Le blog de notre année sabbatique en famille sur un voilier en Polynésie

Tikehau

Plongées à Tikehau

(Pour info, les vidéos des deux articles précédents ont été enfin publiées:
Balades à Tikehau et la grande traversée Tahaa-Tikehau )

Nous continuons notre formation en plongée sous-marine, et prenons petit à petit de l’assurance: l’appréhension de la première plongée a complètement disparu, le vidage de masque ne pose plus de problème, et nous apprenons lors de la 3ème plongée à utiliser le STAB- gilet que l’on gonfle et dégonfle en fonction de la profondeur souhaitée. Nous gagnons en mobilité et en stabilité, on s’épuise moins à palmer pour rester à la même profondeur, on découvre une sorte d’apesanteur: on flotte entre le fond et la surface comme un ballon d’hélium, nous laissant porter par le flux et le reflux des vagues de la surface, ou du courant de la passe.

Nous sommes accompagnés par une Américaine fan de plongée, en vacances toute seule en Polynésie pour 15 jours, et qui est du genre chanceuse: le requin-tigre, invisible depuis trois jours, vient faire un tour dans la passe jusque sous le bateau! J’étais en snorkeling à ce moment-là, Vincent a compris à mes grands gestes éperdus qu’il devait se mettre à l’eau; le requin n’a pas bronché en nous voyant, nous ignorant superbement, mais nous laissant prendre quelques plans et clichés… Lorsque l’Américaine remonte de sa plongée, aux anges d’avoir croisé le requin, des dauphins se manifestent à une trentaine de mètres du bateau, avec quelques vrilles impressionnantes. Nous partons pour notre leçon avec Vincent, et à notre retour, nous apprenons que les dauphins sont venus jouer autour du bateau, « I could nearly pat them!!! ». Il y a des gens avec qui il faut voyager…
Dernier jour de formation: nous faisons 2 plongées en palanquée (terme qui désigne la quantité de marchandise qui peut être portée en une seule fois par un palan, mais également un groupe de plongeurs sous-marins – je n’ai pas apporté mon Larousse historique de la langue française, faudra que je pense à faire une recherche en rentrant…) avec deux autres plongeurs plus confirmés, David et Sophie, qui ont laissé leur petite Marla au centre de plongée avec nos deux filles; entre parents indignes on se comprend …
Nos deux plongées durent 45 mn chacune, et cette fois plus d’exercices: de la balade et du plaisir pur. Nous descendons à 20 mètres, et re-re-redécouvrons cette passe que nous pensions connaître par cœur, mais qui semble changer d’aspect à chaque descente, en fonction de la lumière, de la transparence de l’eau, et des poissons! Qui nous offrent un festival de couleurs et de formes dès les premières minutes: des bancs gigantesques circulent au-dessus de nos têtes, nous encerclent, se défont et se reforment, on ne sait plus où regarder… Nous traversons au milieu de centaines de bécunes, pas effarouchées, qui nous regardent de leurs yeux vitreux; nous jetons un œil sous les corniches où se réfugient les rougets et les perches; nous nous laissons entraîner par le courant entrant de la passe, pour ressortir dans le lagon, complètement désorientés!

Pour notre dernière plongée, Ronald, notre moniteur, nous emmène au “trou aux requins”, à l’extérieur de la barrière et un peu plus loin de la passe: un tombant qui plonge à pic très profond, bordé de coraux en forme de choux-fleurs rosés, rouges et jaunes. Des milliers de rougets y sont accrochés, mur vivant aux yeux écarquillés; nous longeons cette falaise sous-marine, puis remontons petit à petit jusqu’à nous retrouver à quelques mètres de la surface, profitant de la lumière qui perce à travers les vagues pour explorer des petites vallées au milieu des champs de coraux. Le ressac nous berce et nous balance, sur le même rythme que les poissons qui se laissent aller le long du récif. Nous apercevons un petit requin pointe blanche, et une tortue passe en filant au-dessus de nos têtes. L’ambiance de cette plongée est très différente de la première, mais nous en sortons tout aussi émerveillés.

Nous avons hâte maintenant d’aller voir les fonds de Rangiroa et de Fakarava, même s’ils sont paraît-il moins poissonneux (mais plus « requin-neux »). En attendant de changer d’atoll, les filles profitent de leurs nouvelles copines, Lysandra et Laura, filles des propriétaires du club de plongée: baignades depuis le bateau, promenade sur les platiers, jeux, dessins et gâteaux au chocolat… ça va être dur de partir!

