Maupiti

A l’ouest!

Que faire, que voir, que raconter après cette baleine… J’avoue avoir été K.O quelques jours après cette rencontre merveilleuse… Plus envie de plonger, comme rassasiée, trop pleine d’images et d’émotions trop fortes… Alors on a fait d’autres choses: un petit tour à Vaitape, la ville de Bora, pour faire le plein de fruits; un peu d’école; un peu de lecture; Vincent et les filles sont sortis du lagon pour rencontrer un requin-citron, mais j’ai décliné l’invitation, pas encore complètement remise…
Puis nous partons: le vent continue de baisser, et si ça continue nous irons à Maupiti au moteur, un comble après les semaines de vent que nous avons essuyées! Maupiti est la dernière grande île habitée de la Polynésie Française, la plus à l’ouest, la plus sauvage, la plus belle nous a-t-on dit… Et elle se mérite: on y accède par une unique passe, inhospitalière voire très dangereuse selon les conditions… Lotus nous a raconté l’histoire d’un monocoque obligé de renoncer après 1h de lutte contre le courant; celle d’amis qui étaient partis de nuit de Bora pour être certains d’être aux aurores à la passe… Tout cela nous faisait froid dans le dos. Un couple qui tient une pension sur le bord de cette Charybde ( ou c’est Scylla, je ne sais jamais…), anciens marins, donne des conseils par téléphone aux nouveaux arrivants. Je les appelle vendredi, la voix chevrotante: « la passe va-t-elle bien? »; Camille me répond en riant qu’elle ne peut pas prédire son état de demain, mais que vu le vent (entre 8 et 10 noeuds) et la houle (moins d’un mètre), ça devrait passer. Ça devrait. Ça ne nous fait pas rire.
Nous choisissons finalement d’appareiller dimanche; mais la veille au soir, en re-re-re-re-regardant la météo, nous voyons la carte couverte de grains et d’orage… Malheur, Maupiti est-elle maudite?
Nous partons tout de même aux aurores, comptant sur une traversée de 6h, l’arrivée prévue à midi avec peu de houle annoncée devrait permettre un passage assez tranquille – surtout, le vent chute considérablement en début d’après-midi.
Nous quittons Bora sur des images magnifiques, le pic à moitié voilé par les nuages du premier grain de la journée, le soleil levant filtrant à travers les nuées… Maupiti est droit devant, encore endormie dans le lointain, un peu masquée par les brumes matinales, les oiseaux survolent une mer d’huile, des baleines soufflent au loin, on pense à mettre les voiles – BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIPPPPPPPPPPPPP!!!!!!!!!! Ou plutôt: un bruit strident nous tire de nos rêveries: quoi quoi qu’est-ce qui se passe???
C’est le moteur tribord de Fakarever qui nous dit qu’il y a de l’eau dans le Saildrive (là je laisse Vincent expliquer ce que c’est que le saildrive: « c’est la partie qui transmet les efforts du moteur à l’hélice: principalement immergée donc. Les roulements et pignons doivent baigner dans l’huile et toute eau salée source de corrosion de frottements n’est pas du tout la bienvenue! »). Bien bien. C’est grave docteur? Vincent coupe tout, sort le manuel, ouvre les capots, vérifie l’huile, check sur internet , « y’a pas de mayonnaise » (??? si tu le dis, on a de la moutarde si tu veux), « c’est sûrement une fausse alerte. » Oui, mais si c’en n’est pas une? On va vers Raiatea plutôt, pour faire vérifier ? Oui, non? Sûr sûr??
Nous repartons, le BIIIIIPPP tente encore deux fois de communiquer le temps que l’on lance le spi, puis se tait définitivement: on est à la voile direction Maupiti !

Interlude technique: une fois arrivé, Dominique ( spécialiste Yanmar qui nous avait fait la maintenance des 1000h) nous a guidé pour vérifier tout ça: c’était bien une fausse alerte. Il y a en réalité une double membrane, le capteur est entre les deux afin de prévenir en amont dès le passage de l’eau à travers la première membrane et avant que l’huile se transforme en mayonnaise (eau + huile => viscosité de mayonnaise). Pas d’eau entre ces 2 membranes. Un nettoyage de l’ensemble paraît avoir eu raison de cette fausse alerte.

