Le blog de notre année sabbatique en famille sur un voilier en Polynésie

Huahine

Hue, Huahine

Plan de Nav

Après toute cette attente à Papeete et Taina, on est impatient de partir ! Le vent indiqué est de 10-15 Noeuds en grand largue une fois que l’on aura quitté la protection de l’île de Tahiti. On espère donc faire du 7 noeuds de moyenne (héhé, on est encore des jeunes Padawan) et mettre une quinzaine d’heures pour faire les 90 miles de navigation.

Pour arriver de jour, nous prévoyons de partir en fin d’après midi et de naviguer essentiellement de nuit. C’est notre première nav de nuit tout seuls ! (la seule qu’on ait faite était avec Skipper à Bandol en Méditerranée )

C’est parti!

Après des derniers achats sur place (chaine inox pour l’annexe afin de ne plus se mettre plein de rouille sur les mains à chaque fois qu’on l’attache, colle pour remettre le rail de led sous la nouvelle machine, et plein d’autres petites choses), on largue les amarres vers 16h.

2 rameurs profitent de notre sillage le temps que l’on rejoigne la passe, la lumière est magnifique et cela fait un petit pincement de quitter Tahiti, où on a déjà passé de si bons moments !

La passe est agitée (gros bouillons, houle de travers), mais avec les 2 moteurs et de la vitesse, on traverse aisément. Le vent se fait trop timide à la sortie, donc on continue au moteur direction plein nord pour quitter le cône protégé par l’île.

Petit à petit le vent augmente, la nuit commence à tomber, et comme on ne se voit pas faire notre première nav de nuit sous spi, on met juste le génois. Le temps est magnifique, la lune presque pleine nous éclaire, la houle avec ses longues ondulations nous pousse gentiment dans la bonne direction. Il est 19h30, Leslie fera le premier quart, je vais me reposer ( magie: je m’endors très rapidement)

1er quart

(c’est Leslie qui raconte) Évidemment qu’il dort comme un bébé, avec un telle navigatrice à la barre, il peut dormir sur ses deux oreilles!
La nuit est effectivement magnifique, et avec la houle qui nous fait un peu surfer, l’allure est vraiment agréable. Je me détends petit à petit (oui, bizarrement, un peu stressée au départ…), je profite du bruit de l’eau sur la coque et des doux mouvements de balancier du navire. Avec le pilote automatique enclenché, il n’y a finalement pas grand chose à faire pendant le quart, j’en profite pour éditer quelques images sous-marines prises à Taina (nous avions trouvé un nouveau spot de plongée bien sympa avec une petite épave), lire tranquillement (en mettant un réveil toutes les 10 minutes, le bercement continu commence à faire son effet), et même sortir le ukulele. Quelle classe de travailler ses accords sur le siège de barre, face aux étoiles! J’arrive même à la fin de mon quart à maîtriser le Sib mineur…
Vers 1h le vent a beaucoup baissé, notre vitesse de pointe est autour des 2,8 – 3 noeuds, je vais réveiller Vincent pour tenter l’option Grand-Voile (bien mal m’en a pris, je spoile un peu le paragraphe suivant, mais elle a fait un bruit d’enfer tout le reste de la nuit et j’ai dormi à peine 1h30…)

2ème quart

1h30, Leslie me réveille, et je me prépare pour mon quart. Le vent est seulement de 7-9 noeuds, et nous avançons à ce moment là à 3 noeuds (après une moyenne de 4). Ça va être juste pour arriver avant le lendemain soir! On décide d’ajouter la grand voile. Allez, hue ! En pratique, cela ne nous a pas fait gagner grand chose à cette allure, à part des battements de baume en fonction de la houle (même celle-ci attachée). Leslie part se coucher vers 2h30. C’est donc à 4 noeuds de moyenne que nous continuons.
Je profite de la lune, des nuages et des grains qui passent au loin, un porte container et un ferry nous croisent sur l’horizon.
La lune disparait et c’est 30 minutes de noir profond avant que le soleil se lève…. magique!

Spi

6h, la luminosité est bonne, il est temps de mettre le spi pour accélérer ! (l’ordinateur de bord indique une arrivée à la passe vers 21h à notre vitesse de tortue…de terre, car dans l’eau, elles filent !)
On a bien tout préparé, selon le manuel qui dit (au contraire du livre des Glénans), de garder la grand voile et rouler le génois.
Cela se déroule pas trop mal, mais avec la houle qui lui imprime de grand mouvements et la grand voile qui le dévente, le tout avec peu de vent, le spi ne tient pas bien et se replie régulièrement sur lui même.
On le remet dans sa chaussette, pose 3 ris à la grand voile pour limiter la dévente et c’est reparti ! Mais le temps de faire ça, le spi a visiblement eu le temps de tourner sur lui même et ne se déploie pas.

