Toau

Toau, Anse Amyot, sous l’eau!

Le père Noël est passé sur Fakarêver, et les filles sont ravies de leurs surprises sous le sapin en bois flotté: jeux, livres, barbie et pareo violet, elles sont bien gâtées! Les grands ne sont pas en reste, Gaby et Morgane ont des beaux T-shirt de Rangiroa illustré d’un requin-marteau, des bracelets en coquillage, et nous offrent en retour le remplaçant de l’appareil photo sous-marin!


Une autre surprise de Noël nous attend: l’Aranui, le célèbre bateau mi-croisière mi-frêt de Polynésie, entre par la passe de Tiputa! Il apporte une cargaison de fruits et légumes frais en provenance des Marquises. C’est la ruée sur le quai, où sont vendus des « paquets » de pamplemousses, d’avocats, de bananes aux particuliers. On nous avait prévenus qu’il fallait y aller rapidement, car le stock est rapidement dévalisé, et nous repartons les bras chargés de vitamines toutes fraîches!

Nous passons quelques coups de téléphone à nos familles, puis nous partons: le temps va se dégrader rapidement, des rafales à 40 nds sont prévues demain à Rangiroa, nous filons pour notre prochaine escale, l’atoll de Toau, à 100 milles nautiques.
Le départ est épique: au moment où nous levons l’ancre un grain surgit et nous bouscule avec du vent à 30 noeuds et de la pluie aveuglante; nous suivons l’Aranui dans la passe, bien agitée, puis coupons le moteur pour nous laisser porter par les restes du grain. Nos invités découvrent la pleine mer: une houle croisée « sympathique » remue le bateau, mais rapidement nous passons en vent de travers, les vagues nous soulèvent par l’arrière, notre allure devient plus confortable. Nous nous prenons tout de même 2 gros grains qui nous poussent à mettre 2 ris pour la nuit. Malheureusement le vent baisse, la pluie ne nous lâche plus, nous avançons plus lentement que prévu; nous risquons de nous faire rattraper par la tempête qui nous talonne; nous alternons pendant la nuit avec des épisodes au moteur, histoire de tenir une moyenne de 4 noeuds… Morgane nous accompagne dans nos quarts jusqu’à 1h du matin, Gaby est moins en forme…

les petits points jaunes sur le radar symbolisent les nuages de pluie…

Au matin le vent est complètement tombé, contrairement à la pluie qui semble avoir encore des milliers de litres en réserve… Nous observons nos quarts depuis le carré, le poste de barre finit par être très humide, malgré le bimini textile à 360° qui le protège… Nous en profitons pour tester avec les filles leurs nouveaux jeux, la mer est calme, ce qui nous permet d’arriver à la passe de l’Anse Amyot, à l’est de Toau, dans de bonnes conditions, vers midi. De la vraie tempête, nous n’en verrons qu’un fort coup de vent à 30 noeuds, une fois solidement amarrés à la bouées…

Il s’agit maintenant de sécher le bateau, les vêtements et le cockpit: pas évident avec des grains qui rappliquent à l’improviste… Mais ils finissent eux aussi par passer, et le soleil vient donner quelques couleurs à notre belle anse: complètement protégée de la houle et des vagues, entourée de beaux massifs coralliens, c’est un petit paradis pour le snorkeling, le paddle, et la chasse sous-marine! Vincent initie Gaby, et ils nous rapportent trois beaux perroquets (pas des dommages collatéraux avec des oiseaux passant par là, mais bien des poissons). Ils feront notre dîner!


