Bora Bora

Plongée concert à Bora

On les a vues… de près… de tout près… qui donc? Les baleines…
Car il y a des baleines en Polynésie, pas longtemps: entre août et novembre, elles viennent profiter des eaux chaudes pour se reproduire, ou accoucher! Elles repartent ensuite dans le Sud… Sauf que cette année, elles n’étaient pas encore arrivées, elles se sont fait attendre, les premières ont été aperçues début septembre. Nous en avions aperçu autour de Moorea, puis lors de notre traversée de Huahine: un souffle d’air par-ci, un aileron par là, des présences discrètes qui nous font tressaillir puis bondir sur nos pieds à chaque fois: « une baleine!! Là, là!! ».
Des clubs de plongée proposaient à Tahiti des sorties pour les approcher, et même pour nager avec elles. Nos chemins n’avaient pas pu alors se croiser, mais nous avions déjà tant d’autres choses à découvrir…
Vincent est tombé la semaine dernière lors de la lecture d’un blog de voyageurs suisses sur les coordonnées de Simon, qui propose des sorties à Bora Bora. Pourquoi pas? Nous avons le temps, et si elles sont encore là, profitons-en!
Le rendez-vous est pris, les filles peuvent venir aussi; ce devait être hier, mais finalement décalée à aujourd’hui, la sortie tant espérée, fantasmée, rêvée (au moins pendant deux nuits cette semaine) commence! Sous des augures variés: en plongeant ce matin dans notre nouveau mouillage trop chouette j’ai croisé 3 raies-manta = bon augure; mais quand j’ai voulu replonger un peu plus tard mon appareil photo a pris l’eau = mauvais augure… Mais nous avons notre Go Pro, qui a le temps de charger avant de partir = bon augure… La pythie aurait été plus claire.
J’ai beaucoup préparé les filles pour cette sortie, car il semblerait que les conditions d’approche puissent être compliquées: le bateau à moteur n’a pas le droit d’approcher à moins de 100m du cétacé, nous sommes en haute mer donc il peut y avoir de la houle, et il ne faut pas faire d’éclaboussure en palmant car cela effraie ces grandes bêtes. Les filles sont à fond, parées pour la rencontre!
Nous partageons cette sortie avec un jeune couple américain en anniversaire de mariage, et trois slovènes qui sont dans un monocoque ancré juste à côté de nous; nous sortons par la passe vers l’océan, et les conditions sont idéales: peu de vent, mer très calme, peu de houle.
Et très très vite: une souffle! Deux autres plus loin! Simon met en route son hydrophone qui retransmet le chant de la baleine. Au début on n’y croit pas: ça doit être une bande son qu’il met pour les touristes… Le son est riche, puissant, fait vibrer le bateau dans les graves, nous agresse dans les aigus: c’est vraiment le chant d’une baleine?
Il y a un mâle qui chante depuis trois jours à cet endroit – d’ailleurs seuls les mâles chantent, pour attirer une toute belle (l’inverse de nos sirènes en sorte) -et d’après Simon pas trop farouche: on s’arrête là!
Les instructions pour la mise à l’eau et l’approche: on se glisse dans l’eau (pas de gros plouf), on attend que Simon soit près de la baleine, puis on le rejoint en marche arrière: Tehiva, qui assiste Simon dans la conduite du bateau, nous donne la direction. Cela évite de palmer à la surface, et c’est aussi moins fatigant – 100 mètres à faire dans les vagues, ça fait un bout. Les filles sont dans nos bras, leur coeur bat à toute allure, on y est presque…
L’eau est profonde, pleine de plancton, on ne voit pas grande chose… mais on entend. On vibre. On en prend plein les oreilles: ça craque, ça gargarise, ça cliquète, ça siffle, ça grince, ça assourdit, ça enchante… Nous sommes captivés par cette grosse masse qui se détache petit à petit du fond, queue en l’air, nez en bas, et qui s’en donne à coeur joie. Simon nous fait signe de rester bien groupés autour de lui, nous fait nous décaler… et la grosse masse remonte… Ce n’est pas une grosse masse: c’est gigantesque, formidable, merveilleux, gracieux: il s’est tut, mais nous continuons de frissonner en le regardant s’avancer vers nous, doucement, avec bienveillance. Il nous regarde, nous le regardons, minute bénie et hors du temps, puis il souffle, une fois, deux fois, se détourne, et redescend dans les profondeurs continuer son récital.