On est fatigués, il est temps de prendre un petit déjeuner, c’est donc avec un moteur qu’on avance (et une voile au 3ème ris). 5,5 noeuds, l’heure d’arrivée prévue est de nouveau raisonnable.

Une fois les forces reprises, on sort le spi entièrement de sa chaussette sur le pont en l’attachant régulièrement pour qu’il ne se gonfle pas; on lui trouve 2 tours entre lui et sa chaussette (bizarre). Ça n’a pas dû aider sa mise en place le matin…

10h, on est tout bon ? On y va ? Euh… le vent est tombé à 5 noeuds, on laisse tomber, on range complètement la grand voile et profitons de la navigation (au moteur donc 🙁 )

13h45, le vent forcit de nouveau à 9-11 noeuds.
Je suis toujours à fond: « on met le spi » ? Bizarrement Leslie n’était plus super motivée.. j’utilise mon joker: « on essaie 15 minutes, si ça fonctionne pas, on met le génois et on continue appuyé au moteur »
Et là, le miracle opère: sans grand voile, les tours enlevés, ça se déploie tout seul, il est magnifique !
Par contre, nous n’avançons qu’à 4,5 noeuds, nous gardons donc un petit appui moteur pour rester à 6 noeuds et arriver avec assez de marge tout au fond du chenal (1H30 de chenal), où nous attend Lotus, avant la nuit.

Huahine !

Huahine se découpe à l’horizon, une baleine vient nous accueillir et repart. Nous approchons suffisamment pour faire des échanges radio avec Lotus.

Notre bateau pris depuis le mouillage par Lotus! Mais quel beau spi!!

Avec l’effet venturi près de l’île, le vent forcit assez pour que l’on coupe le moteur (12noeuds !). Nous longeons ainsi le récif sans autre bruit que la houle qui roule et s’écrase avec fracas sur celui ci (en quelque centaines de mètre la profondeur passe de 1000 mètres à 0!), c’est vraiment impressionnant.

Le Spi quand à lui opère sagement le passage de large tribord, au vent arrière puis au large bâbord à l’aide de nos réglages…

16h30, nous sommes à la passe. C’est un trajet magique qui nous attend pour rejoindre le mouillage tout au sud, avec le soleil couchant sur l’eau transparente, la végétation luxuriante, les paysages qui se découpent et défilent sous nos yeux..

On mouille ?

17h50, le soleil est tout juste couché, on fait (vraiment) confiance à Julien pour le rejoindre sur un plateau de sable. Le sondeur bippe et indique 1,1m pour un cata d’1,16m de tirant d’eau: Julien tu es vraiment vraiment sûr ? Il y aura en effet encore 20cm d’eau sous la quille et on est marée basse (on surveillera la houle tout de même)
C’est bon, on est positionné ? Leslie envoie l’ancre ! Comment ça, ça fait juste « clic clic ? ». Rhaaaaaa !
J’essaie aussi, Julien vient nous aider, desserre le frein, mais rien à faire ça ne descend pas. Le tout avec suffisamment de courant pour qu’il faille en permanence quelqu’un à la barre pour compenser.

on aperçoit la mine déconfite de Leslie devant le guindeau en panne…

On jette l’ancre de secours. C’était au final juste le disjoncteur qui avait été coupé par inadvertance lors des travaux moteurs de Papeete, et moi qui au lieu d’enlever le frein avait mis la sécurité qui empêche le guindeau de se dérouler. On a encore beaucoup à apprendre !

On est tous ravis de retrouver Lotus et c’est autour d’un bon apéro (et de rhum) que l’on se raconte toutes nos aventures!

Le film!

