Tahiti

Pendant ce temps, de l’autre côté du monde…

C’était une info banale, noyée dans la section « internationale »; puis elle a commencé à faire la Une – « heureusement qu’on n’a pas fait notre année sabbatique en Asie » – au coude à coude avec la réforme des retraites et la campagne des municipales. L’Italie est entrée en jeu, juste le jour où deux Milanais nous ont abordés en kayak pour parler de notre bateau -« on aimerait bien faire la même chose que vous l’année prochaine! »: grosse psychose à Fakarava suite à ces touristes, le maire interdit la venue des prochains paquebots sur son île. C’est le début des régulations, des certificats médicaux avant d’arriver en avion. Passage obligé des paquebots à Papeete avant les îles, puis interdiction complète de venir en Polynésie. Les Etats-Unis ferment les aéroports, les compagnies trouvent des parades pour continuer à desservir la Polynésie: vol direct, ou avec une étape à Pointe-à-Pitres. Et le premier cas: une députée qui avait été en contact avec le ministre de la culture à Paris. Le deuxième: evasané depuis Fakarava… Décidément… L’infirmière est en quatorzaine, c’est la panique, les municipales sont annulées? Reportées? Finalement maintenues, avec un taux de participation à 95% à Fakarava. Mais l’école et la poste sont fermées. Avant-hier, tous les nouveaux arrivants à Tahiti doivent se mettre d’eux-mêmes en quatorzaine. Les écoles fermées à partir d’aujourd’hui. Interdiction aux non-résidents d’entrer. Sixième cas cet après-midi avec un touriste fraichement arrivé pour une croisière sur un voilier, à la marina.
La nuit, nous suivons l’accélération folle en France: aux dessins et « mèmes » marrants sur Facebook ont succédé des avertissements plus sérieux, puis carrément des enguelades sévères -« les inconscients qui sortent encore! »; en moins de 15 jours, tout s’est métamorphosé, le vide s’est étendu des rayons aux rues, il n’y a plus qu’une actualité, qu’un sujet de conversation sur What’s app. L’angoisse se fait de plus en plus palpable, la peur se répand, pour ses proches et pour les autres aussi.
De loin, on assiste impuissants aux différentes mesures mises en place, qui paraissent toujours trop tardives et pas assez préventives a posteriori, mais pourtant à chaque fois drastiques. On envoie des messages de soutien, on partage notre expérience d’école à la maison, on se pose la question: est-ce qu’on rentre? Quand, où? Pour quoi faire? Trop tard pour voir nos familles, pour être d’une assistance quelconque à qui ce soit… On reste ?
Cela fait 15 jours que nous avons quitté Fakarava, avant que tout ne s’emballe. A l’époque, on hésite encore à traverser pour rejoindre Papeete: la météo n’est pas terrible sur Tahiti, vigilance orange pour les pluies, des inondations forcent les gens à rester chez eux. Dans les Tuamotus des orages peuvent éclater, avec des rafales à 30 noeuds sous grain. Et nous avons toujours notre étai à moitié cassé (certes sécurisé avec deux drisses), qui menace le bateau de démâtage en cas de vagues ou de vent violents, ainsi que des trappes de survie qui peuvent tomber à l’eau au niveau de la ligne de flottaison et laisser les vagues entrer… Vincent étudie les différentes prévisions météo heure par heure, et trouve une fenêtre idéale: entre deux dépressions, une zone calme qui se déplacerait d’est en ouest, en même temps que nous… On la surveille, la mesure; les modèles sont tous d’accord, ça paraît fiable; la mer est encore assez agitée, on fait des tableaux pour calculer la charge maximale que peut prendre la grand voile en fonction du vent et des allures; on renforce nos trappes; on fait nos adieux, à Diana qui verse une larme, à Sophie et sa famille qui nous offrent un excellent poisson cru au lait de coco et de beaux cadeaux made in Faka faapu… Et on part, dimanche 1er mars, sous une petite pluie qui apaise nos cœurs gros, et nous dirigeons vers la passe: la fameuse passe Nord, aux sept courants, la plus grande des Tuamotus…

Même pas peur!