Vidéo des plongées
Tikehau

Balades à Tikehau

Et le soleil apparaît… il fait s’évaporer notre fatigue, scintiller les vagues, dorer le sable et colorer les coraux: il redonne vie aux îlots isolés qui ceinturent le gigantesque lagon de Tikehau, que nous n’osons pas encore traverser. Nous restons une bonne semaine à notre mouillage près de la passe, pour plusieurs raisons: la plus évidente, reprendre du poil de la bête. Puis, pour écouter de nouvelles histoires; celle de Timshel tout d’abord, notre voisin si accueillant à notre arrivée. Agnès et Claude sont partis, il y a 40 ans, de France avec leur monocoque et leurs deux jeunes enfants, avec des cartes et un sextant. Ils sont arrivés 3 ans plus tard aux Marquises, puis se sont installés à Tahiti, Claude a monté son chantier naval, a construit Timshel, avec lequel il a affronté le Cap Horn, est remonté jusqu’en Alaska, et profite d’une retraite bien méritée à Tikehau. Nos voisins connaissent l’atoll par cœur, y passant une bonne partie de l’année, et nous recommandent les mouillages en fonction du vent, nous informent du jour de passage de Dory, le bateau ravitailleur, des us et coutumes des habitants… Un trésor pour deux voyageurs un peu perdus dans ce nouvel environnement tout plat. Les Tuamotus, ce sont uniquement des atolls à fleur d’eau; nous cherchons vainement le relief au milieu du lagon, mais il a disparu depuis bien longtemps. C’est donc un chapelet d’îles qui s’égrainent le long de la barrière de corail, et qui se maintiennent grâce à la production de récif par le corail (et de sable par les poissons perroquets) ! La vie des îles du Pacifique… Une nouvelle île s’est crée il y a 15 jours dans l’archipel des Tonga, suite à une éruption volcanique: c’est parti pour un nouveau cycle de plusieurs millions d’années!

Lorsque la houle et les vagues le permettent, Claude initie Vincent à la chasse sous-marine: nous avons récupéré un harpon des anciens propriétaires du bateau, mais préféré pour le moment les shooting photos au shooting tout court. Claude équipe Vincent en plombs et en gants, lui donne quelques conseils, et c’est tout sourire que Vincent revient de sa pêche: 4 magnifiques poissons-perroquets*! Nous en congelons deux, et dégustons les deux autres cuit lentement à la poêle: un régal!

* Précisons tout de même qu’il faut faire attention à la ciguatera – appelée communément gratte. C’est une algue microscopique qui peut proliférer dans le corail et remonter la chaine alimentaire via le poisson de récif sur lequel elle n’a aucun effet. Elle est sans odeur, non détruite à la chaleur et non détectable! (même si il existe des méthodes empiriques comme donner un bout du poisson aux fourmis et guetter si elles s’en désintéressent ou utiliser son chat comme goûteur) Elle a malheureusement beaucoup d’effets quelques heures après l’ingestion de poisson contaminé dont le fait de gratter un peu partout et surtout aux articulations. Il faut donc bien se renseigner avant de pêcher car la contamination dépend des sites et des espèces de poissons. Par bonheur peu d’espèces sont touchées à Tikehau et nous avons donc eu le choix dans notre pêche ! Ensuite pour limiter le risque, il vaut mieux aussi vider le poisson juste après la pêche; nous en avons aussi profité pour le manger juste après… tout frais !


Un nouveau monocoque s’installe dans notre petit mouillage: celui de Mathieu, gréeur à Tahiti, parti lui aussi de France il y a quelques années avec sa femme; ils ont terminé leur course en Polynésie, monté leur entreprise, fait des enfants, le tour des archipels, et préparent tranquillement leur bateau à remontrer vers le nord… Bon, nous avec notre traversée de 50h, on fait moins les malins… Même si leur traversée depuis Tahiti n’a pas été de tout repos non plus, ils ont été bien secoués! Les filles font connaissance avec le mousse de bord, Manoa, trop content de venir sauter sur le trampoline de Fakarêver!
On découvre le motu jouxtant notre mouillage, avec une magnifique balade le long du lagon, puis vers la haute mer en traversant cette petite bande de terre couverte d’une végétation très courageuse: capable de pousser au milieu des coraux desséchés et noircis de la côte, ne vivant que de l’eau de pluie distribuée avec brusquerie par les grains passagers, elle est le refuge de centaines d’oiseaux noirs et blancs, les vrais maîtres des Tuamotus.

Timshel à gauche, Fakarêver à droite!

Lundi 25 novembre, nous profitons d’une accalmie du vent pour lever l’ancre démêler la chaine de la patate de corail qui nous a aidé à nous maintenir durant les rafales à 30 nds, et descendons au village de Tuherahera: nous suivons le chenal, et nous en profitons pour nous familiariser avec la navigation au milieu de cet immense lagon – il paraît qu’il faut être constamment vigilants, à cause des cheminées de corail qui affleurent un peu partout. Un peu angoissée au départ, mais finalement rassurée: l’eau étant profonde, on voit très facilement ces grosses taches claires au milieu du bleu cobalt – en tout cas par temps clair et ensoleillé.
Nous mouillons près du quai d’embarquement, en nous renseignant sur la manoeuvre du Dory: a priori c’est bon, il ne nous écrasera pas… Il y a pas mal de houle, le vent étant encore du Nord, mais on prend l’habitude du balancement, plus confortable en catamaran qu’en monocoque…
Petite promenade dans le village: des fleurs, des beaux petits fares (maisons locales), des chiens, des poules, des noix de cocos en train de sécher pour la coprah, des églises (au moins 3 pour 530 habitants), des « Ia Orana! » à chaque croisement, des petites épiceries attenantes aux maisons, des épiciers accueillants qui proposent un brin de causette… Qu’on est bien à Tikehau! Nous passons devant l’école au moment de la sortie de la nuée d’enfants en tongs et pieds nus, qui rentrent en courant, en vélo, en scooter, en pick up rouge. Nous en retrouvons quelques unes au snack près du petit port, qui viennent s’attabler avec nous et nous raconter leur matinée; elles acceptent de nous chanter ce qu’elles ont appris aujourd’hui: chouette, une chanson polynésienne! « Petit papa Noëëëëëllll!! »… tant pis, mais au moins on peut chanter avec elles!

