Nous voici depuis 3 jours à quai à Papeete, où nous renouons avec la civilisation.
La traversée depuis la baie d’Oponohu s’est faite sans encombre, avec une première partie de calme plat qui nous a permis d’admirer les courses de poissons-volants, et une deuxième partie avec un vent un peu plus soutenu, proposant des rafales à 23 noeuds… Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit à la marina de Papeete, avec notre première manoeuvre de port, et effectivement, la manoeuvrabilité d’un cata est bien plus confortable que celle d’un monocoque! Nous nous en sommes bien sortis.
Nous (re)découvrons Papeete durant ce petit séjour citadin; la marina est située en plein centre-ville, ce qui nous offre le luxe de viennoiseries fraîches pour le petit-déjeuner, de pâtisseries hautes coutures, de dîners aux roulottes…
(note: les roulottes, c’est le paradis selon Cécilie: chacun choisit ce qu’il veut manger à des roulottes différentes, ce qui offre des choix aussi variés que galette bretonne, hamburger, pizza ou chinois!)
C’est finalement le seul point faible de ce voyage jusqu’à présent: les repas, puisque je dois préparer deux repas par jour pour 4 avec peu d’ingrédients différents à ma disposition, je commençais à manquer d’imagination… mais je viens de trouver à la librairie un petit ouvrage qui devrait nous aider à survivre – et mieux manger- ces prochains mois!
Donc à Papeete nous mangeons, beaucoup et bien, même si bizarrement une très grande partie des plats proposés sont chinois ou d’inspiration chinoise; il n’y a pas (ou très peu, en tout cas pas encore vu) de restaurants Polynésiens. Il semblerait que la cuisine des îles ait été très fortement influencée par la cuisine de la diaspora chinoise, et l’ait mêlée à ses produits locaux. Mais c’est pas grave, on adore les nouilles et la sauce aigre-douce.
Nous mangeons, et nous faisons des courses! Vincent surtout, qui sillonne la ville et sa banlieue à bord d’une voiture de location à la recherche de nombreuses pièces détachées pour le moteur, le désalinisateur, des bouts, des filtres, outils, lampes… On devrait être parés pour une année de navigation! Vincent pourra ensuite se reconvertir en coursier, il devient spécialiste de toutes les boutiques d’accastillage, de mécanique et de quincaillerie de l’île…
Nous approvisionnons également le bateau: 20 kg de sucre, de farine, des litres de jus de fruits, des tablettes de chocolat, des fruits, des légumes, des conserves… Les superettes se feront de plus en plus rares sur les îles que nous rencontrerons, nous emmagasinons donc au maximum.
J’ai fait également quelques achats complètement indispensables: j’ai visité les boutiques de perles et de bijoux avec Agathe, pour acquérir de quoi fabriquer divers petits bijoux durant notre navigation à partir des coquillages et des graines que nous trouverons! Nous avons déjà fait quelques essais plutôt concluants depuis le début du voyage, et Elodie, de Lotus, m’avait montré au mois d’août toutes les petites boutiques, parfois confidentielles, dans lesquelles je pouvais m’approvisionner en fermoirs, chaînes, cordons…
La grosse révision (des 4 ans/1000h) des moteurs (but premier de notre séjour) touche à son terme: Dominique a démonté, dessalé, nettoyé, réparé et repeint même certaines pièces. Il vient de les redémarrer et a l’air satisfait: à nous les grands espaces, la solitude et le silence! C’est bruyant la ville, on avait oublié. Surtout quand des jeunes, qui ne semblent pas avoir cours le mercredi après-midi, se posent en face de la marina avec quatre énormes baffles: ils parviennent même à couvrir la 2×2 voies qui longe le front de mer, embouteillée de 7h à 17h…
Mais les Tahitiens sont extrêmement courtois au volant: il suffit que nous nous présentions au passage-piéton pour que la circulation s’arrête immédiatement (à moins que ce soit mon charisme légendaire, mais j’ai des doutes…). A tel point qu’aux heures de pointes, des policiers empêchent les gens de traverser (au grand dam d’Agathe, « normalement les policiers ils font l’inverse? ») pour qu’il y ait un minimum de fluidité dans les artères de Papeete…
Nous retrouvons les coqs, poules et poussins toujours en vadrouille, aussi à l’aise en plein centre-ville sous les voitures que dans la forêt vierge en haut des cols. Ce volatile présente des capacités d’adaptation beaucoup trop sous-estimées en Europe, il faudrait peut-être revoir sa place au sein de nos sociétés! Guide de haute-montagne par exemple, ou rédacteur du Routard…
Nos promenades nous font découvrir de très belles fresques murales, colorées et variées; le street art a une place importante sur Tahiti et Mooorea, où nous avons régulièrement croisé des œuvres bien mises en valeur. On pourrait peut-être créer un jumelage avec le Grenoble Street Art festival? Je devrais me renseigner…
Nous avons également profité de deux petites plages en banlieue de Papeete, l’une de sable noire, bordée d’une jolie falaise, l’autre de galet, avec une belle vue sur les longs doigts de végétation, vestiges de coulées volcaniques, qui semblent entrer dans l’eau, et se voient particulièrement bien de Moorea!
Nous récupérons le spi (réparé) demain matin, puis retournons avec le bateau à la marina de Taina pour faire quelques grosses lessives, et profiterons des alizées pour notre première « grande » traversée jusqu’à Huahine (15h de navigation), d’ici la fin de la semaine.