Elle ne nous déçoit pas: nous sommes au bord d’un grain, avec des vagues dans tous les sens; cela ressemble fortement à une manœuvre d’intimidation et à une énième tentative de Fakarava pour nous garder encore quelques semaines… Mais nous optimisons notre course, serrons les dents, et sortons du mascaret pour filer vers le soleil couchant. Nous naviguons les 24 premières heures à la voile, avec deux voire trois ris et vent arrière pour stabiliser le mât et prendre le minimum de risques, avec une petite moyenne de 4 noeuds. Pas besoin d’aller plus vite, on risquerait d’arriver de nuit à Tahiti… La houle se calme petit à petit, le ciel est dégagé, nous apprécions la présence de la lune la moitié de nos nuits. Le vent finit par tomber, nous continuons au moteur.

Mercredi 4 mars, 2h du matin, après 52h de solitude: un île pleine de lumières! Et d’odeurs que nous avions oubliées: de terre, de forêt, de muscade, de vanille, qui nous heurtent toutes ensembles comme un mur olfactif. Submersion de messages What’s App – et d’émotion: le petit Charles, mon neveu, est né pendant notre traversée…
Nous franchissons la passe de Papeete, qui nous paraît minuscule, aux premières lueurs du jour: les routes grouillent déjà de monde, de nouvelles odeurs apparaissent – pots d’échappement, kerozen-, des bruits aussi qu’on avait oubliés dans notre atoll isolé – léger choc quand un avion nous survole avant d’atterrir…
Petite manœuvre pour s’amarrer au ponton de la marina, et ça y est: on l’a fait, on n’a pas démâté, ni coulé… au dodo…
Mais nous sommes rapidement happés par le rythme de la ville, et ne restons pas longtemps inactifs: Vincent a reçu le kit de sécurisation de ces fichues trappes, et se met au travail, secondé par Agathe – faire des trous dans la coque de son bateau, une expérience à vivre…

Nous croyons pouvoir faire réparer l’étai dès le vendredi, le gréeur ayant reçu les pièces attendues, mais c’eut été trop beau: après un départ aux aurores pour Taina – le point de départ de notre longue aventure que nous retrouvons avec beaucoup de nostalgie, pour s’amarrer au ponton technique où doivent se faire les réparations – le couperet tombe: « c’est plus compliqué que ça »… Pour faire court et simple, notre étai actuel est plus fin que ce qui est préconisé par le constructeur, d’où un vieillissement prématuré… On ne saura jamais pourquoi, même si des marques semblent montrer que ce câble a été démonté depuis la construction du navire… Bref, les pièces commandées ne suffisent pas… Nous retournons à Papeete, pour la suite des courses: des nouvelles chaussures pour les filles – qui continuent de grandir – des livres, des nacres, des cordons de cuir pour bracelets et colliers, du matériel pour le bateau…

Vincent fait la révision du moteur de l’annexe (impeller et vidange de l’embase) en compagnie de Dominique du voilier Viva, rencontré à Fakarava, puis la vidange du générateur; ponçage et vernissage de la table du cockpit pour moi; pêche aux crabes et aux crevettes depuis le ponton pour les filles! Elles ont rencontré une petite voisine, Apolline, qui vit à l’année à la marina, et qui les initie à la pêche à l’épuisette… Elles y passent tous leurs après-midis, c’est beaucoup plus drôle finalement que les jeux au parc de Paofai, surtout quand les tortues viennent grignoter les algues à quelques mètres de leurs filets…

Agathe est en pleine forme depuis que son œil va mieux: il était gonflé depuis quelques semaines, très sensible à la lumière. L’infirmière de Fakarava n’avait rien vu de spécial et lui avait donné des gouttes antibiotiques, en nous recommandant un ophtalmo s’il n’y avait pas d’amélioration. Rendez-vous pris lundi matin, il y a un corps étranger coincé sous la paupière, opération sous anesthésie générale le lendemain après-midi. La clinique est à un quart d’heure à pied de la marina, l’assurance-santé est réactive, pas mal de paperasses, mais tout se passe bien! Agathe entre au bloc opératoire rassurée par des infirmiers avec des charlottes rigolotes, et je la récupère deux heures plus tard, dans les vappes mais contente que tout soit terminée. Aucune séquelle, elle retrouve sa belle humeur!