Nous en profitons pour nous renseigner pour des cours de plongée sous-marine: Gabriel, le petit frère de Vincent, nous rejoint avec Morgane dans 15 jours à Rangiroa, et comme ce sont des plongeurs confirmés, nous avons envie de découvrir les fonds marins avec eux! Le petit club Tikehau Plongée nous propose une formation de Niveau 1, et des solutions pour garder les filles: elles peuvent venir sur le bateau de plongée avec nous, ou rester au club avec les filles du patron… Tout le monde y trouve son compte, que demander de plus?
Le Dory, le bateau ravitailleur qui fait le tour des îles des Tuamotus avec les produits frais, arrive mardi après-midi: nous assistons à sa manœuvre d’appontage et de déchargement depuis chez nous, grande affaire qui nous distrait de même que le village une bonne partie de la soirée: ballet de transpalettes, de pick up, de vélos, chacun venant chercher un colis, une caisse, un congélateur, de l’essence…

Nous récupérons le lendemain matin des légumes et des œufs, mis de côté dans un carton par l’épicier, et étrennons les trottinettes gentiment laissées par les anciens propriétaires: les (deux) rues sont droites et plates, quasi désertes, ça fait du bien de filer à toute allure sous les palmiers! Nous allons jusqu’à l’aéroport, dont la piste d’atterrissage se profile au milieu de deux bandes d’herbes vertes, cernées par les cocotiers. Nous croisons Pénélope, rencontrée la veille au club de plongée, qui nous raconte son arrivée sur l’île: venus de Sète il y a un an avec son compagnon moniteur de plongée, ils voulaient quitter la métropole, et se sont retrouvés au bout du monde: aucun regret!

Jeudi 28 novembre, premier cours de plongée: tout le monde à bord, les filles en combi néoprènes, avec un premier arrêt au spot des raies mantas: comme à Maupiti, elles se font nettoyer par des petits poissons toujours au même endroit du lagon, près d’une ancienne ferme perlière où se rendent tous les bateaux de touristes.

Nous avons de la chance, elles sont 5 ce jour-là à faire des ronds dans l’eau, à quelques mètres au-dessous de nous: la visibilité est belle, les filles en prennent plein les yeux!
Puis nous traversons le lagon en 20 minutes (contre les deux heures que nous avions mis pour la même traversée très tranquillement à la voile avec un vent léger léger …) pour plonger à la passe: trois autres plongeurs aguerris nous accompagnent sur le bateau, mais effectuent leurs deux plongées avant et après la nôtre: Lucie et Justin, étudiants en dernière année de médecine venus faire leur stage de 6 mois à Raiatea, à l’hôpital et au dispensaire; Martina, une Allemande de Hambourg qui a démissionné de son poste à la banque, trop prenant, pour voyager au gré de ses envies pendant un an.
Ronald, notre instructeur, nous briefe pour notre premier cours, attentivement écouté par Cécilie, puis c’est parti pour les grandes profondeurs: 10 mètres déjà, ce sera bien. L’air de la bouteille, asséché pour éviter la corrosion, me paraît moins nourrissant que l’air saturé d’humidité de la Polynésie, mais la respiration se met en place tranquillement. C’est étrange de voir les poissons du dessous! Nous faisons quelques exercices, plus ou moins évidents: le moniteur nous remplit notre masque d’eau, et nous sommes sensés le vider en soufflant très fort par le nez… donc garder son calme avec de l’eau plein les yeux et le nez à 6 mètres de profondeur… Vincent parvient à enlever son masque puis à le remettre, de mon côté on recommencera demain! Exercice suivant: enlever le détendeur (par là où on respire) puis le remettre en l’ayant purgé. Là ça va mieux, il suffit de fermer la bouche… Check!
Nous terminons par une petite balade au fond de la passe, qui nous apparaît comme un paysage complètement nouveau: des falaises s’élèvent au-dessus de nous, des aspérités se révèlent, pleines d’habitants aux yeux ronds et aux écailles multicolores… Plonger plus profond redonne leurs reliefs aux fonds marins, la suite des plongée va être passionnante!
Nous rentrons sur Fakarêver bien fatigués; une pluie torrentielle nous permet de faire une sieste, et nous accueillons pour l’apéritif les deux jeunes presque médecins, bien tentés par une aventure en bateau dans quelques années! Nous essaierons de nous revoir à Raiatea avant la fin de leur stage.
Nouvelle plongée le lendemain, les filles restent cette fois au club de plongée avec la gérante, qui récupère ses filles de 4 et 9 ans à 11h30: elles ne devraient pas s’ennuyer… Le bateau de plongée est plein, six Espagnoles en repérage pour des charters font une sortie snorkeling, qui se transforment rapidement en promenade sur le motu, certaines ayant le mal de mer. Martina, l’Allemande de la veille, fait une nouvelle sortie, espérant croiser le requin tigre et les quelques requins marteaux habitant le coin… Elle a déjà plongée à Rangiroa et Fakarava, nous confirmant la magie de ces sites!
Notre deuxième leçon se passe bien: je suis beaucoup plus à l’aise avec la respiration, je réussis l’exercice du masque plein d’eau, et nous apprenons à gérer l’air de nos gilets, qui nous permettent d’évoluer en hauteur dans l’eau. J’ai du mal à reconnaître le site de la veille: nous perdons complètement nos repères au fond de l’eau; nous nageons au milieu de poissons anges citron et de poissons cocher, et admirons un banc gigantesque de perches qui forment en se rassemblant des énormes silhouettes fantastiques. Un poisson Napoléon, imposant – environ 1 mètre de long et bien ventru-, traverse cette foule qui se désagrège et se retransforme instantanément.
Les filles ont passé une belle matinée, avec des bonbons, la télévision, et une maman chat qui a mis bas à des mignons chatons, pas de problème pour y revenir dimanche!
Voilà déjà deux semaines que nous sommes à Tikehau, et il nous reste encore tant de choses à voir: l’île aux oiseaux; les jardins de la communauté d’Eden, à l’est de l’île; le village abandonné au nord; et trois dernières plongées avant d’avoir notre diplôme de niveau 1. Puis il nous faudra partir pour Rangiroa, où nous sommes attendus à l’aéroport le 16 décembre! Même si on a du mal à croire que nous serons le 1er décembre demain… Heureusement les filles tiennent le compte des jours, et Agathe a préparé un calendrier de l’avent fait maison, histoire d’être sûre qu’on ne loupe pas Noël!