La première rencontre me laisse sans voix: je suis submergée par l’émotion, puis, après quelques secondes, je me joints aux cris de joie du groupe. Les filles n’en reviennent pas, elles n’ont pas eu peur, un peu impressionnées, mais complètement sous le charme…
L’après-midi passe vite, la baleine nous fait la grâce de venir nous voir à trois reprises, toutes aussi folles les unes que les autres, puis nous l’abandonnons à ses sérénades. Deux baleines semblent être à l’écoute à quelques kilomètres de là, sautant régulièrement lorsque le mâle remonte; nous les observons de loin, les laissant à leur ballet amoureux.

En rentrant dans la passe, la belle surprise: des dauphins accompagnent notre bateau! Nous sommes à quelques mètres d’eux, puis ils nous gratifient de sauts prodigieux! Triple vrille pour l’un, et saut de plusieurs mètres pour l’autre, même Simon n’avait jamais vu ça…


Nous rentrons au bateau fourbus mais ravis, toutes les attentes qui entouraient cette sortie ont été comblées, et largement dépassées…
Nous invitons les Slovènes pour un apéro bien mérité, afin d’échanger nos impressions, nos photos et nos expériences! Ils nous apportent même un très bon Pinot noir néo-zélandais, exactement ce qu’il nous fallait pour clôturer cette journée complètement folle…

Voici la vidéo de cette sortie, à laquelle je n’ai pas ajouté de musique: j’ai laissé les silences, pour mieux entendre le chant…

Raiatea

De Raiatea à Bora

Non seulement nous avons mieux dormi dans notre nouveau mouillage, dans la baie de Vaiaeho, mais nous nous y sommes sentis tellement bien que nous sommes restés une bonne semaine ancrés là, sous le point culminant de Raiatea, le mont Tefatua (1017 m d’altitude)… Une gigantesque falaise percée de cascades, pas besoin de chercher bien loin: on a retrouvé notre Chartreuse protectrice…


Les fonds coralliens sont magnifiques, avec quelques tortues et raies léopards, une eau bien chaude, la mer est calme malgré le vent qui s’enfile par une trouée du massif montagneux, que demander de plus?
Une course de va’a! Nous sommes aux premières loges (ils passent à 30 cm du bateau) pour admirer et encourager les rameurs de V6, des va’a 6 places, qui se préparent lors de cette épreuve à la fameuse course Hawaiki Nui, qui aura lieu début novembre, entre Huahine et Bora Bora!
Le temps se gâte ensuite, avec beaucoup de pluie, transformant notre lagon bleu turquoise en eaux troubles et boueuses. Ces intempéries nous permettent d’avancer dans le programme scolaire, en faisant de longues sessions d’école le matin, de lire, de jouer aux Playmobils, de nous reposer et de décompresser! Ces deux premiers mois en Polynésie ont été riches en émotions et en expériences variées, cela nous fait un bien fou de ne rien faire!

Vincent (n’ayant rien à réparer edit: ayant fini de réparer l’impeller des toilettes électriques ) se métamorphose en boulanger, et fait ses premières expériences de pain maison: c’est testé et approuvé par les filles! (recette adaptée de Lotus en fin d’article)

J’en profite pour faire des essais de transformation de nacres: ça fait plein de bruits et ça met de la poussière partout, mais c’est très satisfaisant ^^!

Nous attendons une météo plus clémente pour nous rendre sur Bora; lorsque le soleil repointe le bout de son nez nous enchaînons les lessives, profitant du vent constant pour tout sécher rapidement (draps secs en 1h, qui dit mieux ?). Nous testons le restaurant de l’hôtel Fare Vai Nui, qui partage notre baie, et sommes très bien reçus par le patron et sa cheffe patissière! Nous nous régalons de poissons et de desserts maisons; les filles jouent sur le ponton avec les enfants d’une famille Polynésienne venue fêter l’anniversaire d’un grand gaillard, et pendant que Cécilie se fait offrir un bout de gâteau au chocolat par le benjamin de la famille, Agathe échange avec la cadette sur la possibilité de faire le tour du monde en bateau en 80 jours…

petit tour en paddle jusqu’au motu


Nous pensons décoller de la baie jeudi, mais finalement restons une journée de plus: les éclairages ne fonctionnent plus dans la chambre d’Agathe, SuperVincent s’insère dans le circuit électrique du bateau et trouve la panne! (cosse mangée par le sel en fond de cale, 4h pour trouver!) Mieux encore, il la répare… Toujours aussi efficace, sa persévérance et son ingéniosité m’épatent à chaque fois…
Enfin, vendredi 11 octobre, nous levons l’ancre: beau temps, belle mer, ça devrait le faire.