Voici quelques images admirablement filmées et montées par Leslie :

Tahiti

En bateau, rien n’est jamais certain…

Leslie le 4 septembre (article précédent):
«  Nous récupérons le spi (réparé) demain matin, puis retournons avec le bateau à la marina de Taina pour faire quelques grosses lessives, et profiterons des alizées pour notre première « grande » traversée jusqu’à Huahine (15h de navigation), d’ici la fin de la semaine. »

Le plan se déroule à merveille

  • Récupérer le Spi => check
  • Retour à la marina de Taina => check
  • Grosses lessives au port => check
  • Paiement de notre corps mort de Taina pour libération => check
  • Finalisation des dernières courses => et de 2 caddies bien chargés de plus.
  • Rangement dans le cata => check

Tout est prêt ? Vraiment ?

Une p’tite douche après cette journée chargée et… comment ça il n’y a pas d’eau ?

  • Le réservoir est plein ? => oui
  • L’alimentation électrique fonctionne ? => oui
  • Si on passe sur la pompe de secours ? => ça marche

Bon, on va pas partir avec déjà une pompe en panne. Je démonte, mais il faut arrêter la pompe de secours et du coup la machine à laver qui tourne pour le sac qu’on a oublié d’emmener à la laverie…
Au final c’est le contacteur de pression qui était mort (il indiquait en permanence que le circuit était sous pression et que la pompe n’avait pas besoin de se mettre en route) . Heureusement les anciens propriétaires en avait laissé un d’avance (hum… cela veut dire que c’est une panne courante ?)

Cécilie quelques dizaines de minutes plus tard: « elle a fait un drôle de bruit la machine ». Tiens c’est vrai que ça tourne plus très bien. Et ça sent le chaud aussi!
Il est tard, on verra demain.

Raah pourquoi tout est si compliqué !

Un résumé ultra-rapide des 3 jours suivants:

  • Premier diagnostique après démontage complet: problème entre le tambour et la cuve. Le tambour frotte sur la cuve et le moteur ne peut donc plus le lancer. Difficilement réparable.
  • Tahiti est en 60 hz, notre cata en 50Hz, et on a un format de machine inhabituel. Le Carrefour d’à coté – et les sites web d’électroménager de Tahiti – n’ont pas notre taille ni de machine compatible 50Hz.
  • on ne peut pas trouver de machine ici, faut l’importer.
  • Oui, mais ça coûte cher (premiers devis à 1000€ de transport par avion, puis 600€ par voie maritime, on n’a pas essayé les importateurs), ça prend du temps par bateau, qui la récupère en attendant si on repasse la chercher plus tard ?
  • A-t-on besoin d’une machine ? Peut-on partir et continuer éventuellement nos recherches par téléphone ?
  • Je perce la cuve pour voir ce qui est cassé. C’est un bras du tambour! Ça se ressoude ?

  • Y a un bateau soudeur pas loin (merci Julien pour l’info!)
  • Soudeur: « non ça se répare pas, mais je viens d’acheter un machine géniale à Carrefour qui est toute petite. Tu veux jeter un oeil ? » C’est le bon format ! En fait, cette machine n’était plus exposée car le chef de rayon n’était pas là la semaine dernière et il en restait 3 cachées dans le stock du magasin.
  • Peut-on passer notre cata en 60Hz ? A priori, au moins le convertisseur. Appel à un électricien, on teste, c’est possible !
  • Tous nos autres appareils sont compatibles 60hz ? => oui
  • L’électricien qui passe notre système en 60Hz: « savez-vous qu’il n’y a que Tahiti en 60Hz ? Toutes les autres îles de Polynésie sont en 50Hz » => Appel de tous les magasins pour trouver une machine au bon format en 50Hz (puisque ça doit être possible) => rien
  • Achat de la machine 60Hz de Carrefour (je vous laisse imaginer l’acheminement en caddie puis en annexe d’une machine de 50kg jusqu’au cata)
  • Test => KO, le programme ne se finit pas (le soudeur m’avait prévenu, ça veut dire qu’on est toujours en 50Hz au lieu de 60).
  • On passe manuellement le convertisseur en 60hz => ça fonctionne !
  • Reste le générateur qui lui est toujours en 50Hz. (on ne peut juste pas le mettre en même temps que la machine). Ce modèle-là est sensé savoir faire du 60Hz, mais il est marqué «  manufactured with 50Hz » et on a pas l’option « écran digital » qui lui permet de passer de l’un à l’autre. Si jamais quelqu’un peut avoir l’info de comment le passer en 60Hz, on est preneur ! (Générateur Cummins Onan MDKBJ )

Ouf, on est paré, on part demain soir?