Tikehau

La grande traversée: Tahaa-Tikehau

« Maman, tu feras pas une vidéo de rêve sur cette navigation, après Violette elle va dire que c’était trop génial, alors qu’en fait c’était pas très sympa… » Me voilà prévenue. Et un bon point pour la sensibilisation à la manipulation des images…
Commençons par le bon bout: nous avons quitté le mouillage près du chantier de Raiatea avec nos deux voiles, raccrochées, regréées, rangées, et rejoint la passe Est de Tahaa, pour mouiller sur le magnifique banc de sable qui nous avait accueillis lors de notre arrivée sur l’île Vanille. Nous profitons de cette courte navigation face au vent pour régler et ajuster les bosses de ris, et le bateau est fin prêt pour un départ le lendemain, lundi 11 novembre, vers Tikehau, dans l’archipel des Tuamotus, à 210 milles nautiques! C’est en tout cas notre plan pour le moment. Le vent se maintient en SE, un bon angle pour aller au NE. Nous profitons de nos dernières heures en 3G pour appeler les amis en France, qui nous parlent de phénomènes météorologiques et vestimentaires étranges – neige, froid, pulls et bonnets – c’est chouette de revoir toutes ces têtes familières!
Nous checkons la météo toutes les heures, et suivons son évolution avec un peu d’appréhension, car le vent forcit de plus en plus, prenant de l’avance sur ce qui était prévu: il semblerait que nous devrions affronter des rafales à plus de 30 noeuds lors de la 2ème nuit de navigation, avec une mer bien formée… Le vent est déjà de plus de 25nds au mouillage pour 20 de prévus, et cela nous ajoute pas mal d’incertitudes, en plus de celles concernant nos capacités à remonter au vent, car tout le monde nous l’a bien dit: un cata ça remonte mal… Difficile de prévoir notre temps de navigation: 40h, 50h, 60h? Si l’angle du vent est bon, on va vite, si on fait des bords, ça peut doubler ou tripler le temps! Et nous ne voulons pas arriver à la passe de nuit: mouiller de nuit dans une baie inconnue ou faire des ronds au large de l’île en attendant que le jour se lève, ça ne nous tente pas.

Nous prenons la décision lundi midi lors d’un pic de vent de ne pas partir ce jour là: nous allons attendre la nouvelle fenêtre météo de jeudi avec un vent moins fort (et malheureusement moins bien orienté aussi ). Gros soulagement finalement, 3 jours au calme nous feront du bien. Nous renouons avec les plongées à partir du bateau, rencontrons des raies léopards et pastenagues, flânons au milieu des coraux, même si le vent reste soutenu et le courant assez fort…

Jeudi matin, 195ème visite sur les sites météorologiques: le vent se maintient Est le premier jour (bof pour une direction Est-Nord-Est), tourne au Sud Est le deuxième(ça c’est cool), par contre pétole (plus de vent) à partir de samedi matin: il faut partir! A 10h l’ancre est levée, la grand’voile est hissée, nous abordons la passe assez sereinement: il fait beau, le vent est stable et pas trop fort (entre 15 et 20 noeuds), nous avons posé un ris aux deux voiles (réduit un peu la grand voile et le génois) pour être tranquilles, vogue le navire!