Bora droit devant!

Sauf que… on n’avait pas vraiment bien regardé la distance entre Raiatea et Bora, le GPS nous annonce une arrivée au mouillage à 18h30… ça va pas le faire, c’est trop juste, on nous a prévenu qu’il y a des patates de corail à éviter dans le lagon de Bora, on a besoin d’un bonne visibilité. Nous quittons notre vent arrière bien confortable, sous spi, pour nous détourner vers Tahaa: nous visons le mouillage près de la rivière de corail, facile d’accès et pas trop loin de la passe. Le vent s’est entretemps levé, nous arrivons entre Tahaa et Raiatea où le vent s’engouffre assez violemment, nous devons changer d’allure: le spi est rangé, la grand’voile et le génois sortis. La houle est de travers, et une vague un peu plus forte fait tomber quelques assiettes dans le carré: petite panique chez les filles, pas encore habituées à ce type de navigation. Le vent forcit encore, nous posons un ris à la grand’voile, puis rentrons un peu de génois; encore des rafales, nous arrivons à la passe et rentrons le tout… Nous sommes encore bien secoués en remontant vers le mouillage, et nous ne sommes pas fâchés de jeter l’ancre! Le mouillage est assez remuant, la nuit s’annonce agitée…
Vendredi, réveil aux aurores: cette fois, on part tôt! Nous devons auparavant passer à terre pour acheter une nouvelle bouteille de gaz, l’ancienne s’est vidée au milieu de la cuisson du gâteau au chocolat de la veille, et nous réussissons à lever l’ancre à 8h30! Nous préparons le spi, mais finalement la traversée s’effectue uniquement au génois: le vent est établi entre 18 et 23 noeuds, avec des rafales jusqu’à 25 noeuds, nous faisons une moyenne de 5,5 noeuds, toujours en vent arrière. La houle est assez impressionnante, et nous sommes bien contents de l’avoir dans le dos, surtout quand nous croisons des bateaux qui reviennent de Bora Bora, au moteur et avec la houle dans le nez!
Nous atteignons la passe de Bora Bora vers 13h30, et c’est parti pour le tour du lagon! Encore 2h de navigation cette fois bien tranquille, au milieu de l’eau turquoise; à notre droite le mont Otemanu, et à notre gauche de magnifiques motus qui se succèdent. Nous longeons les hôtels sur pilotis qui font partie de la carte postale de Bora Bora, et jetons l’ancre à 15h30 au mouillage au sud-est du lagon: c’est splendide! La baignade qui suit est amplement méritée…
Le programme des jours à venir: plage, snorkeling en dérivante, jardin de corail, et, peut-être, des baleines…

la traversée!

Recette facile de pain rapide

Pain “mou” qui se conserve 2-3 jours

Ingrédients:
– 400gr de farine (de blé blanche T45, ça fonctionne très bien)
– 3 cuillère à café de levure du boulanger (ou un sachet)
– 1 cuillère à café de sucre roux
– 1 cuillère à soupe d’huile d’olive (pour un pain moins friable)
– 320ml d’eau: 250ml d’eau de mer + 70ml d’eau (ou à priori de lait, mais je n’ai pas encore essayé)

Préparation:
1) Dans un bol, ajouter la levure, le sucre et un peu d’eau tiède (idéalement 37°, pas plus de 40° sous peine de tuer les levures) et mélanger. Laisser gonfler pendant 5 à 10 min.
2) Dans un saladier: ajouter la farine, la levure une fois prête, l’huile et l’eau tiède peu à peu tout en battant. La pâte doit être homogène.
3) Verser dans un moule à cake. Mettre le tout dans le four éteint et laisser gonfler 2 heures (Lotus fait 30 min mais peut démarrer le four sans ouvrir la porte -sous peine de voir le pain se dégonfler-)
4) Cuire 40 min à feu doux (on le laisse même dans le four le temps que celui-ci refroidisse)

Tahaa

Des coraux, des bougies…et du rhum!