NB: Article paru le 12 pour nos activités du 6 au 9

Tahiti

Papeete (révisions)

Nous voici depuis 3 jours à quai à Papeete, où nous renouons avec la civilisation.
La traversée depuis la baie d’Oponohu s’est faite sans encombre, avec une première partie de calme plat qui nous a permis d’admirer les courses de poissons-volants, et une deuxième partie avec un vent un peu plus soutenu, proposant des rafales à 23 noeuds… Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit à la marina de Papeete, avec notre première manoeuvre de port, et effectivement, la manoeuvrabilité d’un cata est bien plus confortable que celle d’un monocoque! Nous nous en sommes bien sortis.

Nous (re)découvrons Papeete durant ce petit séjour citadin; la marina est située en plein centre-ville, ce qui nous offre le luxe de viennoiseries fraîches pour le petit-déjeuner, de pâtisseries hautes coutures, de dîners aux roulottes…
(note: les roulottes, c’est le paradis selon Cécilie: chacun choisit ce qu’il veut manger à des roulottes différentes, ce qui offre des choix aussi variés que galette bretonne, hamburger, pizza ou chinois!)

C’est finalement le seul point faible de ce voyage jusqu’à présent: les repas, puisque je dois préparer deux repas par jour pour 4 avec peu d’ingrédients différents à ma disposition, je commençais à manquer d’imagination… mais je viens de trouver à la librairie un petit ouvrage qui devrait nous aider à survivre – et mieux manger- ces prochains mois!
Donc à Papeete nous mangeons, beaucoup et bien, même si bizarrement une très grande partie des plats proposés sont chinois ou d’inspiration chinoise; il n’y a pas (ou très peu, en tout cas pas encore vu) de restaurants Polynésiens. Il semblerait que la cuisine des îles ait été très fortement influencée par la cuisine de la diaspora chinoise, et l’ait mêlée à ses produits locaux. Mais c’est pas grave, on adore les nouilles et la sauce aigre-douce.
Nous mangeons, et nous faisons des courses! Vincent surtout, qui sillonne la ville et sa banlieue à bord d’une voiture de location à la recherche de nombreuses pièces détachées pour le moteur, le désalinisateur, des bouts, des filtres, outils, lampes… On devrait être parés pour une année de navigation! Vincent pourra ensuite se reconvertir en coursier, il devient spécialiste de toutes les boutiques d’accastillage, de mécanique et de quincaillerie de l’île…
Nous approvisionnons également le bateau: 20 kg de sucre, de farine, des litres de jus de fruits, des tablettes de chocolat, des fruits, des légumes, des conserves… Les superettes se feront de plus en plus rares sur les îles que nous rencontrerons, nous emmagasinons donc au maximum.


J’ai fait également quelques achats complètement indispensables: j’ai visité les boutiques de perles et de bijoux avec Agathe, pour acquérir de quoi fabriquer divers petits bijoux durant notre navigation à partir des coquillages et des graines que nous trouverons! Nous avons déjà fait quelques essais plutôt concluants depuis le début du voyage, et Elodie, de Lotus, m’avait montré au mois d’août toutes les petites boutiques, parfois confidentielles, dans lesquelles je pouvais m’approvisionner en fermoirs, chaînes, cordons…

La grosse révision (des 4 ans/1000h) des moteurs (but premier de notre séjour) touche à son terme: Dominique a démonté, dessalé, nettoyé, réparé et repeint même certaines pièces. Il vient de les redémarrer et a l’air satisfait: à nous les grands espaces, la solitude et le silence! C’est bruyant la ville, on avait oublié. Surtout quand des jeunes, qui ne semblent pas avoir cours le mercredi après-midi, se posent en face de la marina avec quatre énormes baffles: ils parviennent même à couvrir la 2×2 voies qui longe le front de mer, embouteillée de 7h à 17h…
Mais les Tahitiens sont extrêmement courtois au volant: il suffit que nous nous présentions au passage-piéton pour que la circulation s’arrête immédiatement (à moins que ce soit mon charisme légendaire, mais j’ai des doutes…). A tel point qu’aux heures de pointes, des policiers empêchent les gens de traverser (au grand dam d’Agathe, « normalement les policiers ils font l’inverse? ») pour qu’il y ait un minimum de fluidité dans les artères de Papeete…

Nous retrouvons les coqs, poules et poussins toujours en vadrouille, aussi à l’aise en plein centre-ville sous les voitures que dans la forêt vierge en haut des cols. Ce volatile présente des capacités d’adaptation beaucoup trop sous-estimées en Europe, il faudrait peut-être revoir sa place au sein de nos sociétés! Guide de haute-montagne par exemple, ou rédacteur du Routard…