La mer est bien formée, un peu trop même: à la houle forte d’Est se superposent des vagues qui ne semblent pas être d’accord sur la direction générale à prendre…Nous sommes bien ballottés, le pilote automatique peine à garder son cap au près serré, sans cesse désarçonné par les vagues brutales de notre houle « carrée ». Pour éviter de se retrouver trop souvent nez au vent, nous prenons la barre à tour de rôle, histoire d’aider le bateau à chevaucher cet océan pas très pacifique et réduire les coups parfois assez violents lorsque les coques redescendent des crêtes des vagues.

Les filles restent dans le cockpit ou au poste de barre avec nous, écoutent Matilda, l’Apprenti Sorcier, lisent un peu, discutent, dorment, pas trop perturbées par ces mouvements de montagnes russes. Mon estomac n’est pas aussi serein, et en milieu d’après-midi m’informe qu’il n’acceptera plus de nourriture jusqu’à nouvel ordre, n’étant plus apte à digérer quoique ce soit… Et il reste 48h de navigation…


Nous sommes forcés de tirer régulièrement des bords, ce qui est assez dur pour le moral, l’impression de s’éloigner de la trace plutôt que de s’en approcher, mais Vincent est confiant, il veut prendre une route qui nous permettra ensuite d’être bien placé pour garder le même bord jusqu’à Tikehau au moment où le vent basculera au SE. La première nuit est mouvementée, la bateau tape, vibre, cogne, rendant le sommeil difficile – pour nous, les filles dorment à poings fermés- entre les virements de bords programmés et ceux décidés par le bateau qui ne tient pas toujours son cap, surpris de temps à autre par une vague haute et inhabituelle de la houle croisée. Une lune quasi-pleine nous apporte son soutien, on profite des étoiles, sans pour autant chercher à y lire notre route, on se fie au GPS…
Au matin la mer s’est un peu calmée, mais rien de sensationnel non plus; le vent a tourné, nous faisant filer à une moyenne de 6 noeuds vers notre objectif; le pilote automatique est plus à l’aise, il y a moins besoin de le garder constamment à l’oeil. Suite au bords tirés lors des premières 24h, l’arrivée n’est pas estimée avant le lendemain 17h, voire 18h, il ne faut donc rien lâcher si nous ne voulons pas arriver avec la nuit! La journée se passe en siestes de récupération, quarts à la barre, histoires et musiques; des grains se profilent à l’horizon à la tombée du jour, le vent forcit et Vincent propose de poser un 2ème ris pour être tranquilles cette nuit (ah oui, car on a découvert aussi à ce moment là que le fond de coque tribord avait pris une vingtaine de litres d’eau d’on ne sait où…même si ça n’avait pas l’air de se remplir très vite c’est toujours un stress en plus…)
Nous évitons la pluie, profitons des vents pour continuer notre moyenne à 6 noeuds au près serré; la houle s’est calmée et nous surfons davantage que nous ne nous plantons dans les vagues. Lors du changement de quart vers 3h, le vent a baissé, comme ce que prévoyait la météo, nous enlevons le 2ème ris pour ne pas perdre trop de temps, et je vais me coucher. Au matin, tout devient (presque) calme (la météo avait vraiment raison sur ce coup là!), les rafales sont désormais autour des 10 noeuds et sont repassées plein est voire nord-est: nous mettons les moteurs en milieu de matinée pour éviter d’avoir à tirer à nouveau des bords et arriver avant la nuit. La mer s’aplatit au cours de la journée, le vent disparait, remplacé par la pluie.

C’est donc tout à fait tranquillement que nous abordons la passe de Tikehau vers 16h: plus de pluie, des poissons volants, quelques mini remous, et un calme plat. Et ça fait du bien…


Nous nous dirigeons vers le mouillage qui se situe juste après la passe, car nous ne nous sentons pas le courage de descendre le lagon intérieur jusqu’au village, et comme le vent va venir du nord ces prochains jours, le mouillage du village risque de secouer – et j’ai eu ma dose de secousses… Un magnifique monocoque à deux mâts est déjà stationné, et le propriétaire vient nous accueillir à bord de son annexe, en nous confirmant la bonne protection de ce mouillage pour les prochains jours, et nous indiquant l’emplacement des patates les plus grosses. Pas évident de jeter l’ancre, le fond est dur et elle a du mal à se planter, mais au deuxième essai c’est bon, on peut couper les moteurs… et quasiment tout le reste: extinction des feux (sauf celui de mouillage) à 19h, on dort….