Un grain devant, un derrière, un sur le côté: l’intérêt, c’est qu’on a du vent! On avance bien, Vincent fait ses réglages au poil. Il y a même un poisson qui mord à l’hameçon de sa canne à pêche, mais, tellement on va vite, il en casse le fil (il était vieux, il avait cuit au soleil… (le fil, pas le poisson)).
Malheureusement les grains s’éclipsent (sans même nous avoir mouillés), et le vent avec lui: c’est rapidement le calme plat. Le spi ne se gonfle plus, on tente le génois sans plus de succès, on lance le moteur pour la dernière heure…
Nous déjeunons, puis nous préparons à affronter la passe… Tout est rangé à l’intérieur du bateau, les placards sont fermés, les assiettes sanglées, les filles briefées – ça va secouer, on vous aime!!-, et nous y voilà: Vincent me montre les grosses vagues sur lesquelles il va falloir surfer… ah non, ça c’est la barrière de corail, la passe est à côté… ah, c’est tout plat… oui mais le courant c’est traitre, on fait ronronner les deux moteurs… ah tiens, ça avance tout seul… oh dis donc, ça y est on est dans le lagon… « Papa, c’est quand que ça secoue?? il se passe rien là!! », euh, oui effectivement on a eu au maximum 1 noeud de courant à contresens et aucune vague…
Pas si terrible cette passe finalement… Much ado about nothing?

la fameuse passe

Le lagon par contre est magnifique: aussi beau que celui de Bora, mais plus confidentiel, avec quelques pensions sur les motus, des fonds superbes, des bleus incroyables; on devrait être bien!
Nous mouillons sur un immense plateau de sable, avec 30 cm d’eau sous les coques, mais on est large!

Quelques bateaux de charter viennent mouiller pas loin de nous, mais ils ne restent pas: ils profitent que la passe soit praticable pour profiter une journée, voire 24h de Maupiti, puis s’en repartent à Bora et Tahaa. Nous faisons connaissance avec un magnifique Leopard 48, Léo, propriété de Pierre et Caroline, qui connaissent bien la Polynésie y ayant séjourné à plusieurs reprises. Nous goûtons ensemble le rhum arrangé Passion acquis à la rhumerie de Tahaa, et Pierre me raconte sa prochaine pièce de théâtre qui sera mise en scène au théâtre du Rond-Point… On se reverra en métropole!
Pas loin du mouillage se trouve une aire de nettoyage pour raies manta; nous y faisons un saut dès le premier matin, et ne sommes pas déçus: cinq magnifiques mantas se prélassent au fond de l’eau, en faisant des ronds et des spirales élégantes. La visibilité n’est pas terrible, mais c’est la première rencontre pour les filles, qui sont ravies!


Nous nous promenons sur le motu Pitihahei, pour nous approcher de la barrière de corail – un chien nous accompagne durant toute la balade; nous nous rendons à la pointe Tereia pour profiter de la plage et ramasser des coquillages; nous nageons dans l’énorme piscine qui entoure le bateau; les filles ont leur première leçon de conduite d’annexe; nous admirons les couchers de soleil fabuleux; nous guettons les raies pastenagues et léopards qui tournent autour de notre mouillage; nous devons d’ailleurs en changer – de mouillage – depuis deux jours, pour nous rapprocher du village, mais bizarrement, je suis bien moi là….

On bouge demain, il paraît qu’il y a une magnifique randonnée à faire, il va falloir partir à la recherche de nos chaussettes…

Huahine

Hue, Huahine

Plan de Nav

Après toute cette attente à Papeete et Taina, on est impatient de partir ! Le vent indiqué est de 10-15 Noeuds en grand largue une fois que l’on aura quitté la protection de l’île de Tahiti. On espère donc faire du 7 noeuds de moyenne (héhé, on est encore des jeunes Padawan) et mettre une quinzaine d’heures pour faire les 90 miles de navigation.

