Le blog de notre année sabbatique en famille sur un voilier en Polynésie

Tahiti

3, 2, 1, moteur !

(Suite de la panne moteur sur la route de Moorea.)
Le 16 aout 2019

Bon, d’après l’expert, c’est un problème d’alimentation de carburant. Du coup un bête problème de filtres et tuyaux ? Challenge accepted !

Comment marche l’alimentation en carburant d’un moteur Yanmar ?

1. Réservoir ou cuve avec les vannes (oui c’est sous notre lit. Heureusement c’est bien isolé, à moins qu’on ait le nez bouché)
2. le tuyau part du réservoir et arrive à un préfiltre équipé d’une pompe manuelle. Ce pré-filtre qui sépare aussi l’eau du gasoil
3.Le tuyau repart du pré-filtre et arrive au filtre (que l’on a essayé de changer hier, sans succès)
4. Suite au filtre, une partie est envoyée au moteur, le reste repart dans le réservoir
Vue d’ensemble

Rien de très compliqué à priori.

Première piste: l’alimentation du pré-filtre

Avec l’expert Yanmar, nous avions vu que le carburant n’arrivait pas au filtre en utilisant la mini pompe du pré-fitre. Première suspicion, un réducteur (inattendu selon l’expert) sur le tuyau d’alimentation avant le préfiltre.

Le réducteur

Effectivement ce réducteur était un peu bouché avec de la boue et à l’aide de ma poire toute neuve acheté ce matin (3000 francs tout de même), je tire encore un peu de de boue du tuyau avant d’arriver à du gasoil « propre » (i.e: bien transparent, pas de « poissons » et pas d’eau).

la “boue” extraite du tuyau à l’aide de la poire
Ma fameuse poire qui va nous sauver

Confiant, je dis à Leslie et mes filles qu’on va se baigner dans 20 minutes le temps de remonter tout ça. Par acquis de conscience, une fois tout remonté, j’essaie avec ma poire de tirer du carburant au niveau du filtre. Et… patatra, mon optimisme s’envole: la poire n’arrive pas à se regonfler; le gasoil n’arrive pas.

Leslie part plonger avec les filles, je démonte le pré-filtre pour en savoir plus et je me fait un aller retour au ship d’à coté pour essayer de trouver un nouveau préfiltre ( a-t-il vraiment été changé lors de la dernière révision de juin ? Est-ce que la boue du tuyau l’a déjà bouché ?). Peine perdu, il faut aller tout au bout de Papeete pour en avoir un.

Le déjeuner porte conseil

Tout ça ne colle pas: lors de l’essai de purge avec Julien hier, le gasoil dans le pré-filtre semblait « beau », en regardant l’intérieur du pré-filtre, je peux voir la membrane et elle semble propre…(mais la date de fabrication du pré-filtre est 2015, a-t-il vraiment été changé (bis) ?)
Leslie allant en ville avec Elodie cet après midi, je lui demande de passer me prendre un pré-filtre. Pendant ce temps-là, ça me gratouille: l’embout en entrée du pré-filtre fait un coude et j’imaginerais bien de la boue coincée dedans.

Le coude qui fait la jonction entre le tuyau et la tête du pré-filtre

Bingo !
Je remonte tout, le gasoil arrive bien cette fois-ci jusqu’au filtre. Je mets le contact. Re-confiant, un coup de démarreur. Non ? Faut insister ? KO, redescente émotionnelle, je n’ai finalement pas de don de mécano, on va devoir attendre que le « vrai » mécano soit disponible la semaine prochaine ou pire..

Un copain, ça aide énormément

(en plus du fait qu’il a gentiment gardé tous les enfants pendant mes opérations)
Je tente d’appeler Julien, qui sèche aussi, mais il a des tuyaux en rab, ça devrait permettre d’installer la poire au milieu du circuit et d’imaginer d’autres essais.
Il passe, je résume le truc. Il me propose de remettre le filtre qu’on avait essayé de changer hier car lui il date de 2 révisions.
Toujours KO, le moteur ne démarre pas.
On se demande si le filtre s’est bien rempli quand on a pompé manuellement. Vérification: ce n’est pas top ! On remet du carburant dedans (*: en fait, ici la bonne méthode est de ne pas le visser à fond, de pomper, et quand ça déborde, de finir de le visser).
Je n’y croyais plus trop, mais l’inattendu nous surprendra toujours: ça ronronne !!!!

Au final, c’était donc juste un tuyau et un coude de bouché, puis un amorçage mal fait. (mais j’y ai passé ma journée)

Et la suite ?

Équipé de pré-filtre et filtres de rechange, on est paré. Je pense que la boue ne datait pas d’hier et que le gasoil dans le réservoir est bon. La suite nous le dira !


Moorea nous revoilà ? (épisode 2)

Tahiti

On dormira à Moorea…?