Nous changeons de mouillage, et contournons Tahaa par le nord, sous spi encore une fois (on ne s’en sépare plus!), avec la magnifique surprise de découvrir Bora Bora en passant la pointe Nord, c’est splendide! Lotus est parti une heure avant nous, en optant pour le sud, nous n’arrivons pas bien longtemps après eux ( et pas peu fiers), ce qui leur permet de filmer notre arrivée dans ce mouillage (encore une fois) merveilleux!

Lotus et Fakarêver


Nous sommes cette fois complètement à l’ouest de l’île, à côté du motu Tau Tau; entre les îlots de celui-ci passe un petit bras de mer, qui s’est fait colonisé par des milliers de coraux, proposant une magnifique rivière de corail. Dans deux mètres d’eau, poussés par un léger courant, les nageurs sont portés à travers des forêts multicolores et protéiformes, au milieu de bancs de poissons curieux et joueurs, qui les accompagnent dans leurs déambulations aquatiques.


Nous nous rendons tous les jours sur ce lieu magnifique, les filles prennent petit à petit de l’assurance – et moi aussi, mais je préfère lorsqu’il y a un peu plus de fond: nous nous sommes retrouvés plusieurs fois bloqués dans ce dédale corallien, étant sortis du chenal touristique, et obligés d’enjamber les patates très gracieusement, les palmes aux pieds…
Une des ces journées se termine en apothéose lorsque, en train d’étendre les serviettes, j’aperçois des remous à quelques dizaines de mètres du bateau; après quelques minutes d’observation attentive, et corroborée par les yeux des filles, nous sautons dans l’annexe (Vincent était encore dedans), et nous nous approchons de cette grosse chose aquatique: ce n’est pas un dauphin, c’est trop stationnaire; c’est noir, un aileron sort, une baleine?? non trop petit… et un petit bout de blanc émerge: une raie-manta! Évidemment je plonge, mais je n’ai pas eu le temps de prendre mes palmes, je peux juste capturer quelques images avant qu’elle ne me sème très facilement…
Le 27 septembre, nouvel anniversaire à bord: celui du capitaine! Sachant que le soleil se lève à 6h, qu’il se couche à 18h, et qu’il y a trois filles à bord, quel est son âge?? Il a droit à un beau petit déjeuner avec des cadeaux personnalisés de la part des filles, puis d’un gratin de Uru pour le déjeuner avec Lotus, qui lui offre des raquettes de plage pour qu’il puisse continuer à exercer son revers!


Pour oublier les années qui passent, nous allons visiter la rhumerie Pari Pari, qui se situe dans la baie en face du mouillage. Il s’agit d’une distillerie artisanale bio, qui a gagné la médaille d’or au Concours Générale Agricole de Paris, devant le rhum martiniquais et guadeloupéen! La maison n’a qu’une douzaine d’année, et travaille avec une trentaine de familles de l’île qui font pousser des petites parcelles de canne à sucre. De l’huile de tamanu est également produite sur le site, ainsi que de l’huile de coco, et un anti-moustique bio paraît-il infaillible. Nous repartons réapprovisionnés pour nos prochaines navigations…

Pour occuper vos week-end automnaux pluvieux, un petit challenge: saurez-vous retrouver tous les poissons qui apparaissent dans la vidéo ci-dessous? Un séjour sur notre bateau est à gagner ^^!!

Dans la rivière de corail!
Tahaa

Sur l’île Vanille

LA visite que les filles attendaient, l’Ile tant désirée, celle de Vaimiti, des senteurs épicées, des yaourts… L’île Vanille!
La baie où nous mouillons a été stratégiquement pensée pour nous rendre facilement en annexe à la Vallée de la vanille, une vanilleraie connue de Lotus, qui propose une petite visite de leurs plantations et quelques explications sur les utilisations de la vanille. Je me rends compte en y allant que je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemble un arbre de vanille, malgré la banalité de ce parfum que l’on retrouve chez tous les glaciers. Comment passe-t-on de la jolie fleur jaune (présente sur les opercules des yaourts de Super U…) à la grande gousse noirâtre? et pourquoi des fois il y a des petits points noirs dans les crèmes à la vanille?


J’ai eu toutes mes réponses, et nous en avons pris plein les narines: déjà, la vanille est une plante grimpante, qui s’enroule autour des feuillus mais sans les étouffer. Elle a été introduite en Polynésie par les Européens, qui l’ont importée du Mexique; malheureusement, seuls quelques insectes sont capables de la polliniser, et ils n’ont pas été apportés avec la fleur. Il faut donc polliniser manuellement chaque fleur de vanille pour qu’elle puisse produire ses fameuses gousses. Son prix sur le cours des épices est assez affolant, c’est la deuxième épice la plus chère après le safran.