Nous débarquons à terre, où nous attendent trois chiens ravis de notre visite et courant après les poules; pas âme qui vive dans ce petit village qui réunit une pension touristique avec de jolis bungalows et quelques maisons de pêcheurs. Nous finissons par trouver le gardien, qui nous informe que les propriétaires du lieu sont allés passer les fêtes à Fakarava; nous sommes donc seuls au monde!
Enfin par pour longtemps: un catamaran de Poe charter nous rejoint, puis Holnis, rencontré à Tikehau, et un énorme monocoque qui ancre en plein milieu de la baie. C’est étonnant la vitesse à laquelle la civilisation nous a retrouvés…

Nous continuons nos petites balades sous-marines en binôme: nous explorons la passe, mais il a tellement plu que le lagon est plein, et même en courant entrant il charrie encore du sable vers l’océan. La visibilité est en revanche bien meilleure à l’extérieur, nous nous promenons donc à 10m de fond sur le tombant, où quelques petits requins bordés viennent à notre rencontre; nous croisons de beaux Napoléons, et de magnifiques poissons de récif.


En consultant une nouvelle fois la météo et le planning, Vincent décide qu’il est temps de partir pour Fakarava: le vent n’est pas très favorable, mais comme il passe de SE à NE, nous espérons limiter le nombre de bords à tirer.
Nous nous mettons en route en fin d’après-midi: la mer est belle, le temps aussi, le vent est dans la bonne direction, nous nous répartissons les quarts assez sereinement.

Un grain nous bouscule vers 21h, nous surprenant toutes voiles dehors avec des rafales à 30 nds, mais Vincent a le bon réflexe de se mettre face au vent, et laisse passer la bourrasque. Nous jouons avec un ris juste dans le génois pour plus de sécurité, et la nuit se passe sans problème, le vent tournant NE au bon moment dans notre trajectoire, nous faisant même avancer plus rapidement que notre meilleur scénario. Nous abandonnons le plan initial – qui était de contourner Fakarava par le nord pour arriver directement à la passe sud – et nous nous rendons directement à la passe Nord pour traverser le lagon jusqu’au village de Tetamanu: la traversée de lagon ne peut se faire que de jour et à condition de passer aux bons horaires à la passe nord pour éviter de lutter contre un courant qui peut aller jusqu’à 10 noeuds! Nous abordons ainsi la passe Nord à 5h30, dans de magnifiques teintes roses: elle est gigantesque, et très paisible! Seul bémol: Gabriel, très motivé à l’idée de faire un quart de nuit a vu le sien disparaitre dans ce changement de plan.. encore désolés ^^!
Nous voici aux aurores au début de notre traversée du lagon. Fakarêver est bien arrivé à Fakarava…

La chanson de cette vidéo est du groupe marquisien Koru; nous l’avons découverte lors de nos courses à Rangiroa, elle tournait en boucle dans le supermarché… Nous l’avons donc écoutée 12 fois d’affilée… Elle est devenue le tube de nos vacances! Elle reste un tout petit peu en tête, ne me remerciez pas ^^…

Plongées à Rangiroa et navigation à Toau
Tikehau

Nord de Tikehau: découvertes

Après une énième visite à la petite épicerie du coin pour acheter quelques pommes, un dernier repas au snack du port, et une soirée pyjama sur Fakarêver, nous levons l’ancre, et entreprenons la traversée du lagon vers le nord. La difficulté: rien n’est cartographié une fois sorti du chenal, qui s’arrête à un mille nautique du village. On navigue à vue, en veillant constamment aux énormes cheminées de corail qui peuvent surgir à n’importe quel moment… Il faut donc que le temps soit beau, qu’il y ait un peu de vent mais pas trop, et que le soleil soit derrière nous. On est un peu stressé? Carrément! Même si Claude de Timshell nous a assuré qu’on les voyait bien, on n’en mène pas large au début de cette navigation particulière… Je suis juchée au pied du mât, jumelles à la main, les yeux plissés à la recherche de la moindre variation de couleur de l’eau, signe de changement de profondeur, et donc de remontée de patate. Nous avons le soutien des images satellite de Google, mais malheureusement très vite des nuages voilent les parties des clichés qui nous intéressent… Cela nous permet cependant de nous faire la main: « là il doit y avoir une patate à 2h – oui, je la vois!- ok, là y’a une zone plus claire à 10h – effectivement, je l’ai sur les photos ». Finalement ce n’est pas si compliqué… Je finis même par deviner (et gagner mes paris contre Vincent) à la couleur de l’eau la profondeur sous les coques… Mais on est contents d’arriver, c’est fatigant de faire la vigie…
Nous passons à côté de l’île aux oiseaux, petit îlot très boisé, sur lequel nichent de nombreuses espèces d’oiseaux marins: ça piaille au passage du bateau, mais on ne s’arrête pas, ce sera sur le chemin du retour!
Notre mouillage est proche de l’ancien village, déserté dans les années 70; la nature a repris ses droits, mais Vincent l’a retrouvé lors d’une de ses explorations:
(Vincent) Tiens des arbres à feuilles (ça change des palmiers!), cela voudrait dire que ça a été habité ? Une tâche verte fluo au milieu de la forêt.. c’est une maison!
Ici une deuxième avec une vieille 403 encore garée à côté. Cette maison-ci devait avoir une belle terrasse, on voit encore la barrière en bois travaillé.. Et ici ? Un cimetière avec quelques tombes. Là, un escalier qui mène à une maison qui a dû être démontée lors du déménagement au nouveau village… bref, me voilà transformé en Indiana Jones pour quelques instants, à imaginer les rues, le jardin que les restes de la tondeuse devaient entretenir…