Mercredi 14 août:

C’est décidé, c’est le jour de la grande traversée, en tout cas notre première navigation digne de ce nom! Direction Moorea, l’île voisine qui nous offre depuis notre arrivée de sublimes couchers de soleil.
Après la classe du matin (la rentrée à Tahiti a eu lieu mardi, on s’est calé aussi sur le calendrier scolaire ^^), nous préparons le bateau, et c’est parti! La météo prévoit cette fois du vent, qui arrive par le nord-est. Idéal pour naviguer vers le nord-ouest, pas trop de houle. Nous prévenons différents copains de notre départ et notre arrivée imminente, et nous prenons la passe qui nous mène vers le large. Passe beaucoup plus tranquille que dimanche, avec moins de risque de heurter un paddle ou un canoé…
Nous hissons la grand voile, et nous préparons à couper les moteurs, quand Vincent remarque que le moteur bâbord s’est déjà coupé pendant la manœuvre… Après plusieurs tentatives, nous nous rendons à l’évidence: il ne redémarra pas comme ça.
Deux choix alors: faire immédiatement demi-tour, ou poursuivre la croisière pour profiter du vent, ce qui permettra à Vincent de jeter un coup d’oeil au moteur. Ce n’est peut-être qu’un faux contact? Nous choisissons la 2ème option, et déroulons le génois, filant à plus de 6 noeuds avec un vent de 12 noeuds de moyenne, ça fait du bien de naviguer!
Les filles apprécient beaucoup le pique-nique, surtout les chips, et supportent très bien la houle et les mouvements du bateau.
Vincent met un harnais (bon finalement c’était de trop) et passe un moment avec le moteur, testant la batterie et divers composants, qui malheureusement fonctionnent tous très bien… Nous arrivons à portée de vue de la magnifique plage de Moorea, bordée de cocotiers qui se dessinent sur l’horizon, rendant la décision encore plus difficile à prendre: il faut faire demi tour… Les spécialistes de moteur et toutes les pièces sont à Tahiti, nous serons plus efficaces sur la grande île. De plus la perspective de faire plusieurs fois des manœuvres avec un seul moteur nous inquiète un peu (avec raison, comme on va le voir plus tard)
Magnifique virement de bord, le retour s’effectue au près, et c’est assez agréable de ne pas giter, l’allure est plaisante et les filles profitent à fond de leur navigation. Nous guettons les baleines, qui sont sensées commencer à arriver dans les eaux tahitiennes, mais elles ne se montrent pas.

Notre 2ème navigation

En arrivant dans la passe qui nous ramène à notre coffre d’amarrage, nous contactons Julien et Elodie, nos nouveaux copains du bateau Lotus! Ils sont arrivés il y a quelques jours à la marina de Taina, connaissaient très bien les anciens propriétaires de Fakarever, et ils ont deux filles, Violette (9 ans) et Lilas (5 ans).

Agathe et Cécilie sont ravies de ces nouvelles copines sur l’eau! Nous avions passé l’après-midi de la veille ensemble, avec une plongée à l’Aquarium, et un goûter sur Lotus!


Mais là ce n’est pas (encore) l’heure de l’apéro, nous avons besoin d’aide pour nous amarrer au coffre, car avec un seul moteur le cata peut avancer mais manœuvre plus difficilement. Il y a beaucoup de bateaux autour de notre bouée et évidemment beaucoup de vent ce soir-là, donc nous ne sommes pas de trop de 4 adultes + l’annexe qui pousse à bâbord pour réussir à passer un bout dans le corps-mort… Beaucoup d’émotions pour cette fin de navigation!
Nous prenons le goûter avec l’équipage de Lotus, pendant que Vincent et Julien tentent un premier diagnostic sur le moteur – malheureusement sans succès – puis les filles sont invitées à une soirée pyjama-bateau!

Elles préparent leur sac avec enthousiasme, et c’est bien chargée que l’annexe de Lotus repart, nous abandonnant tous les deux un peu seuls à bord… Nous en profitons pour nous changer les idées: douche, vêtements propres, et nous nous offrons un resto sur la marina!

Nous récupérons les filles le lendemain, et repartons avec Violette dans notre annexe pour aller plonger sur le récif non loin du bateau. Et là, ça y est! Un beau requin pointe noire passe nonchalamment à portée d’objectif, et la photo est assez bonne pour qu’on me croie cette fois ^^…

Repas avec les Lotus à bord de Fakarêver, et l’expert moteur Yanmar arrive en milieu d’après-midi: ce serait un problème d’arrivée du diesel au moteur. Il nous faudrait une poire pour aller plus loin, mais évidemment le 15 août tout est fermé. Ce sera pour demain.
Moorea va nous narguer quelques jours encore…

les miss!

Tahiti

Fluctuat nec mergitur

ça y est, nous avons largué les amarres! Mais peut-être aurions-nous dû attendre demain de meilleures conditions météorologiques, nous avons eu quelques déboires: beaucoup de mal à maîtriser les voiles qui battaient dans tous les sens à cause du vent, vitesse du bateau surprenante, et les filles sont restées couchées une bonne partie de la navigation. Enfin, nous ne sommes pas passés loin du récif, et avons même manqué nous faire accoster par un pirate… Plus de détails dans la vidéo ci-dessous…

Première sortie en mer
Tahiti

Danse(s)!