Pour arriver de jour, nous prévoyons de partir en fin d’après midi et de naviguer essentiellement de nuit. C’est notre première nav de nuit tout seuls ! (la seule qu’on ait faite était avec Skipper à Bandol en Méditerranée )

C’est parti!

Après des derniers achats sur place (chaine inox pour l’annexe afin de ne plus se mettre plein de rouille sur les mains à chaque fois qu’on l’attache, colle pour remettre le rail de led sous la nouvelle machine, et plein d’autres petites choses), on largue les amarres vers 16h.

2 rameurs profitent de notre sillage le temps que l’on rejoigne la passe, la lumière est magnifique et cela fait un petit pincement de quitter Tahiti, où on a déjà passé de si bons moments !

La passe est agitée (gros bouillons, houle de travers), mais avec les 2 moteurs et de la vitesse, on traverse aisément. Le vent se fait trop timide à la sortie, donc on continue au moteur direction plein nord pour quitter le cône protégé par l’île.

Petit à petit le vent augmente, la nuit commence à tomber, et comme on ne se voit pas faire notre première nav de nuit sous spi, on met juste le génois. Le temps est magnifique, la lune presque pleine nous éclaire, la houle avec ses longues ondulations nous pousse gentiment dans la bonne direction. Il est 19h30, Leslie fera le premier quart, je vais me reposer ( magie: je m’endors très rapidement)

1er quart

(c’est Leslie qui raconte) Évidemment qu’il dort comme un bébé, avec un telle navigatrice à la barre, il peut dormir sur ses deux oreilles!
La nuit est effectivement magnifique, et avec la houle qui nous fait un peu surfer, l’allure est vraiment agréable. Je me détends petit à petit (oui, bizarrement, un peu stressée au départ…), je profite du bruit de l’eau sur la coque et des doux mouvements de balancier du navire. Avec le pilote automatique enclenché, il n’y a finalement pas grand chose à faire pendant le quart, j’en profite pour éditer quelques images sous-marines prises à Taina (nous avions trouvé un nouveau spot de plongée bien sympa avec une petite épave), lire tranquillement (en mettant un réveil toutes les 10 minutes, le bercement continu commence à faire son effet), et même sortir le ukulele. Quelle classe de travailler ses accords sur le siège de barre, face aux étoiles! J’arrive même à la fin de mon quart à maîtriser le Sib mineur…
Vers 1h le vent a beaucoup baissé, notre vitesse de pointe est autour des 2,8 – 3 noeuds, je vais réveiller Vincent pour tenter l’option Grand-Voile (bien mal m’en a pris, je spoile un peu le paragraphe suivant, mais elle a fait un bruit d’enfer tout le reste de la nuit et j’ai dormi à peine 1h30…)

2ème quart

1h30, Leslie me réveille, et je me prépare pour mon quart. Le vent est seulement de 7-9 noeuds, et nous avançons à ce moment là à 3 noeuds (après une moyenne de 4). Ça va être juste pour arriver avant le lendemain soir! On décide d’ajouter la grand voile. Allez, hue ! En pratique, cela ne nous a pas fait gagner grand chose à cette allure, à part des battements de baume en fonction de la houle (même celle-ci attachée). Leslie part se coucher vers 2h30. C’est donc à 4 noeuds de moyenne que nous continuons.
Je profite de la lune, des nuages et des grains qui passent au loin, un porte container et un ferry nous croisent sur l’horizon.
La lune disparait et c’est 30 minutes de noir profond avant que le soleil se lève…. magique!