(Leslie) On se rend compte que lorsqu’un motu n’est pas entretenu, les noix de coco pas régulièrement ramassées, cela devient rapidement une jungle impénétrable. De chaque coco peut naître un cocotier, les jeunes pousses sont partout!

Vincent initie les filles au secret du feu: il y a des restes de foyers utilisés par des ramasseurs de coprah, qui viennent passer quelques jours par mois sur le motu en face du bateau, nous en profitons pour brûler nos emballages. Vincent, ancien éclaireur maître de la fleur rouge, montre à Agathe et Cécilie, un peu impressionnées, comment construire un feu et le faire partir juste avec un briquet, tout en étant efficace pour qu’il ne fume pas. Elles construisent le leur, et au troisième essai c’est le succès! Elles assimilent les règles de sécurité à suivre pour ce genre d’opération, et pour finir la difficulté de l’éteindre: il faut plusieurs seaux d’eau pour venir à bout même d’un petit tas de braise …
Les fonds marins sont beaucoup plus décevants: on nous avait promis des flottilles de poissons, des nuées d’écailles, mais on ne voit rien du tout. La visibilité est très mauvaise, l’eau est trouble, on lève donc le camp au bout de deux nuits pour l’île aux oiseaux.

Nous cherchons où mouiller, en en faisant le tour, mais malgré les indications glanées sur les blogs, on ne trouve pas d’endroit peu profond et pas trop proche de l’île (le vent tourne dans tous les sens en ce moment). Dans un raffut étourdissant – les oiseaux commentaient en direct nos différents essais – nous abandonnons et nous dirigeons vers l’est, près d’une fausse passe (l’eau entre de l’océan, mais ce n’est pas assez profond pour qu’un bateau puisse y accéder) en espérant que l’eau sera plus claire. Cette fois on trouve un bon emplacement, on reste là – mais l’eau est toujours trouble, tant pis pour la pêche…
Nous rejoignons finalement l’île aux oiseaux en annexe: quinze petites minutes, la mer est plate, on file vite!
Le comité d’accueil est au complet: sternes blanche, fous à patte rouge, puffins, noddis avec leur petite tache blanche sur la tête anticipent notre arrivée par un tintamarre impressionnant. Nous accostons, et entreprenons le tour de l’île – il est demandé de ne pas s’enfoncer au milieu des arbres pour ne pas effaroucher les oiseaux. Nous finissons par nous accoutumer au bruit et aux odeurs, et nous nous émerveillons devant les oisillons duveteux des fous à patte rouge, énormes bébés dans leur petit nid; les oiseaux nichent partout: sur les rochers, sur le platier, dans les blanches hautes des arbres, à hauteur d’yeux… Ils ne sont pas vraiment effrayés par notre passage, ils nous informent poliment mais fermement qu’il s’agit de leur territoire, et qu’il est hors de question que nous nous y installions. Nous poursuivons notre route, apprivoisant les magnifiques sternes blanches, qui nous permettent d’approcher tout près d’elles, écoutant les différents cris pour en identifier leur propriétaire, pas évident du tout… Au bout de deux heures passées hors du temps et du monde, nous allons nager le long des récifs de l’îlot, où l’eau est bien plus claire: des requins pointe-noire viennent nous saluer, nous croisons un beau tétrodon, des coraux violets, une belle plongée!