La variété qui pousse en Polynésie Française est la vanilla tahetensis, une espèce un peu différente de la vanille Bourbon que l’on connait mieux en France, et elle a la particularité de garder sa gousse fermée même une fois séchée.


De loin on dirait des gros haricots plats, elle prend sa couleur une fois cueillie et séchée au soleil. L’odeur qu’elle dégage laisse dans un premier temps assez dubitatif, entre « hum ça sent bon » et « ça pue un peu non? », mais on finit par reconnaître le doux parfum auquel on est davantage habitué.


La France est le premier consommateur de vanille au monde, et on peut l’utiliser sous différentes formes: directement des morceaux de gousse avec ses graines, de la poudre, de la pâte ou encore de l’essence de vanille, que l’on obtient en la laissant macérer dans du rhum.


Nous rencontrons également les noix de Tamanu! On nous avait conseillé son huile verte le deuxième jour de notre arrivée à Tahiti, pour soigner les petites plaies aux jambes de Cécilie, et c’est vraiment une huile magique: désinfectante, cicatrisante, elle soigne les petite brûlures, les ampoules et les petites plaies, testé et approuvé! Nous en ramènerons plusieurs litres en France sans faute…


Nous discutons avec la patronne de la vanilleraie qui, apprenant que nous sommes sur des bateaux, nous offre deux régimes de banane, un énorme potiron et trois uru de son jardin! Elle nous ramène même aux annexes dans son camion, pour la plus grande joie des filles…


Nous déjeunons tous sur Fakarêver, et testons la vanille fraichement achetée dans une sauce pour accompagner le poisson, avec des chips d’Uru, et un gratin du même fruit pour ce soir… De la grande gastronomie polynésienne!

Huahine

Autour de Huahine

Nous sommes restés une bonne semaine au mouillage paradisiaque de la baie d’Avea, même si nos rencontres avec les mantas se sont faites plus rares au fil des jours; le temps s’est un peu dégradé, il s’est mis à faire froid (moins de 25° C, un scandale), même à pleuvoir, heureusement nous avons réussi à faire l’anniversaire de Cécilie sur la plage entre deux averses…

Nous avons donc pris la dure décision d’appareiller mercredi, au grand dam de Cécilie (« mais pourquoi? C’est super ici, y’a la plage et le restaurant !»), pour remonter au nord de l’île, en face du village de Fare. Lotus doit remplir les formalités de sortie de territoire, car il ne leur reste plus que quelques jours en Polynésie avant le grand départ pour la Nouvelle-Zélande, et nous pouvons louer une voiture pour faire le tour de l’île. Comme c’est les vacances scolaires ici – une semaine toutes les cinq semaines de cours, l’idéal! – il y a pas mal de touristes (locaux), donc pas de voiture disponible avant samedi; nous passons les journées sur les bateaux des uns et des autres, à jouer aux playmobils (pour certaines) et boire du rhum (pour d’autres)… Nous plongeons sur les récifs alentours, croisons quelques requins pointes noires et de beaux bancs de poissons à deux selles, mais l’eau est froide – moins de 25 °C, on songe à investir dans des combinaisons neoprène…

Poissons à deux selles ^^

Samedi 21 septembre, nous entreprenons le tour de l’île en passant entre les grains – on comprend mieux pourquoi la végétation est aussi luxuriante- et il s’avère aussi instructif que varié: nous en savons enfin un peu plus sur la fonction des marae, dont nous trouvons tant de vestiges sur les différentes îles visitées, grâce au très joli petit musée archéologique de Maeva, qui se trouve dans un fare potee (une maison commune) reconstitué.

Plusieurs maquettes de bateaux polynésiens à balancier sont exposées, avec quelques explications sur la navigation à l’aide des étoiles et des courants telle que la pratiquaient les maîtres explorateurs avant l’arrivée des Polynésiens. On comprend mieux également l’importance des va’a, ces pirogues que nous croisons dans toutes les îles, et l’engouement pour les courses inter-îles. Début novembre aura lieu la Hawaiki Nui au départ de Huahine, grand évènement sportif retransmis en direct à la télévision, et pour lequel toute l’île commence déjà à se préparer: la boutique où nous avons loué la voiture par exemple changeait son lino pour l’occasion!