Il ne reste donc plus que l’étai à réparer… Nous retournons au ponton technique de Taina avant-hier, mais le gréeur a un coup de chaud, et ne peut pas continuer. Nous restons amarrés pour la journée, en profitons pour faire du snorkeling près de la barrière de corail: nous retrouvons l’eau chaude et translucide des îles de la société (oui, moi j’ai trouvé que l’eau était frisquette à Fakarava, pas plus de 26°C…), et sa faune sous-marine dense et bariolée. Avec de très belles surprises: quatre tortues, une raie pastenague et une raie léopard! Un record dans cette partie du lagon…

Mardi matin, coup de téléphone du gréeur: son assistant a le nez qui coule, c’est peut-être le virus… Nous rentrons à Papeete… Pour en repartir ce matin: finalement ce n’était qu’un rhume. Grosse journée de travail, avec son lot de surprises, mais qui finalement s’arrangent au cours de la journée, et ce soir à 20h30: l’étai est remonté! Le gréeur repasse demain matin pour affiner les réglages mais ça paraît pas mal…
Et ensuite? Ce sera le confinement, dans un mouillage idéalement, autour de Tahiti puisqu’on ne peut plus naviguer d’une île à l’autre… L’avitaillement a été fait samedi dernier, je finirai de faire ma réserve de pain et de pommes demain matin… Nous suivrons l’évolution des situations, en prenant le temps de profiter de chaque journée avec les filles, puisqu’au départ, notre année sabbatique, c’était pour nous retrouver en famille… Bon courage à tous et à toutes pour ces prochaines semaines difficiles, n’hésitez pas à nous donner des nouvelles!
Quelques vidéos pour sortir virtuellement de chez vous: celles de l’article précédent sont toutes disponibles (vive la 4G…), et voici celle de notre retour à Tahiti: (la chanson qui l’accompagne: hymne à Fenua, la terre-mère des Polynésiens)

Retour à Tahiti
Tahiti

En bateau, rien n’est jamais certain…

Leslie le 4 septembre (article précédent):
«  Nous récupérons le spi (réparé) demain matin, puis retournons avec le bateau à la marina de Taina pour faire quelques grosses lessives, et profiterons des alizées pour notre première « grande » traversée jusqu’à Huahine (15h de navigation), d’ici la fin de la semaine. »

Le plan se déroule à merveille

  • Récupérer le Spi => check
  • Retour à la marina de Taina => check
  • Grosses lessives au port => check
  • Paiement de notre corps mort de Taina pour libération => check
  • Finalisation des dernières courses => et de 2 caddies bien chargés de plus.
  • Rangement dans le cata => check

Tout est prêt ? Vraiment ?

Une p’tite douche après cette journée chargée et… comment ça il n’y a pas d’eau ?

  • Le réservoir est plein ? => oui
  • L’alimentation électrique fonctionne ? => oui
  • Si on passe sur la pompe de secours ? => ça marche

Bon, on va pas partir avec déjà une pompe en panne. Je démonte, mais il faut arrêter la pompe de secours et du coup la machine à laver qui tourne pour le sac qu’on a oublié d’emmener à la laverie…
Au final c’est le contacteur de pression qui était mort (il indiquait en permanence que le circuit était sous pression et que la pompe n’avait pas besoin de se mettre en route) . Heureusement les anciens propriétaires en avait laissé un d’avance (hum… cela veut dire que c’est une panne courante ?)

Cécilie quelques dizaines de minutes plus tard: « elle a fait un drôle de bruit la machine ». Tiens c’est vrai que ça tourne plus très bien. Et ça sent le chaud aussi!
Il est tard, on verra demain.