Sterne blanche
noddis

Vidéo à venir, dès que la connexion internet sera meilleure

L’après midi, nous apercevons de loin une trombe d’eau, c’est impressionnant…

Un monocoque s’est installé non loin de nous – cela faisait quatre jours que nous étions seuls au monde-, Holnis, déjà aperçu à Maupiti. Son propriétaire, Jean-Pierre, est un vieux loup de mer qui a déjà fait un tour de monde en voilier il y a trente ans, à l’époque du sextant et des cartes… Il est parti de Porquerolles l’année dernière avec son nouveau bateau pour naviguer dans le Pacifique, et a plein de tuyaux à nous donner sur les Marquises, où il retournera fin janvier; il y a de fortes chances que nous l’y recroisions!
Nous commençons à étudier sérieusement la météo, car le temps file et nous sommes attendus à Rangiroa lundi: si nous apercevons l’atoll depuis le mouillage de l’est, la passe de Tikehau étant à l’ouest il faut quand même 10-12h pour passer d’un atoll à l’autre, s’il y a du vent. Mais il n’y en a plus du vent, depuis maintenant trois jours; c’est top pour les mouillages, le bateau ne bouge pas d’un poil, mais moins pour naviguer. Une fenêtre favorable s’annoncerait la nuit de jeudi à vendredi, avec 5-10 nds de vent (rien de folichon), nous décidons de retourner au mouillage de la passe, pour nous préparer à la traversée.
Avant de partir, nous rendons visite à la communauté du Jardin d’Eden, à l’est de l’atoll: il s’agit d’une communauté chrétienne, les Hong, dirigée par un « grand-père » de 93 ans, originaire de Taiwan, et qui prône un retour à la terre dans l’esprit d’Adam et Eve – avant la pomme… Cette communauté achète des terrains un peu partout dans le monde, et les cultive sur les bases de la permaculture et du bio; leur terrain à Tahiti a même été étudié par le ministre de l’agriculture polynésienne, et a donné des idées pour développer une agriculture durable sur les îles. Le produit des récoltes est revendu aux localités environnantes, avec un circuit court privilégié. Le site de Tikehau n’est plus occupé que par deux couples et leurs enfants, même si les infrastructures peuvent accueillir plus de 150 fidèles qui viennent une fois l’an; on nous en fait faire le tour, nous montrant les plantations de vanilles, de salades, de bananiers…

Le terrain aride du motu a été enrichi au fil des années par du compost et de la bourre de coco, finissant par former un humus qui retient l’eau et permet de nourrir des espèces qu’on trouve d’habitude sur les îles hautes, où l’eau ne manque pas. Un élevage de cochon est utilisé pour le compost – système que l’on avait vu au lycée agricole de Moorea; les poules font la chasse aux cafards, des arbres épineux et acacias ajoutent de l’azote à la terre, et sont plantés au milieu des herbes aromatiques – des solutions naturelles sont trouvées pour la plupart des problèmes. Nous repartons avec de belles salades fraîches et une magnifique papaye, mets rares aux Tuamotus!


