidéo de cette sortie, à laquelle je n’ai pas ajouté de musique: j’ai laissé les silences, pour mieux entendre le chant…

Bora Bora

Bora Bora: un paradis?

Bon, réglons ça tout de suite: oui, la lagune de Bora est magnifique, bleu turquoise, le sommet en plein milieu de l’île est splendide et permet des photos incroyables, l’eau est transparente, il y a des beaux poissons… ça pourrait s’apparenter à une idée du paradis, tant vanté sur les magazines et les affiches dans les agences de voyage.

Mais… L’enfer, c’est les autres? Les autres touristes, sans aucun doute. Serait-ce de l’égoïsme que de vouloir garder tout ça pour nous? Certainement. On prend de mauvaises habitudes dans nos mouillages isolés? Peut-être bien…
Retour un peu brutal à la civilisation: les grands hôtels sur pilotis tout autour du lagon impliquent une valse de petits bateaux à moteur, menant leurs passagers aux différents spots de plongée, à terre, sur les motus; les jet-skis s’en donnent à cœur joie, et il y a même un hélicoptère qui fait des rotations en partant des différentes plages des hôtels. Rien de bien méchant en sorte, si ce n’est du bruit et des vagues… et nous ne sommes pas en pleine saison. Comment ça on est des vieux loups de mer râleurs?
C’est vrai que le touriste est roi à Bora, mais à condition qu’il paie: l’arrêté 2442 régissant les mouillages à Bora Bora interdit de mouiller en dehors de certaines zones prédéfinies (jusque là, pourquoi pas). Mais ces zones sont gérées par une compagnie de bouées “Bora Bora Moorings Services” (sans site web) qui, sous couvert de « meilleure gestion du lagon», impose aux bateaux la location de ces bouées (à tarif Bora Bora-esque: 30$ la nuit, 50$ les 3 et 100$ la semaine), en leur interdisant de jeter l’ancre dans ces zones (« On empiète sur le cercle d’évitement »)… alors que certaines sont peu profondes, sablées, donc sans danger pour les coraux – contrairement à la crème solaire dont se tartinent les touristes en plongée…
Bref. Rien de bien grave dans notre microcosme de privilégiés :o)! Mais on avait perdu l’habitude de ne pas faire ce qu’on veut quand on veut et de ne pas avoir à décider à l’avance le nombre de nuits exactes que l’on va passer à un endroit…

Nous avons tout d’abord mouillé au SE de l’île, près du motu Fanfan: nous sommes presque seuls samedi en fin d’après-midi, mais vite rejoints par quelques catamarans de location en provenance de Raiatea. Nous faisons une plongée en dérivante (nous nous laissons portés par le courant avec l’annexe accrochée autour de Vincent) près de la barrière de corail, où nous croisons de très nombreux requins pointes noires, des raies pastenagues, et des petits poissons à deux selles mêlant leurs couleurs vives aux nuances de gris de leurs grands cousins. Le jardin de corail, près du Motu Piti uu Uta, est très joli, nous y croisons de beaux bancs de poissons, ainsi que deux poissons pierres impressionnants (leur piqûre peut être mortelle et en tout cas très douloureuse; on ne s’est pas trop approché).

La plongée en dérivante et le jardin de corail

Nous profitons également de l’immense plage du motu pour tester les raquettes de Beach Ball offertes par Lotus! Les filles ramassent des coquillages, s’ébattent dans les 50 cm d’eau qui s’étalent sur plusieurs dizaines de mètres, un bel après-midi!


Le gestionnaire du parc des bouées nous ayant dit que l’arrêté n’était en fait pas encore en vigueur (mais ses tarifs tout à fait appliqués), nous changeons de mouillage lundi pour nous mettre du côté du Lagoonarium, entre le Méridien et Le Saint Régis Resort. Pas de bouée ici, donc essentiellement des voisins en monocoques qui ont moins la bougeotte.