Spi

6h, la luminosité est bonne, il est temps de mettre le spi pour accélérer ! (l’ordinateur de bord indique une arrivée à la passe vers 21h à notre vitesse de tortue…de terre, car dans l’eau, elles filent !)
On a bien tout préparé, selon le manuel qui dit (au contraire du livre des Glénans), de garder la grand voile et rouler le génois.
Cela se déroule pas trop mal, mais avec la houle qui lui imprime de grand mouvements et la grand voile qui le dévente, le tout avec peu de vent, le spi ne tient pas bien et se replie régulièrement sur lui même.
On le remet dans sa chaussette, pose 3 ris à la grand voile pour limiter la dévente et c’est reparti ! Mais le temps de faire ça, le spi a visiblement eu le temps de tourner sur lui même et ne se déploie pas.

On est fatigués, il est temps de prendre un petit déjeuner, c’est donc avec un moteur qu’on avance (et une voile au 3ème ris). 5,5 noeuds, l’heure d’arrivée prévue est de nouveau raisonnable.

Une fois les forces reprises, on sort le spi entièrement de sa chaussette sur le pont en l’attachant régulièrement pour qu’il ne se gonfle pas; on lui trouve 2 tours entre lui et sa chaussette (bizarre). Ça n’a pas dû aider sa mise en place le matin…

10h, on est tout bon ? On y va ? Euh… le vent est tombé à 5 noeuds, on laisse tomber, on range complètement la grand voile et profitons de la navigation (au moteur donc 🙁 )

13h45, le vent forcit de nouveau à 9-11 noeuds.
Je suis toujours à fond: « on met le spi » ? Bizarrement Leslie n’était plus super motivée.. j’utilise mon joker: « on essaie 15 minutes, si ça fonctionne pas, on met le génois et on continue appuyé au moteur »
Et là, le miracle opère: sans grand voile, les tours enlevés, ça se déploie tout seul, il est magnifique !
Par contre, nous n’avançons qu’à 4,5 noeuds, nous gardons donc un petit appui moteur pour rester à 6 noeuds et arriver avec assez de marge tout au fond du chenal (1H30 de chenal), où nous attend Lotus, avant la nuit.

Huahine !

Huahine se découpe à l’horizon, une baleine vient nous accueillir et repart. Nous approchons suffisamment pour faire des échanges radio avec Lotus.

Notre bateau pris depuis le mouillage par Lotus! Mais quel beau spi!!

Avec l’effet venturi près de l’île, le vent forcit assez pour que l’on coupe le moteur (12noeuds !). Nous longeons ainsi le récif sans autre bruit que la houle qui roule et s’écrase avec fracas sur celui ci (en quelque centaines de mètre la profondeur passe de 1000 mètres à 0!), c’est vraiment impressionnant.

Le Spi quand à lui opère sagement le passage de large tribord, au vent arrière puis au large bâbord à l’aide de nos réglages…

16h30, nous sommes à la passe. C’est un trajet magique qui nous attend pour rejoindre le mouillage tout au sud, avec le soleil couchant sur l’eau transparente, la végétation luxuriante, les paysages qui se découpent et défilent sous nos yeux..

On mouille ?

17h50, le soleil est tout juste couché, on fait (vraiment) confiance à Julien pour le rejoindre sur un plateau de sable. Le sondeur bippe et indique 1,1m pour un cata d’1,16m de tirant d’eau: Julien tu es vraiment vraiment sûr ? Il y aura en effet encore 20cm d’eau sous la quille et on est marée basse (on surveillera la houle tout de même)
C’est bon, on est positionné ? Leslie envoie l’ancre ! Comment ça, ça fait juste « clic clic ? ». Rhaaaaaa !
J’essaie aussi, Julien vient nous aider, desserre le frein, mais rien à faire ça ne descend pas. Le tout avec suffisamment de courant pour qu’il faille en permanence quelqu’un à la barre pour compenser.

on aperçoit la mine déconfite de Leslie devant le guindeau en panne…

On jette l’ancre de secours. C’était au final juste le disjoncteur qui avait été coupé par inadvertance lors des travaux moteurs de Papeete, et moi qui au lieu d’enlever le frein avait mis la sécurité qui empêche le guindeau de se dérouler. On a encore beaucoup à apprendre !

On est tous ravis de retrouver Lotus et c’est autour d’un bon apéro (et de rhum) que l’on se raconte toutes nos aventures!

Le film!