Bilan de cette traversée:

  • Mieux vaut un vent fort bien orienté qu’un vent un peu moins fort mais mal orienté et obligeant à faire des bords.
  • Prendre des fenêtres météo plus larges et ne pas hésiter à ralentir au besoin, c’est plus confortable pour les passagers
  • Enorme avantage d’avoir un poste de pilotage complètement à l’abri: de la pluie comme du vent, même pour manoeuvrer, puisque tous les bouts arrivent à poste…
  • Capacité de remonte de 2,5nds de VMG (Velocity made good ou vitesse de gain au vent: projection sur l’axe du vent de la vitesse du bateau) avec houle, 3 noeuds sur mer calme avec un vent apparent optimal à 50° et une vitesse de 5 à 6 noeuds selon les vagues – ça c’est pour les marins qui nous lisent…

Dimanche 18 novembre, au réveil: deux requins pointe-noires tournoient sous nos coques, pendant que des sternes squattent le pont, des cocotiers à perte de vue: pas de doute, on est aux Tuamotus! Depuis le temps qu’on nous parle de ce paradis… et nous ne sommes pas déçus: pluie battante toute la journée, le vent pousse des pointes à 25 nds -pas du tout depuis le nord, mais du Sud, du SE- notre mouillage est bien secoué.

De toute façon on n’avait rien prévu aujourd’hui, à part dormir, remettre en marche mon système digestif – Vincent n’a donc ni le mal de mer ni le vertige, la vie est injuste – jouer aux playmobils, et regarder des épisodes de Dragons -j’en ai loupé 5 pendant la navigation…
La nuit s’annonçant ventée, et peu confiants en notre ancrage sur ce sol un peu trop dur (l’ancre ne s’était pas bien enfoncée), nous mettons deux alarmes; elles nous réveillent à deux reprises: le bateau avait à chaque fois fait un quart de tour suite à l’évolution du vent, nous nous avions mis l’alarme trop serrée… En vérifiant le lendemain, l’ancre n’a pas bougée d’un pouce… Je finis par veiller en finissant Eugénie Grandet, et marmonnant (un peu) dans ma barbe…

Lundi la pluie ne revient plus que par intermittence, j’en profite pour nettoyer à fond le cockpit – ce qui est top dans un bateau c’est qu’il faut aussi nettoyer les plafonds- Vincent trouve la fuite de la coque tribord* et la répare – comme d’hab -, fait de même avec la fuite de la serrure du hublot de la pointe avant bâbord, les filles font un peu d’école, bref nous reprenons nos activités. Nous n’avons pas pu encore rendre visite à nos voisins, l’état de la mer ne s’y prête pas (le nôtre non plus); il devrait faire meilleur ces prochains jours, à nous enfin les apéros et les plages au sable doré!

Petite vidéo de notre traversée à laquelle manquent certains moments de notre voyage, mais j’étais occupée par des besoins plus pressants… elle paraîtra donc “de rêve”, mais le texte préliminaire permet de tendre vers une certaine honnêteté ^^…

*quelques précisions: nous avions de temps en temps un peu d’eau dans cette coque (déjà pendant le gardiennage avant que nous arrivions au bateau) et au final, c’était « simplement » le tuyau d’évacuation des eaux noires qui n’avait pas été serré (lors de l’installation de la cuve à eau noire ?) autour du passe-coque, qui est juste au dessus de la ligne de flottaison: ça fuyait un peu à chaque vague remontant assez dans le tuyau via le passe coque ! Sur mer plate pas d’entrée d’eau, mais dans les vagues (et je suppose aussi à chaque grande chasse d’eau), de joli petits jets d’eau!

Raiatea

Re-aiatea (rebonjour Raiatea)

Tout a commencé…

…lors de notre arrivée à Maupiti:

  • « Tu as vu ? La bande anti-UV sur la bordure du génois -bord inférieur de la voile avant- a l’air un peu détendue ». Avant de partir, regardons tout ça. Boah, la couture s’est défaite sur quelques dizaines de centimètres, on met quelques points et ça va le faire, non ?
  • Yann de Quasar: «  vous savez, en général, c’est rare qu’il n’y ait qu’un endroit qui soit fatigué… »
  • Ah oui ? Déroulons ce génois pour regarder de plus près! Hum… le fil a l’air cramé tout du long, et ça se défait aussi sur la chute -partie arrière- de la voile ! Tant qu’à faire, il y a aussi le point d’écoute -anneau pour border/tirer la voile- qui n’est pas très beau et les penons -fil de laine sur la voile qui montre l’écoulement du vent afin de faire de bons réglages- qu’il faudrait remplacer.
    Ok, ce n’est pas aux Tuamotu, ni aux Marquises et encore moins aux Gambier que l’on pourra faire quelque chose et ça n’attendra pas notre retour! Un stop entre Maupiti et les Tuamotus s’impose.
  • Voyons à tout hasard la Grand voile ? Là, c’est moins urgent, mais le galon du nerf de chute – bon je fais le malin avec mes termes techniques, mais à ce moment là je ne savais pas ce qu’était un galon. C’est le nom pour la bande de tissus que l’on met autour du bord extérieur de la voile pour la protéger. Il y a aussi une ficelle (nerf de chute) qui passe dedans et qui doit être tendue pour éviter que le bord de la voile faseye/flappe- . Ce galon donc, est à refaire sur toute la hauteur de la voile ! Pour finir, la couture de la bosse du 1er ris donne aussi des vrais signes de fatigue -là aussi c’est technique: pour réduire la taille de la voile par grand vent, on la replie par le bas. Pour la maintenir repliée, on utilise un bout (corde) qui passe dans un anneau sanglé en hauteur à l’arrière de la voile ou “bosse de ris”. Il y a de même en face sur l’avant de la voile un “point d’amure de ris” et on tendra la bosse et le point d’amure de ris pour “prendre un ris”/réduire la voile. Mais je m’égare…
  • C’est décidé, on se fait une révision d’ensemble des voiles afin d’être tranquille pour la suite! (comme c’est bientôt Black Friday, on en profitera aussi pour faire réviser le lazy-bag -l’enveloppe qui protège la GV des UV au mouillage-, recoudre un coussin de dossier fatigué et réviser le bimini du poste de barre -toit en toile au dessus)
  • On contacte le voilier qui nous avait réparé le Spi, mais il n’a pas de disponibilités avant 10 jours et il est…sur Tahiti, ce qui n’est pas exactement sur notre route ! On trouve O’Rion sur Raiatea qui a de la dispo, go!
  • Je vous laisse vous replonger dans le post sur Maupiti à propos de notre retour principalement au spi et nous voilà en face du chantier de Raiatea!

