Raiatea

Ce ne sont que des au revoir…

samedi 28 septembre 2019, une page se tourne dans notre voyage: Lotus, notre compagnon des premières heures, prend la route pour la Nouvelle Zélande; d’abord huit jours de navigation jusqu’aux Tongas, puis une autre semaine jusqu’à la terre des All Blacks. Son départ nous laisse tous un peu orphelins: Agathe et Cécilie ont profité d’une énième soirée pyjama chez leurs copines Violette et Lilas, et l’ultime soirée jeux s’est étirée jusqu’à 1h30 du matin, chacun intimement persuadé qu’il n’était que 23h30…

Ils nous auront accompagnés lors de nos premières mouillages, immortalisé nos expériences variées avec le spi, partagé nos nages avec les mantas… une bien belle rencontre en ce début de voyage! A nous maintenant de trouver notre indépendance, de grandir en tant que navigateurs, et on espère se recroiser l’été prochain en métropole!


dimanche 29 septembre, le maraamu (un fort vent de S-E) nous chasse de notre mouillage à Tahaa, nous y reviendrons très bientôt promis, et nous descendons sur Raiatea, près de la pointe de Mirimiri: nous y serons à l’abri ces quatre prochains jours.

Nous avons accès depuis notre mouillage au ponton du Raiatea Lodge, qui propose lundi une soirée polynésienne, avec démonstration de pareo, confection de couronnes de fleurs, et danses! C’est l’école de danse locale qui régale, et la plus jeune des danseuses a 5 ans! Il semblerait que ce soit une histoire de familles, beaucoup des musiciens sont des papas ou des frères, voire des cousins, l’ambiance est très sympa! Les filles sont invitées à danser, et on mesure la marge de progression qu’il reste à combler avant d’être au niveau ^^…

Le lendemain nous louons une voiture, pour faire quelques courses à Uturoa, la grande ville, ainsi que le tour de l’île. Uturoa nous fait un peu penser à une ville du Far-West: une ou deux grandes rues principales, bordées de boutiques qui vendent de tout, les trottoirs sont surélevés et protégés par les avancées des toits des magasins. Il ne manque que la terre battue et les abreuvoirs pour les chevaux…

street art!

En roulant dans les faubourgs, on s’aperçoit rapidement que le niveau de vie à Raiatea est plus élevé qu’à Huahine: il y a davantage de belles maisons « en dur » et beaucoup plus de commerces. L’état de la route circulaire est comme d’habitude impeccable , avec des points de vue à couper le souffle sur les baies et des falaises vertigineuses: le Mont Tefatua culmine à 1 017m, et justifie pleinement le nom de ce blog!

Nous visitons une ferme perlière sur la côté est de l’île: c’est justement le jour de la récolte des perles. Nous pouvons donc assister à la délicate opération d’ouverture des coquilles et de l’échange de la perle (seulement si elle est jolie!) avec un nouveau nucleus: il s’agit d’une petite boule de nacre blanche, découpée par les Japonais à partir d’une huître du Mississipi. C’est autour de celui-ci que l’huître, sécrète une couche de nacre qui enveloppe ce nucleus et forme la perle. Lors du premier ajout de nucleus, un greffon – issu du manteau d’une huître choisie pour la qualité de la couleur de sa nacre – est ajouté et c’est ce qui déterminera la couleur de la ou des perles que l’huitre produira.
Une huître est greffée pour la première fois dans sa 3ème année: si elle rejette la greffe, elle ne sera pas remise à l’eau avec les autres; si elle a donné une perle, le greffeur la récupère et met à sa place un nucleus de même taille que la perle sortie: l’huître va continuer à entourer ce nucleus, de la même couleur que la perle précédente (pas besoin d’un nouveau greffon). Lorsqu’elle a donné trois perles, donc au bout de trois ans, elle n’est plus utilisée par les perliers, sachant qu’entre chaque perle le risque de rejet existe. C’est une culture avec un fort pourcentage de risque, le rendement n’est qu’autour de 65-70%, et une grande partie d’entre elles n’est pas parfaitement ronde: elles peuvent être allongées (sous forme de poire), bosselées, rainurées… Il existe des catégories de perles, de A, les parfaites, à D, en fonction donc de leur forme, de leur aspect lisse, de leur brillance… Tout un monde!