Voici quelques images admirablement filmées et montées par Leslie :

Tahiti

Fluctuat nec mergitur

ça y est, nous avons largué les amarres! Mais peut-être aurions-nous dû attendre demain de meilleures conditions météorologiques, nous avons eu quelques déboires: beaucoup de mal à maîtriser les voiles qui battaient dans tous les sens à cause du vent, vitesse du bateau surprenante, et les filles sont restées couchées une bonne partie de la navigation. Enfin, nous ne sommes pas passés loin du récif, et avons même manqué nous faire accoster par un pirate… Plus de détails dans la vidéo ci-dessous…

Première sortie en mer
Tahiti

Premiers jours à bord de Fakarever

Nous avons déjà parcouru 150 milles, laissé les îles de la Société derrière nous, nous attaquons l’archipel des Tuamotus… euh… en fait… non pas vraiment.
En vrai nous n’avons même pas encore démarré le moteur, seulement celui de l’annexe (péniblement porté et fixé, on a eu quelques sueurs froides dans la manœuvre…). On commence tout juste à comprendre comment fonctionnent et à quoi servent toutes les machines à bord ( générateur, dessalinisateur, pompes à eau diverses…), on s’attaquera à la partie navigation la semaine prochaine !

Moorea
Notre voisine, Moorea

Voici ce qu’on fait de nos journées:

Réveil aux aurores : 6h tapantes, en même temps que le soleil. Tout ici commence tôt, les administrations ouvrent à 7h30, les magasins 8h, et en compensation tout ferme plus tôt aussi… On vit au rythme des poules, et des coqs qui se promènent en liberté dans l’île et chantent toute la journée.

Petit dej dans le cockpit : vue sur le volcan de Moorea, avec des visiteurs merveilleux : une raie le premier jour, et ce matin une tortue qui s’est régalée de ce que pouvait héberger notre bouée. Elle a fait son show un bon quart d’heure, puis s’en est allé prendre son dessert ailleurs. ‘Encore plus magique que les merles du jardin !’


Rangements divers : beaucoup de rangement en fait, pour faire rentrer tout ce que contenaient nos sacs, pour organiser nos vivres, pour rendre le bateau vivable, pratique et efficace !
Appropriation des chambres : Agathe s’est déjà construit une belle cabane, paradis des fées et des barbies, elle a l’air d’être bien dans sa chambre à elle ( il aura fallu aller au bout du monde pour être enfin indépendante, et elle a l’air d’apprécier!)
Courses courses: le Carrefour est à 500m, le long d’une nationale 2×2 voies pas très agréable, mais une fois dans les rayons nous ne sommes pas dépaysés : reblochon et raclette, mousse au chocolat (à 8€ les 4, on s’en passera cette année), on retrouve tous les produits « comme à Montbonnot » ! On essaie quand même de trouver du local, des beaux poissons, des bons jus de fruits, mais il n’y a quand même pas grand-chose… On trouvera sur les marchés !
Plongées : il n’y a pas de plage à proximité de la marina de Taina où est amarré le bateau, mais les récifs sont à une minute en annexe, donc notre première plongée s’est faite au milieu des coraux ! Poissons multicolores ou turquoises, énorme murène (bien contente qu’il y ait 3m de fond, je n’aurais pas aimé l’avoir près de mes mollets…), que demander de plus ? Nous plongeons aussi du bateau, pour se rafraîchir rapidement ou faire de magnifiques figures en vue des prochains JO !


Mises en route / prise en main du bateau : le bateau est un grand terrain de jeu pour bricoleur, il y en a partout et pour tous les goûts ! Circuits d’eau, circuits de gaz, dessalinisateur avec plein de filtres et de tuyaux, cales et coques à explorer, on peut facilement y passer ses journées. Vincent se débrouille comme un chef, il m’épate quand il réussit à débloquer toutes les situations aussi efficacement, même si “ça prend un peu plus de temps que prévu” ^^… On a bientôt fait le tour de la partie habitation du bateau, bientôt on s’attellera à la partie navigation : voiles, bouts et moteurs… ce qui en fait un bateau en fin de compte…
Jeux sur le pont, dans les chambres, sur le trampoline, sur la plage en hauteur… Les filles s’ébattent joyeusement toute la journée dans tous les sens, (je m’égosille aux cris de «  ne courez pas !! faites attention!!), voyant du danger partout, mais pas de doute, elles vont rapidement avoir le pied marin… On a commencé à faire un peu de musique, Agathe s’est emparé du ukulele et a entamé ses premières leçons de flûte à bec, les sirènes n’ont qu’à bien se tenir !