Raah pourquoi tout est si compliqué !

Un résumé ultra-rapide des 3 jours suivants:

  • Premier diagnostique après démontage complet: problème entre le tambour et la cuve. Le tambour frotte sur la cuve et le moteur ne peut donc plus le lancer. Difficilement réparable.
  • Tahiti est en 60 hz, notre cata en 50Hz, et on a un format de machine inhabituel. Le Carrefour d’à coté – et les sites web d’électroménager de Tahiti – n’ont pas notre taille ni de machine compatible 50Hz.
  • on ne peut pas trouver de machine ici, faut l’importer.
  • Oui, mais ça coûte cher (premiers devis à 1000€ de transport par avion, puis 600€ par voie maritime, on n’a pas essayé les importateurs), ça prend du temps par bateau, qui la récupère en attendant si on repasse la chercher plus tard ?
  • A-t-on besoin d’une machine ? Peut-on partir et continuer éventuellement nos recherches par téléphone ?
  • Je perce la cuve pour voir ce qui est cassé. C’est un bras du tambour! Ça se ressoude ?

  • Y a un bateau soudeur pas loin (merci Julien pour l’info!)
  • Soudeur: « non ça se répare pas, mais je viens d’acheter un machine géniale à Carrefour qui est toute petite. Tu veux jeter un oeil ? » C’est le bon format ! En fait, cette machine n’était plus exposée car le chef de rayon n’était pas là la semaine dernière et il en restait 3 cachées dans le stock du magasin.
  • Peut-on passer notre cata en 60Hz ? A priori, au moins le convertisseur. Appel à un électricien, on teste, c’est possible !
  • Tous nos autres appareils sont compatibles 60hz ? => oui
  • L’électricien qui passe notre système en 60Hz: « savez-vous qu’il n’y a que Tahiti en 60Hz ? Toutes les autres îles de Polynésie sont en 50Hz » => Appel de tous les magasins pour trouver une machine au bon format en 50Hz (puisque ça doit être possible) => rien
  • Achat de la machine 60Hz de Carrefour (je vous laisse imaginer l’acheminement en caddie puis en annexe d’une machine de 50kg jusqu’au cata)
  • Test => KO, le programme ne se finit pas (le soudeur m’avait prévenu, ça veut dire qu’on est toujours en 50Hz au lieu de 60).
  • On passe manuellement le convertisseur en 60hz => ça fonctionne !
  • Reste le générateur qui lui est toujours en 50Hz. (on ne peut juste pas le mettre en même temps que la machine). Ce modèle-là est sensé savoir faire du 60Hz, mais il est marqué «  manufactured with 50Hz » et on a pas l’option « écran digital » qui lui permet de passer de l’un à l’autre. Si jamais quelqu’un peut avoir l’info de comment le passer en 60Hz, on est preneur ! (Générateur Cummins Onan MDKBJ )

Ouf, on est paré, on part demain soir?

NB: Article paru le 12 pour nos activités du 6 au 9

Tahiti

Papeete (révisions)

Nous voici depuis 3 jours à quai à Papeete, où nous renouons avec la civilisation.
La traversée depuis la baie d’Oponohu s’est faite sans encombre, avec une première partie de calme plat qui nous a permis d’admirer les courses de poissons-volants, et une deuxième partie avec un vent un peu plus soutenu, proposant des rafales à 23 noeuds… Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit à la marina de Papeete, avec notre première manoeuvre de port, et effectivement, la manoeuvrabilité d’un cata est bien plus confortable que celle d’un monocoque! Nous nous en sommes bien sortis.

Nous (re)découvrons Papeete durant ce petit séjour citadin; la marina est située en plein centre-ville, ce qui nous offre le luxe de viennoiseries fraîches pour le petit-déjeuner, de pâtisseries hautes coutures, de dîners aux roulottes…
(note: les roulottes, c’est le paradis selon Cécilie: chacun choisit ce qu’il veut manger à des roulottes différentes, ce qui offre des choix aussi variés que galette bretonne, hamburger, pizza ou chinois!)