Nous continuons notre tour, en prenant LA deuxième route, la traversière, qui coupe à travers l’impressionnant massif montagneux de l’île. Nous parvenons à louper le belvédère indiqué sur la carte, mais nous nous régalons quand même! A ce propos, nous arrivons dans une partie de l’île plus déserte, nous nous arrêtons pour déjeuner à l’hôtel assez confidentiel Opoa Beach, dont le restaurant nous propose de très bons poissons crus! Les filles se régalent de brochettes de poulet à l’ananas, ce dernier particulièrement succulent…


Nous nous rendons ensuite sur le plus grand site archéologique de Polynésie: le Marae Taputapuatea, qui est le seul de ces îles à avoir eu un rayonnement international: lorsque les habitants des îles du Pacifique voulaient implanter un nouveau marae, ils devaient se rendre à celui de Raiatea pour en prendre une pierre qui participera à l’édification du leur. Il fait partie du Patrimoine mondial de l’Unesco, et le site est très bien mis en valeur; des recherches archéologiques ont encore lieu, il reste encore beaucoup d’inconnues sur la civilisation polynésienne pré-européenne. Les filles se sont surtout intéressées à deux employés qui cueillaient des noix de coco avec un tracteur, et aux crabes des cocotiers qui se cachaient dans leur trou à leur approche…


Dernière étape dans notre tour: nous sommes attendus à 15 heures chez Christiane, une collectionneuse de coquillages! Elle accueille chez elles les curieux pour leur faire découvrir une toute petite partie de ses 2500 spécimens, et c’est passionnant: toutes les formes, toutes les couleurs, toutes les tailles, avec chacun leurs particularités (telle espèce dissout sa nourriture avec un acide, telle autre lance un de ses sept mini javelots capables de transpercer les petits poissons…)… Christiane est ravie de partager sa passion, un de ses amis collectionneurs est également présent et ajoute quelques précisions (il publie dans les semaines à venir un livre, en collaboration avec eux autres spécialistes, qui fera date dans le milieu du coquillage, paraît-il). Nous ressortons deux heures plus tard bien plus savants qu’en entrant. Nous retenons surtout qu’il y a très peu de coquillages en Polynésie, on trouve les plus beaux et les plus gros aux Philippines, d’où ils seraient partis coloniser le monde, et peu d’entre eux sont parvenus jusqu’ici… Les filles ont la chance de se voir offrir trois beaux spécimens chacune!


Nous terminons notre tour avec un beau coucher de soleil et quelques courses à Champion, nos provisions pharaoniques commencent à s’amenuiser (surtout celles de chocolat).
Aujourd’hui jeudi 3 octobre nous changeons de mouillage, le vent est repassé à l’est et s’engouffre entre Raiatea et Tahaa, malmenant notre bateau à l’ancre. Nous descendons un peu plus au sud, et notre nouveau mouillage, près de la passe Toamaro est magnifique, entre motu et falaises verdoyantes; même si le vent souffle encore pas mal, il est plus en phase avec le courant, nous devrions mieux dormir cette nuit!

En bonus: la recette du gratin de Uru, aussi appelé fruit de l’arbre à pain!

Prenez un fruit bien mûr (des gouttes de sève doivent s’en échapper)
Laissez-le reposer la nuit
Le lendemain, épluchez-le et retirez le centre

Découpez le en fines tranches, et faites des couches dans le plat à gratin en alternant avec de la crème fraiche.

Une bonne heure au four, et c’est prêt! Le goût est proche de celui de la pomme de terre, mâtiné de celui de la châtaigne… C’est exquis!
Lorsque le uru est très mûr, son goût est encore plus sucré, et c’est excellent en purée!

Des nouvelles du régime de bananes reçu à la vanilleraie: il a bien mûri, et a été dépouillé cet après-midi de toutes ses bananes, qui ont été épluchées, coupées en morceaux et congelées… pour de futurs gâteaux!