Nous regagnons la passe sur un miroir: le ciel se reflète dans l’eau, on peut y distinguer chaque nuages, c’est magnifique, mais moins pratique pour guetter les coraux. L’eau est argentée, et c’est difficile de saisir les différentes nuances de bleus, avant-coureuses des changements de profondeur… A tel point que nous sommes pris de panique lorsque nous croyons voir des affleurements oranges devant nous – un récif! A gauche toute!! Mais lorsqu’une des patates fait un plouf en disparaissant, nous comprenons qu’il s’agissait de tortues qui prenaient le soleil…
Nous arrivons à bon port et retrouvons le paysage familier de notre arrivée à Tikehau: le petit village de pêcheurs, Timshel toujours à sa place, retour à la civilisation! Vincent s’arrange avec les pêcheurs pour leur acheter quelques produits de leur pêche du lendemain, et finalement, debout à 6h30, il les accompagne jusqu’aux pièges à poissons pour assister à leur capture…
(Vincent) Les parcs à poissons me sont présentés, avec d’abord le grand salon pour réceptionner les poissons – quel accueil – puis, accolée, la petite chambre plus intime. Ces deux salles sont en forme de cœur avec la porte d’entrée dans la pointe intérieure: les poissons peuvent entrer, puis ils suivent les bord et ne trouvent plus la sortie ! L’entrée de la chambre est dans la pointe du cœur du salon. Ainsi les poissons ont de la place dans la première « pièce » pour accueillir leurs copains et ils sont ensuite poussés dans la deuxième où ils seront pêchés. Le pêcheur met son masque, plonge dans la petite chambre, ça s’agite: quel outrecuidant vient dans cet endroit privé ? Il prend le harpon: une carangue, une deuxième, puis une troisième, bleue cette fois-ci. Et là ? Un ballon, un gros oursin ? Non, c’est un diodon: en cas de danger il se gonfle et et des épines se lèvent tout autour de son corps! Il est vite évacué. La suite se fera au filet, un pêcheur pousse les poissons dedans, l’autre le remonte rapidement gonflé de poissons de toute sortes: rouget, parai, et plein d’autres dont je ne connais pas les noms..
La caisse est remplie, on rentre! Ils m’offrent gentiment, à la polynésienne, de quoi nous régaler les prochains jours et remplir le congel… Nous apportons un gâteau chocolat-banane à partager à 16h, et Benoît, le pêcheur, est ravi!

Tikehau

Plongées à Tikehau

(Pour info, les vidéos des deux articles précédents ont été enfin publiées:
Balades à Tikehau et la grande traversée Tahaa-Tikehau )

Nous continuons notre formation en plongée sous-marine, et prenons petit à petit de l’assurance: l’appréhension de la première plongée a complètement disparu, le vidage de masque ne pose plus de problème, et nous apprenons lors de la 3ème plongée à utiliser le STAB- gilet que l’on gonfle et dégonfle en fonction de la profondeur souhaitée. Nous gagnons en mobilité et en stabilité, on s’épuise moins à palmer pour rester à la même profondeur, on découvre une sorte d’apesanteur: on flotte entre le fond et la surface comme un ballon d’hélium, nous laissant porter par le flux et le reflux des vagues de la surface, ou du courant de la passe.