Nos promenades nous font découvrir de très belles fresques murales, colorées et variées; le street art a une place importante sur Tahiti et Mooorea, où nous avons régulièrement croisé des œuvres bien mises en valeur. On pourrait peut-être créer un jumelage avec le Grenoble Street Art festival? Je devrais me renseigner…

Nous avons également profité de deux petites plages en banlieue de Papeete, l’une de sable noire, bordée d’une jolie falaise, l’autre de galet, avec une belle vue sur les longs doigts de végétation, vestiges de coulées volcaniques, qui semblent entrer dans l’eau, et se voient particulièrement bien de Moorea!

Nous récupérons le spi (réparé) demain matin, puis retournons avec le bateau à la marina de Taina pour faire quelques grosses lessives, et profiterons des alizées pour notre première « grande » traversée jusqu’à Huahine (15h de navigation), d’ici la fin de la semaine.

Moorea

Plongée en raie-union

Après notre petite navigation bien mouvementée (voir l’article précédent et nos turpitudes avec le Spi), nous sommes bien contents de mouiller et de revoir Lotus et son équipage !

(D’ailleurs, si j’avais donné ma version de notre aventure, je n’aurais pas été aussi spi-rituelle que Vincent, mon article aurait contenu davantage de « et là j’ai paniqué », « donc là j’ai crié très fort » , « là je l’ai peut-être insulté » (le spi bien sûr, pas Vincent… quoique…), et en plus j’ai pris plein de coups de soleil car j’étais sensée être sur le pont 10 minutes seulement…)

Bref, nous sommes bien contents de retrouver les copains, qui nous avaient déjà apporté leur soutien par VHF (« euh, c’est vous qui faites des ronds avec un spi tout bizarre? »), et avec qui nous partageons un gâteau au chocolat bien mérité, puis quelques planteurs en jouant au Time’s up (pour le plus grand plaisir de Vincent )… Le moral va déjà mieux!

Jeudi matin, une fois l’école terminée pour les deux bateaux, nous plongeons ensemble sur un spot particulier pas loin de l’hôtel des Tipaniers, au nord-ouest de la baie d’Opunohu.

A cet endroit, le lagon est sableux et peu profond, et les raies pastenagues se retrouvent autour de quelques guides Polynésiens qui les attirent avec des bouts de pâte de poissons pour le plus grand plaisir des touristes. Cette pratique semble un peu limite sur le plan de l’écosystème, mais il s’agit davantage de « smelling » que de « feeding », c’est à dire d’odeurs plus que de nourrissage proprement dit. Nous faisons attention au début à ne pas les toucher, mais les raies s’approchent au plus près des plongeurs, cherchant le contact, grimpant même parfois sur le dos et le ventre des touristes, c’est très tentant de les caresser! Des requins pointes-noires nous tournent autour, beaucoup plus circonspects…
Nous vivons donc un moment assez fou, au milieu des ces raies virevoltantes, toutes douces et parfois déroutantes, jouant et plongeant au milieu d’elles. Cécilie oscille entre petites frayeurs quand la raie s’approche de trop près, et grande joie quand elles tournoient autour d’elle; certaines sont vraiment imposantes, mais flottent entre deux eaux tout en légèreté. Avec nos masques et nos palmes, nous paraissons vraiment ballots et disgracieux, et la couleur de nos t-shirts anti-uv fait tache dans ces fonds aigue-marine…


Après une bonne heure à batifoler avec ces anges des mers, nous retrouvons la terrasse merveilleuse du snack de l’hôtel des Tipaniers, que nous avions découvert lundi, ainsi que sa plage splendide et son eau transparente, dans laquelle Cécilie et Lilas s’ébattent tout l’après-midi.