Nous testons le spot de plongée Anau, au milieu du lagon, qui accueille régulièrement des raies manta; elles n’y sont pas, mais les coraux en revanche nous éblouissent: les massifs sont gigantesques, et descendent jusque dans le tombant, duquel remontent des nuées de poissons scintillants et colorés. Lors de notre première balade nous apercevons une tortue qui s’enfuit à tire de nageoires, mais le lendemain, la chance nous sourit: nous remontons sur l’annexe après une jolie randonnée au milieu des massifs corallien, quand j’aperçois des mouvements d’eau à une trentaine de mètres de nous, au milieu des algues, là où le corail affleure. Vincent m’encourage à me remettre à l’eau, et je palme sans grande conviction dans 50 cm d’eau, rentrant le ventre et serrant les dents. Lorsque je parviens à une eau un peu plus profonde, je vois le bout d’une queue disparaître derrière une patate. C’était donc une tortue… Je continue jusqu’à l’endroit où elle s’est volatilisée, guettant les collines devant moi, admirant une dernière fois toutes les nuances de jaunes et de bleu, puis je fais demi-tour. Et qui est là, m’observant depuis 5 minutes? La tortue, cachée sous un surplomb de corail. Je m’approche doucement, elle continue de me scruter du coin de l’oeil; je commence ma séance photo, elle ne bronche pas. Je tente des signaux vers l’annexe pour communiquer la trouvaille (comment on fait un R avec les mains déjà…), et retourne dans ma contemplation reptilienne. Sous son regard de sphinx, je finis par m’en aller, rencontre Vincent en chemin, le ramène (en hésitant sur le chemin à suivre, c’était à gauche de cette patate? ou de l’autre?), et elle était toujours là, très zen. Finalement convaincue qu’on ne la transformerait pas en soupe, elle sort de son antre et volète de place en place, tantôt marchant sur les polypes, tantôt planant délicatement, nous gardant toujours à l’oeil. Une danse se met à place doucement, la confiance s’installe, et nous nageons de conserve un bon quart d’heure. Elle finit par reprendre sa respiration, puis plonge plus profondément vers le tombant; nous la laissons, reconnaissants de cette belle rencontre.
J’avais promis que je consacrerai une vidéo aux tortues, la voilà ^^!

Plongée à Anau


Nous nous rendons aujourd’hui dans un nouveau mouillage, au SO de l’île, derrière le motu Toopua; Vincent a la bonne idée de couper les moteurs pour la remontée du lagon, nous profitons donc tranquillement de toutes ses nuances de bleu, des profils du mont Otemanu, et des navettes et voiliers charter qui nous doublent à toute vitesse, zut je recommence à râler :o) …
Nous nous arrêtons près de Vaitape, la grande ville de l’île, pour une pause ravitaillement: en diesel et essence tout d’abord (station Total un peu au nord de Vaitape qui accepte la detaxe gasoil), puis un petit tour au super U (pas loin et avec de quoi s’amarrer juste en face) pour faire le plein de poissons, de farine, d’œufs, de fruits, de légumes… nous n’avons pas mangé toutes les courses de début septembre, mais comme nous envisageons de partir directement aux Tuamotus pour plusieurs mois, nous prenons nos précautions! A quoi nous servirait d’être dans les plus beaux atolls du monde si nous n’avons plus de quoi faire des gâteaux au chocolat ^^?

Nous prenons une bouée dans le nouveau mouillage, derrière le motu Toopua, et là: on est bien…. on retrouve les grands espaces, un seul hôtel à l’horizon… et pas de jet-ski… l’impression de retrouver notre paradis perdu…

Raiatea

De Raiatea à Bora

Non seulement nous avons mieux dormi dans notre nouveau mouillage, dans la baie de Vaiaeho, mais nous nous y sommes sentis tellement bien que nous sommes restés une bonne semaine ancrés là, sous le point culminant de Raiatea, le mont Tefatua (1017 m d’altitude)… Une gigantesque falaise percée de cascades, pas besoin de chercher bien loin: on a retrouvé notre Chartreuse protectrice…


Les fonds coralliens sont magnifiques, avec quelques tortues et raies léopards, une eau bien chaude, la mer est calme malgré le vent qui s’enfile par une trouée du massif montagneux, que demander de plus?
Une course de va’a! Nous sommes aux premières loges (ils passent à 30 cm du bateau) pour admirer et encourager les rameurs de V6, des va’a 6 places, qui se préparent lors de cette épreuve à la fameuse course Hawaiki Nui, qui aura lieu début novembre, entre Huahine et Bora Bora!
Le temps se gâte ensuite, avec beaucoup de pluie, transformant notre lagon bleu turquoise en eaux troubles et boueuses. Ces intempéries nous permettent d’avancer dans le programme scolaire, en faisant de longues sessions d’école le matin, de lire, de jouer aux Playmobils, de nous reposer et de décompresser! Ces deux premiers mois en Polynésie ont été riches en émotions et en expériences variées, cela nous fait un bien fou de ne rien faire!

Vincent (n’ayant rien à réparer edit: ayant fini de réparer l’impeller des toilettes électriques ) se métamorphose en boulanger, et fait ses premières expériences de pain maison: c’est testé et approuvé par les filles! (recette adaptée de Lotus en fin d’article)

J’en profite pour faire des essais de transformation de nacres: ça fait plein de bruits et ça met de la poussière partout, mais c’est très satisfaisant ^^!