Nous sommes accompagnés par une Américaine fan de plongée, en vacances toute seule en Polynésie pour 15 jours, et qui est du genre chanceuse: le requin-tigre, invisible depuis trois jours, vient faire un tour dans la passe jusque sous le bateau! J’étais en snorkeling à ce moment-là, Vincent a compris à mes grands gestes éperdus qu’il devait se mettre à l’eau; le requin n’a pas bronché en nous voyant, nous ignorant superbement, mais nous laissant prendre quelques plans et clichés… Lorsque l’Américaine remonte de sa plongée, aux anges d’avoir croisé le requin, des dauphins se manifestent à une trentaine de mètres du bateau, avec quelques vrilles impressionnantes. Nous partons pour notre leçon avec Vincent, et à notre retour, nous apprenons que les dauphins sont venus jouer autour du bateau, « I could nearly pat them!!! ». Il y a des gens avec qui il faut voyager…
Dernier jour de formation: nous faisons 2 plongées en palanquée (terme qui désigne la quantité de marchandise qui peut être portée en une seule fois par un palan, mais également un groupe de plongeurs sous-marins – je n’ai pas apporté mon Larousse historique de la langue française, faudra que je pense à faire une recherche en rentrant…) avec deux autres plongeurs plus confirmés, David et Sophie, qui ont laissé leur petite Marla au centre de plongée avec nos deux filles; entre parents indignes on se comprend …
Nos deux plongées durent 45 mn chacune, et cette fois plus d’exercices: de la balade et du plaisir pur. Nous descendons à 20 mètres, et re-re-redécouvrons cette passe que nous pensions connaître par cœur, mais qui semble changer d’aspect à chaque descente, en fonction de la lumière, de la transparence de l’eau, et des poissons! Qui nous offrent un festival de couleurs et de formes dès les premières minutes: des bancs gigantesques circulent au-dessus de nos têtes, nous encerclent, se défont et se reforment, on ne sait plus où regarder… Nous traversons au milieu de centaines de bécunes, pas effarouchées, qui nous regardent de leurs yeux vitreux; nous jetons un œil sous les corniches où se réfugient les rougets et les perches; nous nous laissons entraîner par le courant entrant de la passe, pour ressortir dans le lagon, complètement désorientés!

Pour notre dernière plongée, Ronald, notre moniteur, nous emmène au “trou aux requins”, à l’extérieur de la barrière et un peu plus loin de la passe: un tombant qui plonge à pic très profond, bordé de coraux en forme de choux-fleurs rosés, rouges et jaunes. Des milliers de rougets y sont accrochés, mur vivant aux yeux écarquillés; nous longeons cette falaise sous-marine, puis remontons petit à petit jusqu’à nous retrouver à quelques mètres de la surface, profitant de la lumière qui perce à travers les vagues pour explorer des petites vallées au milieu des champs de coraux. Le ressac nous berce et nous balance, sur le même rythme que les poissons qui se laissent aller le long du récif. Nous apercevons un petit requin pointe blanche, et une tortue passe en filant au-dessus de nos têtes. L’ambiance de cette plongée est très différente de la première, mais nous en sortons tout aussi émerveillés.

Nous avons hâte maintenant d’aller voir les fonds de Rangiroa et de Fakarava, même s’ils sont paraît-il moins poissonneux (mais plus « requin-neux »). En attendant de changer d’atoll, les filles profitent de leurs nouvelles copines, Lysandra et Laura, filles des propriétaires du club de plongée: baignades depuis le bateau, promenade sur les platiers, jeux, dessins et gâteaux au chocolat… ça va être dur de partir!