Désarmer (ou dégréer le génois et la GV) ?

Dégréage du génois

Ça n’a pas l’air très compliqué: on défait tout, on plie, on met dans l’annexe, et on livre au voilier. Ça sera plus facile tout de même à plusieurs. « Quasar, dispo pour un coup de main ?» Nous sommes bien contents que Yann et Laura puissent nous aider. Ils ont une expérience qui nous permet de faire ça simplement, rapidement, le tout avec un beau pliage.

Mise de la grand voile dans l'annexe
La grand voile dans l'annexe

Le génois ça va encore, mais la GV, il y a le point d’écoute, les ris et les chariots à défaire, puis les lattes à enlever car la voile est 2 fois plus longue que l’annexe et surtout ça pèse lourd ! Encore un grand merci, car avec votre aide en 3 heures c’était plié (c’est le cas de le dire :’)

O’Rion

Mardi, Nicolas (O’Rion) prend bien le temps pour regarder les voiles avec nous. Nous y passons largement plus d’une heure, on sent qu’il connait bien son métier et nous donne de bons conseils.

Il nous permet de bien comprendre ce qui est important ou non et où on en est en terme d’usure: en gros le cœur des voiles est en bon état et on est sur des points d’usure habituels pour des voiles de cet âge (4 ans, comme Fakarêver). Il nous a aussi aidé à analyser des habitudes et des points sur le bateau à modifier pour ménager les voiles (réglage du 1er ris, faire attention aux haubans en grand largue, des vis à limer/protéger pour éviter de râper le génois).

Pendant ce temps là, les filles s’amusent comme des folles avec les chats et chiens de la voilerie, eux aussi très accueillants !

Re-armement:

Vendredi midi, le lazy-bag et la GV sont prêts: récupération chez le voilier; sieste (on a notre petit rythme à respecter); mise place et regréement (jusqu’à la nuit !)


Samedi c’est le génois! On a passé un peu de temps à attendre des accalmies, car pour le génois ce n’est pas facile au mouillage quand il y a du vent ! (mais bizarrement on n’était pas très chaud pour le remonter en route non plus!)


Le ré-armeement s’est finalement fait plus facilement que ce que l’on craignait (d’autant plus qu’on était plus que tous les deux!)

Il nous reste encore les bosses de ris à remettre et régler, mais ça sera pour demain: on annonce un vent calme… et départ lundi jeudi le vent a forci pour les Tuamotus!!

Maupiti

Nana Maupiti! (* au revoir Maupiti)

Voiliers à Maupiti

C’était chouette Maupiti! Ces deux semaines n’ont pas été de trop, même si le temps s’est un peu gâté -entendre: il a plu de temps en temps – nous nous sommes imprégnés jusqu’au bout de la beauté du lieu et de la gentillesse des habitants. Ce n’est pas toujours évident de briser la glace avec les Polynésiens, qui paraissent au premier abord cordiaux mais distants: ils ne viennent pas spontanément nous parler, et on peut très vite se sentir exclus au milieu de la place du marché. Mais il faut revenir, s’assoir, attendre; puis on est accepté et les échanges commencent: on passe du statut de « touriste de passage » à celui de « touriste qui va rester un peu plus longtemps ». Être sur un bateau, ça permet d’être indépendant, mais parfois un peu trop, et on a finalement peu de contacts avec la population locale, habituée aux bateaux de charters qui traversent les lagons en coup de vent.

Nous avons vécu de beaux échanges notamment la veille de notre départ, samedi 2 novembre, sur le motu devant lequel nous étions mouillés. Toutes les semaines, les pensions qui hébergent les touristes – il n’y a pas d’hôtel à Maupiti – organisent des repas partagés sur les motus:

Four polynésien

un four tahitien est creusé, des plats traditionnels préparés dans des paniers en palmes, des grandes tables sont alignées sur le sable, c’est très sympa!