De retour au bateau, nous profitons d’une mer complètement apaisée pour sortir le drone et gagner un peu en dextérité, mais nos images manquent encore de fluidité…

En lisant les différents blogs de navigateurs avant de partir, il était souvent question de ces « bateaux-copains » que l’on croise sur une île, retrouve sur une autre, avec qui on partage une traversée, plein de tuyaux et d’astuces, et c’est vrai que la présence de Lotus en ce tout début de voyage nous apporte énormément: les filles sortent de leur huis clos, Vincent peut poser plein de questions techniques à Julien qui a déjà tout réparé sur son bateau, et je confie mes angoisses avec Elodie (combien de caddies de courses vous faites pour ne pas mourir de faim aux Tuamotu? C’est quoi ta recette de pain? Est-ce qu’il te reste un fermoir pour terminer mon bracelet de perle? ). Ils connaissent les bons mouillages, les réparateurs de moteur et de spi, et les spots de plongée sympas. Nous avons beaucoup de chance de les avoir croisés! Nous nous retrouverons peut-être à Tahaa, notre prochaine escale après la révision du moteur, mais ne les suivrons pas jusqu’en Nouvelle Zélande, je n’ai pas apporté les bons vêtements…

notre plongée avec les raies
Moorea

Pas très in-Spi-ré

Après une semaine dans les mouillages près de Vaiare, il est temps d’aller voir au nord de Moorea!
Cela commence pas trop mal avec des baleines qui nous font coucou de loin. Comme le temps a l’air de s’y prêter: on se dit qu’il est temps de tester le Spi! Je ne l’avais monté qu’une fois lors du test en mer pour l’achat il y a 2 mois déjà..

Le Spi Parasailor sur Fakarever
Voici à quoi cela ressemble lorsqu’il est bien lancé (spi de type Parasailor):

Pour en arriver-là, il faut

  • le sortir de la pointe avant – check
  • le monter au mât à l’aide de la drisse dans sa chaussette (la voile est rassemblée sur toute sa longueur dans un sac – la chaussette – que l’on va remonter ensuite).
  • Ne pas oublier d’attacher le bas de la chaussette pour qu’elle ne vole pas par la suite – check
  • Attacher les 4 écoutes et les mettre en place – check
  • ouvrir la chaussette et le laisser se déployer….

Bon on va pas faire durer le suspens plus longtemps: c’est là que ça se gâte.

Tout d’abord la chaussette ne remonte pas bien au niveau de l’aile centrale, le temps de faire du yo-yo avec la chaussette, les écoutes battent et… n’ayant fait que des noeuds de chaise simple (sans sécurité) et pas assez serrés, 2 écoutes se défont ! (raaaah, on nous l’avait bien dit pendant notre formation !!)
C’est pas grave, on rattrape gentiment le spi, on refait les 4 noeuds de chaises et c’est reparti!

Et là, on s’aperçoit de notre double erreur:
1) on a monté le spi à tribord pour un vent qui venait lui aussi de tribord: le spi va donc traverser tout notre avant pour pouvoir se gonfler
2) on a fixé la drisse de chaussette sur un taquet lui aussi à tribord.

Le spi est dévié, le vent n’est pas tout à fait stable et au lieu de se gonfler joliment cette fois-ci, il s’enroule autour de notre étai (le câble qui tient le mât à l’avant et sur lequel notre génois est lui aussi enroulé). 5 tours bien serrés et trop haut pour qu’on puisse tenter de les défaire… cela se nomme un spi en cocotier !
Leslie a la bonne idée d’attacher le bas du spi pour qu’il ne batte pas et nous en sommes là:

Nous visons une baie tranquille pour le défaire tranquillement, mais une idée me vient en voyant battre gentiment le milieu: si on faisait faire des tours au bateau pour que le vent nous aide à dérouler le spi ? (très mauvaise idée en fait, comme nous allons l’expérimenter…)

  • 1 tour, tout va bien
  • 2 tours, on tient le bon bout: ça fonctionne !
  • 3ème tour…euh, c’est grand un spi, et quand on le déroule, c’est une partie de plus en plus grande qui flotte, et…. s’emmêle dans le radar et les antennes du mât ! Pas cool du tout ça en plus ça bat et on risque franchement de l’abîmer !

Bon, on range la grand voile et c’est parti pour ma première montée au mat en mer en étant assurée par Leslie!
Démêlage ok, mais le temps de faire tout ça, le spi s’est malheureusement un peu déchiré 🙁
(Rien de bien grave à priori, mais nous allons le faire réviser car c’est une voile délicate!)

Une fois démêlé du mât, il bat devant. Une dernière idée me vient (meilleure cette fois-ci), en passant d’un grand large (on garde le vent derrière) à bâbord puis à tribord en fonction de la position du spi autour de l’étai, on arrive à le dérouler et il se gonfle enfin..

On range tout, assez d’émotion pour aujourd’hui… de toute façon le temps de faire tout ça on est arrivé au mouillage de la baie de Opunohu!