Nous nous rendons sur le site de plusieurs marae au nord et au sud de l’île, qui présentent la particularité d’avoir d’énormes rochers au niveau des fondations, ce que nous n’avions pas remarqué à Tahiti. Celui proche de la baie d’Avae est rempli de coraux noircis, que nous avions pris au départ pour des pierres ponces, c’est assez impressionnant.

Nous visitons ensuite l’atelier de l’artiste-peintre Mélanie Dupré, une Australienne installée depuis plus de 15 ans dans les îles et qui se régale: huiles, aquarelles, encres, elle parvient à travers différents supports à recréer la lumière des lagons et les regards des Polynésiennes, avec également de très belles natures mortes des fruits d’ici.

Nous profitons d’une belle éclaircie pour plonger dans le lagon de la plage de l’ancien Sofitel, qui a été détruit il y a une quinzaine d’années par un ouragan. Le lagon est splendide, avec un beau jardin de corail; la plage magnifique est quasiment déserte, la belle vie…

A midi nous nous arrêtons au village de Faie, où l’on peut admirer d’énormes anguilles sacrées. Elles se reproduisent dans le lagon, puis remontent la rivière où elles se cachent sous les rochers. Des enfants du coin aident les filles à descendre dans le cours d’eau, puis à vaincre leur peur pour caresser ces gros poissons, aux yeux étrangement bleus! En discutant avec eux sur la suite de notre programme – à savoir trouver à manger-, ils nous orientent chez « tatie » qui fait de « menus », juste à côté.

Nous les suivons, un peu dubitatifs (nous n’avions rien vu en arrivant), nous entrons dans le jardin d’une petite maison, et effectivement, une « tatie » ouvre la fenêtre et nous propose de préparer – un menu typiquement polynésien peut-être?- des hamburger frites… Les filles sont ravies, nous sommes un peu déçus, mais ils sont très bons, et on avait faim…


En discutant avec les deux enfants, puis avec la tatie, nous avons un petit aperçu de la vie des Polynésiens, loin d’être aussi paradisiaque que leurs plages: le chômage est très élevé, les familles vivent très nombreuses souvent sur un seul salaire, il y a une forte ségrégation entre ceux qui sont propriétaires, ceux qui ont planté des fruitiers, ceux qui viennent d’une autre île, ceux qui ont travaillé à Tahiti puis reviennent sur leur île natale avec un pouvoir d’achat bien plus fort… Ce n’est pas évident de trouver sa place et de faire son trou, surtout qu’en lisant la presse locale, on se rend vite compte que beaucoup de choses se font par copinage, de l’installation de la roulotte à un poste dans une haute administration.
Après cette incursion dans la vie réelle, nous retournons dans la bulle de notre voyage pour parcourir la partie sud de l’île, encore plus sauvage. Nous passons le long de la baie d’Avea, aussi belle depuis la terre que de la mer, et nous arrêtons à une petite boutique de pareo (“La passion du Pareo”): une métropolitaine du Sud-Ouest s’est lancé dans cet artisanat depuis quelques années, et fait volontiers partager sa passion des teintures avec les touristes de passage.
Retour au point de départ après quelques détours (et pourtant on nous avait assuré qu’il n’y avait qu’une route), pour des retrouvailles au soleil avec Lotus. Fakarêver n’est pas resté inactif pendant notre escapade à terre, et s’est amusé à enrouler sa chaîne autour d’une patate de corail. Heureusement nous mouillons avec moins de 3 mètres d’eau, ce qui permet à Vincent de plonger, démêler et vérifier, puis nous remouillons quelques mètres plus loin pour dormir plus tranquilles, car de fortes rafales sont prévues pour le lendemain. Las, notre chaîne joueuse avait trouvé une autre patate le matin suivant…
Après quelques dernières courses de fruits et légumes au village de Fare, nous avons repris la mer cet après-midi avec Lotus pour Tahaa, l’île de la vanille! On la devine depuis Huahine, une petite navigation de quelques heures avec un vent quasi-arrière, sous spi, et sans problème! Il est sorti bien sagement de sa chaussette, s’est plié aux différents réglages en fonction de notre cap, et nous a même accompagné à travers la passe Est de Tahaa. Un décor incroyable, une entrée encadrée par deux motus, filmée par Lotus (déjà arrivé, on n’a pas réussi à les rattraper), magnifique…

tour de Huahine
Traversée Huahine-Tahaa