Vidéo des plongées
Bora Bora

Plongée concert à Bora

On les a vues… de près… de tout près… qui donc? Les baleines…
Car il y a des baleines en Polynésie, pas longtemps: entre août et novembre, elles viennent profiter des eaux chaudes pour se reproduire, ou accoucher! Elles repartent ensuite dans le Sud… Sauf que cette année, elles n’étaient pas encore arrivées, elles se sont fait attendre, les premières ont été aperçues début septembre. Nous en avions aperçu autour de Moorea, puis lors de notre traversée de Huahine: un souffle d’air par-ci, un aileron par là, des présences discrètes qui nous font tressaillir puis bondir sur nos pieds à chaque fois: « une baleine!! Là, là!! ».
Des clubs de plongée proposaient à Tahiti des sorties pour les approcher, et même pour nager avec elles. Nos chemins n’avaient pas pu alors se croiser, mais nous avions déjà tant d’autres choses à découvrir…
Vincent est tombé la semaine dernière lors de la lecture d’un blog de voyageurs suisses sur les coordonnées de Simon, qui propose des sorties à Bora Bora. Pourquoi pas? Nous avons le temps, et si elles sont encore là, profitons-en!
Le rendez-vous est pris, les filles peuvent venir aussi; ce devait être hier, mais finalement décalée à aujourd’hui, la sortie tant espérée, fantasmée, rêvée (au moins pendant deux nuits cette semaine) commence! Sous des augures variés: en plongeant ce matin dans notre nouveau mouillage trop chouette j’ai croisé 3 raies-manta = bon augure; mais quand j’ai voulu replonger un peu plus tard mon appareil photo a pris l’eau = mauvais augure… Mais nous avons notre Go Pro, qui a le temps de charger avant de partir = bon augure… La pythie aurait été plus claire.
J’ai beaucoup préparé les filles pour cette sortie, car il semblerait que les conditions d’approche puissent être compliquées: le bateau à moteur n’a pas le droit d’approcher à moins de 100m du cétacé, nous sommes en haute mer donc il peut y avoir de la houle, et il ne faut pas faire d’éclaboussure en palmant car cela effraie ces grandes bêtes. Les filles sont à fond, parées pour la rencontre!
Nous partageons cette sortie avec un jeune couple américain en anniversaire de mariage, et trois slovènes qui sont dans un monocoque ancré juste à côté de nous; nous sortons par la passe vers l’océan, et les conditions sont idéales: peu de vent, mer très calme, peu de houle.
Et très très vite: une souffle! Deux autres plus loin! Simon met en route son hydrophone qui retransmet le chant de la baleine. Au début on n’y croit pas: ça doit être une bande son qu’il met pour les touristes… Le son est riche, puissant, fait vibrer le bateau dans les graves, nous agresse dans les aigus: c’est vraiment le chant d’une baleine?
Il y a un mâle qui chante depuis trois jours à cet endroit – d’ailleurs seuls les mâles chantent, pour attirer une toute belle (l’inverse de nos sirènes en sorte) -et d’après Simon pas trop farouche: on s’arrête là!
Les instructions pour la mise à l’eau et l’approche: on se glisse dans l’eau (pas de gros plouf), on attend que Simon soit près de la baleine, puis on le rejoint en marche arrière: Tehiva, qui assiste Simon dans la conduite du bateau, nous donne la direction. Cela évite de palmer à la surface, et c’est aussi moins fatigant – 100 mètres à faire dans les vagues, ça fait un bout. Les filles sont dans nos bras, leur coeur bat à toute allure, on y est presque…
L’eau est profonde, pleine de plancton, on ne voit pas grande chose… mais on entend. On vibre. On en prend plein les oreilles: ça craque, ça gargarise, ça cliquète, ça siffle, ça grince, ça assourdit, ça enchante… Nous sommes captivés par cette grosse masse qui se détache petit à petit du fond, queue en l’air, nez en bas, et qui s’en donne à coeur joie. Simon nous fait signe de rester bien groupés autour de lui, nous fait nous décaler… et la grosse masse remonte… Ce n’est pas une grosse masse: c’est gigantesque, formidable, merveilleux, gracieux: il s’est tut, mais nous continuons de frissonner en le regardant s’avancer vers nous, doucement, avec bienveillance. Il nous regarde, nous le regardons, minute bénie et hors du temps, puis il souffle, une fois, deux fois, se détourne, et redescend dans les profondeurs continuer son récital.

La première rencontre me laisse sans voix: je suis submergée par l’émotion, puis, après quelques secondes, je me joints aux cris de joie du groupe. Les filles n’en reviennent pas, elles n’ont pas eu peur, un peu impressionnées, mais complètement sous le charme…
L’après-midi passe vite, la baleine nous fait la grâce de venir nous voir à trois reprises, toutes aussi folles les unes que les autres, puis nous l’abandonnons à ses sérénades. Deux baleines semblent être à l’écoute à quelques kilomètres de là, sautant régulièrement lorsque le mâle remonte; nous les observons de loin, les laissant à leur ballet amoureux.