C’est finalement le seul point faible de ce voyage jusqu’à présent: les repas, puisque je dois préparer deux repas par jour pour 4 avec peu d’ingrédients différents à ma disposition, je commençais à manquer d’imagination… mais je viens de trouver à la librairie un petit ouvrage qui devrait nous aider à survivre – et mieux manger- ces prochains mois!
Donc à Papeete nous mangeons, beaucoup et bien, même si bizarrement une très grande partie des plats proposés sont chinois ou d’inspiration chinoise; il n’y a pas (ou très peu, en tout cas pas encore vu) de restaurants Polynésiens. Il semblerait que la cuisine des îles ait été très fortement influencée par la cuisine de la diaspora chinoise, et l’ait mêlée à ses produits locaux. Mais c’est pas grave, on adore les nouilles et la sauce aigre-douce.
Nous mangeons, et nous faisons des courses! Vincent surtout, qui sillonne la ville et sa banlieue à bord d’une voiture de location à la recherche de nombreuses pièces détachées pour le moteur, le désalinisateur, des bouts, des filtres, outils, lampes… On devrait être parés pour une année de navigation! Vincent pourra ensuite se reconvertir en coursier, il devient spécialiste de toutes les boutiques d’accastillage, de mécanique et de quincaillerie de l’île…
Nous approvisionnons également le bateau: 20 kg de sucre, de farine, des litres de jus de fruits, des tablettes de chocolat, des fruits, des légumes, des conserves… Les superettes se feront de plus en plus rares sur les îles que nous rencontrerons, nous emmagasinons donc au maximum.


J’ai fait également quelques achats complètement indispensables: j’ai visité les boutiques de perles et de bijoux avec Agathe, pour acquérir de quoi fabriquer divers petits bijoux durant notre navigation à partir des coquillages et des graines que nous trouverons! Nous avons déjà fait quelques essais plutôt concluants depuis le début du voyage, et Elodie, de Lotus, m’avait montré au mois d’août toutes les petites boutiques, parfois confidentielles, dans lesquelles je pouvais m’approvisionner en fermoirs, chaînes, cordons…

La grosse révision (des 4 ans/1000h) des moteurs (but premier de notre séjour) touche à son terme: Dominique a démonté, dessalé, nettoyé, réparé et repeint même certaines pièces. Il vient de les redémarrer et a l’air satisfait: à nous les grands espaces, la solitude et le silence! C’est bruyant la ville, on avait oublié. Surtout quand des jeunes, qui ne semblent pas avoir cours le mercredi après-midi, se posent en face de la marina avec quatre énormes baffles: ils parviennent même à couvrir la 2×2 voies qui longe le front de mer, embouteillée de 7h à 17h…
Mais les Tahitiens sont extrêmement courtois au volant: il suffit que nous nous présentions au passage-piéton pour que la circulation s’arrête immédiatement (à moins que ce soit mon charisme légendaire, mais j’ai des doutes…). A tel point qu’aux heures de pointes, des policiers empêchent les gens de traverser (au grand dam d’Agathe, « normalement les policiers ils font l’inverse? ») pour qu’il y ait un minimum de fluidité dans les artères de Papeete…

Nous retrouvons les coqs, poules et poussins toujours en vadrouille, aussi à l’aise en plein centre-ville sous les voitures que dans la forêt vierge en haut des cols. Ce volatile présente des capacités d’adaptation beaucoup trop sous-estimées en Europe, il faudrait peut-être revoir sa place au sein de nos sociétés! Guide de haute-montagne par exemple, ou rédacteur du Routard…

Nos promenades nous font découvrir de très belles fresques murales, colorées et variées; le street art a une place importante sur Tahiti et Mooorea, où nous avons régulièrement croisé des œuvres bien mises en valeur. On pourrait peut-être créer un jumelage avec le Grenoble Street Art festival? Je devrais me renseigner…

Nous avons également profité de deux petites plages en banlieue de Papeete, l’une de sable noire, bordée d’une jolie falaise, l’autre de galet, avec une belle vue sur les longs doigts de végétation, vestiges de coulées volcaniques, qui semblent entrer dans l’eau, et se voient particulièrement bien de Moorea!