Tressage de paniers à partir de feuilles de cocotier

J’ai négocié avec l’organisatrice pour que nous puissions y participer, et nous n’avons pas été déçus de l’accueil: nous découvrons de nouvelles saveurs -gelées de citrouille pour Halloween -, participons à un atelier de tressage de paniers, à un autre d’ouverture de noix de coco, les filles passent l’après-midi à jouer avec les enfants de nos hôtes dans le lagon, et j’ai même le plaisir de jouer du ukulele avec le groupe, composé sur frère, du beau-frère, des cousines et de la grand-mère de Nini, l’organisatrice!

Si au début tout ce beau monde joue pour les touristes, ça se transforme vite en « boeuf » où le plaisir de jouer et chanter ensemble prend le dessus: je suis assise à côté d’un guitariste qui me souffle les accords que je frappe sur l’instrument prêté (oui, ici on frappe le ukulele…), mais finalement on tourne sur les 4 mêmes accords, et c’est une vraie joie pour moi de participer à cette musique festive et généreuse. Mon voisin n’est ni touriste, ni de la famille de Nini; il est de Raiatea et a traversé jusqu’à Maupiti sur le petit bateau à moteur d’un ami pour suivre l’Hawaiki Nui; il connaît les musiciens, et il s’est joint avec ses amis à cet après-midi convivial. Ah oui, et sa fille est aiguilleuse du ciel à l’aéroport du Versoud. En face de chez nous, où Vincent va faire du planneur. It’s a small world after all…

Nous regagnons le bateau vers 17h après avoir recueilli quelques recettes de Mamie et de Nini, fourbus ( et un peu éraflée pour Cécilie qui a sauté trop près d’une patate de corail) mais bien contents de ces échanges!


L’Hawaiki Nui a donc eu lieu, la fameuse dont tout le monde nous parle depuis notre arrivée: LA course de va’a à 6 rameurs des îles sous le vent, qui s’étale sur trois jours et relie Huahine à Bora Bora. Nous avons suivi la dernière journée à la télévision, et apprécié le départ en trombe dans le lagon de Tahaa: surtout sous des trombes d’eau… Même les caméras étaient mouillées, et le commentateur n’osait pas sortir son Iphone pour chronométrer le temps qui séparait le leader des autres concurrents… D’ailleurs c’est le bateau Shell qui a gagné, mais tout le monde le savait avant le départ: « c’est quoi votre plan de course? – on va suivre le leader, c’est plus sûr », qui a effectivement tous les renseignements nécessaires: des pêcheurs sont éparpillés sur les différentes routes possibles et donnent des informations en temps réel sur les courants et la houle aux différents endroits au staff, qui suit le va’a en bateau à moteur et lui communique la route à prendre. C’est une performance physique assez folle, et qui est suivie par tous les archipels, chacun envoyant au moins un bateau de représentants – il y en a même un de Marseille, et un autre de Vaux-en-Velin!

Maupiti

Nous nous décidons enfin à quitter notre île paradisiaque dimanche 3 novembre, non pas pour les Tuamotus, mais pour Raiatea: il y a besoin de refaire des coutures sur le génois et la Grand Voile (plus d’explications dans un prochain article), nous prenons contact avec un voilier, qui peut s’en occuper cette semaine. Nous appareillons à 5h30, admirons une dernière fois des couleurs magnifiques du lever de soleil sur les arêtes de l’île, prenons la passe sans courant ni vague, et … hissons le spi! Il y a eu une belle bascule dans les alizées, et nous profitons d’un très rare vent d’ouest pour partir vent arrière! Quel luxe de voyager au rythme des vents… Navigation calme, avec une houle très faible, nous doublons Bora vers 11h, puis le vent tourne petit à petit, devenant sud; nous affalons le spi pour sortir le génois et la grand’voile. Nous naviguons entre les grains, ce qui nous permet d’en prendre le vent et de pousser une pointe de vitesse à 8 noeuds, du jamais vu encore pour nous avec Fakarêver (on n’a eu que des fenêtres avec peu de vent pour l’instant!). L’arrivée à Raiatea se fait sans encombre, accueillis par un bel arc-en-ciel, et nous retrouvons avec joie ces belles falaises et ces sommets verdoyants à 1000 mètres!

Fakarêver de retour à Raiatea

Nous retrouvons également Quasar, un joli monocoque à l’intérieur tout en bois, rencontré à Maupiti: Laura et Yann, jeune couple d’aventuriers, sont partis il y a trois ans de La Rochelle, et traversent tranquillement le monde. Ils vont rester jusqu’en juin en Polynésie, puis repartir en avion en métropole, leur expérience maritime s’arrêtera – pour le moment- là.
Programme de cette semaine: démontage des voiles, ravitaillement à Uturoa, école, jeux, avec pour objectif un départ pour les Tuamotus dimanche prochain: une belle fenêtre météo avec un vent du NO nous permettrait une navigation confortable. Mais j’ai l’impression que nous serons vraiment sûrs de partir dans cet archipel que quand on y sera arrivés…