Nous avons eu la chance aujourd’hui de goûter à un tout petit bout du grand festival de danse qui a eu lieu au mois de juillet, le Heiva! Il s’agit d’une compétition de chants et de danses de Polynésie, à laquelle participent de nombreux groupes venus de toutes les îles, et qui a eu lieu du 4 au 13 juillet. Les groupes lauréats se sont produits à nouveau lors de la remise des prix, la semaine suivante, et aujourd’hui le Musée de Tahiti et ses îles organisait la Nu’uroa Fest, qui permet aux groupes non primés de danser encore un peu! Cet évènement avait lieu toute la journée, dans les très beaux jardins du musée.

Nous avons assisté à deux spectacles, chacun d’une demi-heure. Le premier groupe à se produire s’appelle O Punaauia, le second était un groupe de danseurs professionnels, Temaeva. Les groupes sont composés de danseurs bien entendu, mais également de musiciens et de chanteurs, c’était vraiment chouette à regarder!

A la fin de leur prestation, les danseurs ont posé avec les spectateurs, pour la grande joie des filles!

Les musiciens et chanteurs du groupe O Punaauia, très nombreux
Arrivée des danseurs de O Punaauia!
Danse des filles de O Punaauia
Danse et chant de O Punaauia
Arrivée des danseurs de Temaeva, sur des échasses! Nous avions vu dans le musée des porte-pieds à fixer sur des échasses, qui étaient utilisées lors des cérémonies funéraires notamment.
Le vieux monsieur au milieu, en jaune, semble servir de maître de cérémonie, il raconte pas mal de choses en Polynésien, chante aussi, mais ça a l’air moins fatigant que la partie des danseurs ^^
Le cadre de ce spectacle était magnifique, des vagues venaient régulièrement se briser sur le mur derrière la scène, ajoutant encore un peu plus de majesté aux danses!
Tahiti

A terre à Tahiti

Gros évènement aujourd’hui: nous avons loué une voiture! Et non pas acheté comme le soutenait Cécilie, qui était très inquiète de savoir ce que deviendrait la voiture une fois que nous serions en mer.

Sur les conseils de Maud et Yann, des amis qui avaient hébergé Vincent lors de son séjour en juin, nous avons emprunté LA route qui fait le tour de l’île en la suivant vers le sud. L’objectif des filles étaient de trouver une plage, le nôtre était à peu près le même, en intercalant quelques visites avant… A la fin de la journée tout le monde était ravi, c’est ça qui compte ^^!

Premier arrêt: le musée de Tahiti et ses îles! Il était en rénovation, mais les plus belles pièces des collections faisaient l’objet d’une petite expo très sympa. Nous y avons vu de beaux hameçons, de la même forme que celui de Mahoi (mais, si, dans Vaiana), une vraie conque qui servait à communiquer d’un bout à l’autre de l’île, des tikis (grandes statues en bois – ci contre)… Le musée est entouré d’un magnifique parc – presque zen – qui donne sur la mer !

Ensuite, route pour deux sites archéologiques présentant des vestiges de marae, des anciens lieux de cultes, dont il ne restait que les fondations en pierres volcaniques presque noires. Leur principal intérêt, aux yeux des filles, était la présence de divers coqs en liberté qui chantaient à tue-tête, courant un peu partout suivis de leurs poules, parfois même de poussins. Le second marae que nous avons visité était entouré de bananiers, ce qui nous a permis de découvrir son système de floraison et de production de fruits très particulier:

La grosse fleur rouge à droite soulève un pétale, et sous chacun d’eux se trouve plein de petites fleurs jaunes, qui une fois pollinisées se transforment en bananes

Puis visite de trois grandes grottes, très fraîches, et arrêt sur la plage de Taharuu: son sable est noir, et ses vagues extrêmement impressionnantes! C’est un beau spot de surf, nous avons vu quelques belles performances lorsque nous avons déjeuné au snack sur la plage. Vincent était bien tenté pour se baigner, mais nous avons finalement opté pour une belle petite rando au dessus des jardins d’eau de Vaipahi, au milieu de la forêt pleine d’arbres aux feuilles gigantesques et de toutes les couleurs, mais aussi de pins tout à fait commun, ce qui faisait un mélange de végétation tropicale et méditerranéenne assez surprenant.

Enfin nous nous sommes rendus sur une plage au sable doré, à l’abri du récif; les filles ont pu faire des pâtés de sables, chercher les poissons près du bord, et j’ai même rencontré un requin! Très gros, mais un peu trop loin pour faire une photo de qualité – je n’ose pas publier la photo, on se moquerait de la silhouette bleue vaguement reconnaissable… Mais j’ai eu beau me répéter que les requins n’ont que faire des petites nageuses en T-shirt UV, j’ai écourté ma plongée pour jouer avec les filles près du bord…