En rentrant dans la passe, la belle surprise: des dauphins accompagnent notre bateau! Nous sommes à quelques mètres d’eux, puis ils nous gratifient de sauts prodigieux! Triple vrille pour l’un, et saut de plusieurs mètres pour l’autre, même Simon n’avait jamais vu ça…


Nous rentrons au bateau fourbus mais ravis, toutes les attentes qui entouraient cette sortie ont été comblées, et largement dépassées…
Nous invitons les Slovènes pour un apéro bien mérité, afin d’échanger nos impressions, nos photos et nos expériences! Ils nous apportent même un très bon Pinot noir néo-zélandais, exactement ce qu’il nous fallait pour clôturer cette journée complètement folle…

Voici la vidéo de cette sortie, à laquelle je n’ai pas ajouté de musique: j’ai laissé les silences, pour mieux entendre le chant…

Tahaa

Des coraux, des bougies…et du rhum!

Nous changeons de mouillage, et contournons Tahaa par le nord, sous spi encore une fois (on ne s’en sépare plus!), avec la magnifique surprise de découvrir Bora Bora en passant la pointe Nord, c’est splendide! Lotus est parti une heure avant nous, en optant pour le sud, nous n’arrivons pas bien longtemps après eux ( et pas peu fiers), ce qui leur permet de filmer notre arrivée dans ce mouillage (encore une fois) merveilleux!

Lotus et Fakarêver


Nous sommes cette fois complètement à l’ouest de l’île, à côté du motu Tau Tau; entre les îlots de celui-ci passe un petit bras de mer, qui s’est fait colonisé par des milliers de coraux, proposant une magnifique rivière de corail. Dans deux mètres d’eau, poussés par un léger courant, les nageurs sont portés à travers des forêts multicolores et protéiformes, au milieu de bancs de poissons curieux et joueurs, qui les accompagnent dans leurs déambulations aquatiques.


Nous nous rendons tous les jours sur ce lieu magnifique, les filles prennent petit à petit de l’assurance – et moi aussi, mais je préfère lorsqu’il y a un peu plus de fond: nous nous sommes retrouvés plusieurs fois bloqués dans ce dédale corallien, étant sortis du chenal touristique, et obligés d’enjamber les patates très gracieusement, les palmes aux pieds…
Une des ces journées se termine en apothéose lorsque, en train d’étendre les serviettes, j’aperçois des remous à quelques dizaines de mètres du bateau; après quelques minutes d’observation attentive, et corroborée par les yeux des filles, nous sautons dans l’annexe (Vincent était encore dedans), et nous nous approchons de cette grosse chose aquatique: ce n’est pas un dauphin, c’est trop stationnaire; c’est noir, un aileron sort, une baleine?? non trop petit… et un petit bout de blanc émerge: une raie-manta! Évidemment je plonge, mais je n’ai pas eu le temps de prendre mes palmes, je peux juste capturer quelques images avant qu’elle ne me sème très facilement…
Le 27 septembre, nouvel anniversaire à bord: celui du capitaine! Sachant que le soleil se lève à 6h, qu’il se couche à 18h, et qu’il y a trois filles à bord, quel est son âge?? Il a droit à un beau petit déjeuner avec des cadeaux personnalisés de la part des filles, puis d’un gratin de Uru pour le déjeuner avec Lotus, qui lui offre des raquettes de plage pour qu’il puisse continuer à exercer son revers!


Pour oublier les années qui passent, nous allons visiter la rhumerie Pari Pari, qui se situe dans la baie en face du mouillage. Il s’agit d’une distillerie artisanale bio, qui a gagné la médaille d’or au Concours Générale Agricole de Paris, devant le rhum martiniquais et guadeloupéen! La maison n’a qu’une douzaine d’année, et travaille avec une trentaine de familles de l’île qui font pousser des petites parcelles de canne à sucre. De l’huile de tamanu est également produite sur le site, ainsi que de l’huile de coco, et un anti-moustique bio paraît-il infaillible. Nous repartons réapprovisionnés pour nos prochaines navigations…

Pour occuper vos week-end automnaux pluvieux, un petit challenge: saurez-vous retrouver tous les poissons qui apparaissent dans la vidéo ci-dessous? Un séjour sur notre bateau est à gagner ^^!!

Dans la rivière de corail!