Nous récupérons le spi (réparé) demain matin, puis retournons avec le bateau à la marina de Taina pour faire quelques grosses lessives, et profiterons des alizées pour notre première « grande » traversée jusqu’à Huahine (15h de navigation), d’ici la fin de la semaine.

Tahiti

On dormira à Moorea ? (bis)

Samedi 17 août

Suite de la panne moteur

« Je pense que la boue ne datait pas d’hier et que le gasoil dans le réservoir est bon. » – Vincent le 16 août

Le lendemain matin je n’en suis plus si sûr. Surtout avec les commentaires reçus sur le blog (merci Philou!) et celui de l’expert: “ce sont des résidus de bactéries et si c’est le cas, (…) elles se mettent en suspension dès le moindre brassage”. Vous ai-je dit que le moteur s’est arrêté à la sortie de la passe avec les premières vagues ?

Avec mon naturel inquiet et curieux, c’est parti: avant d’aller à Moorea, je vais aller voir au fond de cette cuve ce qui se passe en vrai!

Inspection du réservoir
A quoi ça ressemble à l’intérieur ?

Vous aussi vous remarquez le tas noir un peu en dessous de la prise de gasoil en haut à droite ? Comme par hasard, il s’agit de la prise du moteur bâbord qui est tombé en panne. Ce tas bouge avec les vagues (on a beaucoup de houle sous forme de bouillon ce matin, même en étant derrière la barrière de corail à notre bouée)

Julien arrive à ce moment-là récupérer Violette (suite à une soirée pyjama où elle a rigolé jusqu’à 23h la veille avec Agathe) et me dit qu’il a justement croisé Dominique (l’expert Yanmar passé la veille) sur le ponton.

Je saute dans l’annexe et le retrouve sur un des bateaux mouillés à proximité. Dominique me donne des conseils, puis me propose de passer avec sa pompe à vide pour aspirer ces impuretés. On en retire effectivement pas mal ! Il me confirme aussi que le gasoil est bon à part ces dépôts, qui ne sont pas récents (pas de contamination bactérienne, ouf !). En testant, on en profite aussi pour changer le préfiltre du moteur bâbord qui en avait besoin.

Entièrement rassurés, on se met en ordre de marche pour partir vers Moorea!

En route pour Moorea ?

Agathe monte sur Lotus pour naviguer avec Violette. Mais cette fois-ci c’est un de leur moteur qui crachotera trop peu d’eau..
C’est pas grave, on se retrouve sur le mouillage juste à côté de la marina. C’est l’occasion pour nous de faire notre premier mouillage, de tester l’ancre, vérifier que le fond est suffisant dans le disque autour de l’ancre… En 1 heure, le vent s’inverse et forcit, ce n’était pas juste de l’entrainement ! Pour être sûr j’ajoute un peu de chaîne, Julien me montre d’autres astuces et nous voilà parés pour notre première nuit.

Suite demain avec « On dormira à Moorea (ter ?) » ?

Tahiti

3, 2, 1, moteur !

(Suite de la panne moteur sur la route de Moorea.)
Le 16 aout 2019

Bon, d’après l’expert, c’est un problème d’alimentation de carburant. Du coup un bête problème de filtres et tuyaux ? Challenge accepted !

Comment marche l’alimentation en carburant d’un moteur Yanmar ?

1. Réservoir ou cuve avec les vannes (oui c’est sous notre lit. Heureusement c’est bien isolé, à moins qu’on ait le nez bouché)
2. le tuyau part du réservoir et arrive à un préfiltre équipé d’une pompe manuelle. Ce pré-filtre qui sépare aussi l’eau du gasoil
3.Le tuyau repart du pré-filtre et arrive au filtre (que l’on a essayé de changer hier, sans succès)
4. Suite au filtre, une partie est envoyée au moteur, le reste repart dans le réservoir
Vue d’ensemble

Rien de très compliqué à priori.