Nous attendons une météo plus clémente pour nous rendre sur Bora; lorsque le soleil repointe le bout de son nez nous enchaînons les lessives, profitant du vent constant pour tout sécher rapidement (draps secs en 1h, qui dit mieux ?). Nous testons le restaurant de l’hôtel Fare Vai Nui, qui partage notre baie, et sommes très bien reçus par le patron et sa cheffe patissière! Nous nous régalons de poissons et de desserts maisons; les filles jouent sur le ponton avec les enfants d’une famille Polynésienne venue fêter l’anniversaire d’un grand gaillard, et pendant que Cécilie se fait offrir un bout de gâteau au chocolat par le benjamin de la famille, Agathe échange avec la cadette sur la possibilité de faire le tour du monde en bateau en 80 jours…

petit tour en paddle jusqu’au motu


Nous pensons décoller de la baie jeudi, mais finalement restons une journée de plus: les éclairages ne fonctionnent plus dans la chambre d’Agathe, SuperVincent s’insère dans le circuit électrique du bateau et trouve la panne! (cosse mangée par le sel en fond de cale, 4h pour trouver!) Mieux encore, il la répare… Toujours aussi efficace, sa persévérance et son ingéniosité m’épatent à chaque fois…
Enfin, vendredi 11 octobre, nous levons l’ancre: beau temps, belle mer, ça devrait le faire.

Bora droit devant!

Sauf que… on n’avait pas vraiment bien regardé la distance entre Raiatea et Bora, le GPS nous annonce une arrivée au mouillage à 18h30… ça va pas le faire, c’est trop juste, on nous a prévenu qu’il y a des patates de corail à éviter dans le lagon de Bora, on a besoin d’un bonne visibilité. Nous quittons notre vent arrière bien confortable, sous spi, pour nous détourner vers Tahaa: nous visons le mouillage près de la rivière de corail, facile d’accès et pas trop loin de la passe. Le vent s’est entretemps levé, nous arrivons entre Tahaa et Raiatea où le vent s’engouffre assez violemment, nous devons changer d’allure: le spi est rangé, la grand’voile et le génois sortis. La houle est de travers, et une vague un peu plus forte fait tomber quelques assiettes dans le carré: petite panique chez les filles, pas encore habituées à ce type de navigation. Le vent forcit encore, nous posons un ris à la grand’voile, puis rentrons un peu de génois; encore des rafales, nous arrivons à la passe et rentrons le tout… Nous sommes encore bien secoués en remontant vers le mouillage, et nous ne sommes pas fâchés de jeter l’ancre! Le mouillage est assez remuant, la nuit s’annonce agitée…
Vendredi, réveil aux aurores: cette fois, on part tôt! Nous devons auparavant passer à terre pour acheter une nouvelle bouteille de gaz, l’ancienne s’est vidée au milieu de la cuisson du gâteau au chocolat de la veille, et nous réussissons à lever l’ancre à 8h30! Nous préparons le spi, mais finalement la traversée s’effectue uniquement au génois: le vent est établi entre 18 et 23 noeuds, avec des rafales jusqu’à 25 noeuds, nous faisons une moyenne de 5,5 noeuds, toujours en vent arrière. La houle est assez impressionnante, et nous sommes bien contents de l’avoir dans le dos, surtout quand nous croisons des bateaux qui reviennent de Bora Bora, au moteur et avec la houle dans le nez!
Nous atteignons la passe de Bora Bora vers 13h30, et c’est parti pour le tour du lagon! Encore 2h de navigation cette fois bien tranquille, au milieu de l’eau turquoise; à notre droite le mont Otemanu, et à notre gauche de magnifiques motus qui se succèdent. Nous longeons les hôtels sur pilotis qui font partie de la carte postale de Bora Bora, et jetons l’ancre à 15h30 au mouillage au sud-est du lagon: c’est splendide! La baignade qui suit est amplement méritée…
Le programme des jours à venir: plage, snorkeling en dérivante, jardin de corail, et, peut-être, des baleines…

la traversée!

Recette facile de pain rapide

Pain “mou” qui se conserve 2-3 jours

Ingrédients:
– 400gr de farine (de blé blanche T45, ça fonctionne très bien)
– 3 cuillère à café de levure du boulanger (ou un sachet)
– 1 cuillère à café de sucre roux
– 1 cuillère à soupe d’huile d’olive (pour un pain moins friable)
– 320ml d’eau: 250ml d’eau de mer + 70ml d’eau (ou à priori de lait, mais je n’ai pas encore essayé)

Préparation:
1) Dans un bol, ajouter la levure, le sucre et un peu d’eau tiède (idéalement 37°, pas plus de 40° sous peine de tuer les levures) et mélanger. Laisser gonfler pendant 5 à 10 min.
2) Dans un saladier: ajouter la farine, la levure une fois prête, l’huile et l’eau tiède peu à peu tout en battant. La pâte doit être homogène.
3) Verser dans un moule à cake. Mettre le tout dans le four éteint et laisser gonfler 2 heures (Lotus fait 30 min mais peut démarrer le four sans ouvrir la porte -sous peine de voir le pain se dégonfler-)
4) Cuire 40 min à feu doux (on le laisse même dans le four le temps que celui-ci refroidisse)