Première piste: l’alimentation du pré-filtre

Avec l’expert Yanmar, nous avions vu que le carburant n’arrivait pas au filtre en utilisant la mini pompe du pré-fitre. Première suspicion, un réducteur (inattendu selon l’expert) sur le tuyau d’alimentation avant le préfiltre.

Le réducteur

Effectivement ce réducteur était un peu bouché avec de la boue et à l’aide de ma poire toute neuve acheté ce matin (3000 francs tout de même), je tire encore un peu de de boue du tuyau avant d’arriver à du gasoil « propre » (i.e: bien transparent, pas de « poissons » et pas d’eau).

la “boue” extraite du tuyau à l’aide de la poire
Ma fameuse poire qui va nous sauver

Confiant, je dis à Leslie et mes filles qu’on va se baigner dans 20 minutes le temps de remonter tout ça. Par acquis de conscience, une fois tout remonté, j’essaie avec ma poire de tirer du carburant au niveau du filtre. Et… patatra, mon optimisme s’envole: la poire n’arrive pas à se regonfler; le gasoil n’arrive pas.

Leslie part plonger avec les filles, je démonte le pré-filtre pour en savoir plus et je me fait un aller retour au ship d’à coté pour essayer de trouver un nouveau préfiltre ( a-t-il vraiment été changé lors de la dernière révision de juin ? Est-ce que la boue du tuyau l’a déjà bouché ?). Peine perdu, il faut aller tout au bout de Papeete pour en avoir un.

Le déjeuner porte conseil

Tout ça ne colle pas: lors de l’essai de purge avec Julien hier, le gasoil dans le pré-filtre semblait « beau », en regardant l’intérieur du pré-filtre, je peux voir la membrane et elle semble propre…(mais la date de fabrication du pré-filtre est 2015, a-t-il vraiment été changé (bis) ?)
Leslie allant en ville avec Elodie cet après midi, je lui demande de passer me prendre un pré-filtre. Pendant ce temps-là, ça me gratouille: l’embout en entrée du pré-filtre fait un coude et j’imaginerais bien de la boue coincée dedans.

Le coude qui fait la jonction entre le tuyau et la tête du pré-filtre

Bingo !
Je remonte tout, le gasoil arrive bien cette fois-ci jusqu’au filtre. Je mets le contact. Re-confiant, un coup de démarreur. Non ? Faut insister ? KO, redescente émotionnelle, je n’ai finalement pas de don de mécano, on va devoir attendre que le « vrai » mécano soit disponible la semaine prochaine ou pire..

Un copain, ça aide énormément

(en plus du fait qu’il a gentiment gardé tous les enfants pendant mes opérations)
Je tente d’appeler Julien, qui sèche aussi, mais il a des tuyaux en rab, ça devrait permettre d’installer la poire au milieu du circuit et d’imaginer d’autres essais.
Il passe, je résume le truc. Il me propose de remettre le filtre qu’on avait essayé de changer hier car lui il date de 2 révisions.
Toujours KO, le moteur ne démarre pas.
On se demande si le filtre s’est bien rempli quand on a pompé manuellement. Vérification: ce n’est pas top ! On remet du carburant dedans (*: en fait, ici la bonne méthode est de ne pas le visser à fond, de pomper, et quand ça déborde, de finir de le visser).
Je n’y croyais plus trop, mais l’inattendu nous surprendra toujours: ça ronronne !!!!

Au final, c’était donc juste un tuyau et un coude de bouché, puis un amorçage mal fait. (mais j’y ai passé ma journée)

Et la suite ?

Équipé de pré-filtre et filtres de rechange, on est paré. Je pense que la boue ne datait pas d’hier et que le gasoil dans le réservoir est bon. La suite nous le dira !


Moorea nous revoilà ? (épisode 2)