A 20h, tout le monde est bien épuisé, et nous battons les records du monde de vitesse d’endormissement. Il fait nuit depuis 2h déjà, pile 12h de soleil par jour, ça nous permet de bien nous caler au décalage horaire !

Quelques sources d’étonnement:

  • le tutoiement généralisé : on dit tu à tout le monde, et c’est extrêmement déroutant ! Toute une éducation à revoir, les réflexes sont coriaces, on va s’y faire, même si ce n’est pas désagréable de se faire appeler « ma belle » par la serveuse de Mc Do (qui avait 15 ans de moins que moi), et un peu bizarre d’entendre « et voilà ton plat, maman » par un serveur rugbyman de 50 ans…
  • la facilité avec laquelle les filles se sont adaptées à leur nouvel environnement : c’est Agathe qui en a fait le constat l’après-midi du 2ème journée, et c’est vrai que c’est impressionnant. Pas de coup de blues pour le moment, beaucoup d’enthousiasme, elles s’orientent sur le bateau comme si elles y avaient toujours habité, sont très à l’aise sur l’annexe, le nouveau rythme de vie leur plaît beaucoup !
Avant le départ

L’achat du bateau

Partir sur un voilier 1 an pour faire le tour de la Polynésie, c’est bien, mais il faut encore savoir sur quel navire et le trouver !

Entre notre idée de départ et ce que l’on a finalement choisi, c’est presque le grand écart: nous sommes passés d’un dériveur intégral à un catamaran grand confort dont les prix n’ont rien à voir.

Notre expérience

Leslie avait une expérience lointaine sur monocoque habitable lors de vacances dans sa jeunesse avec ses parents. De mon côté, j’avais une expérience de voile légère à la fois sur monocoque (420, Laser) et sur cata (hobie cat). J’allais oublier le plus important: nous avons chacun de notre coté, au collège, fait une colo sur l’Émigrant, un vieux gréement (visible ici, actuellement connu sous le nom de “Bro Warok”).

L'Emigrant / Bro Warok
L’Emigrant / Bro Warok

Mono ou cata ?

On se sentait tout de même un peu rouillés. Pour expérimenter, et faire le bilan de nos compétences respectives, nous faisons un premier stage en février sur un Sun Fast 43. C’est un peu la Ferrari des monocoques: très beau bateau, ultra-maniable, agréable à naviguer. Cela nous a donc convaincu de… choisir un catamaran! En effet, même si coté sensation c’est génial, 3 points nous ont convaincus pour un cata:

  • l’absence de gite en catamaran permettra à nos filles de s’installer et jouer pendant les navigations (dont certaines vont durer plusieurs jours)
  • un grand carré en hauteur sur l’eau et vue 360° (vs en fond de coque) améliore grandement le confort et devrait là encore leur permettre d’y être pendant les longues navigations sans avoir le mal de mer
  • un faible tirant d’eau (que l’on peut retrouver sur un dériveur intégral)
Iti Manawa
Leslie à la barre d’Iti Manawa

Recherches

C’est ainsi que dès fin février nous nous sommes lancés dans la recherche d’un catamaran, avec un budget de 170 à 220 k€. Nous avons contactés les brokers en Polynésie, et beaucoup discuté avec David de Tahiti Sail qui a été d’une aide énorme: il nous a extrêmement bien accompagné dans ce projet d’achat. Nous avons également trouvé une annonce originale émanant d’un broker australien, ce qui nous a permis de préparer petit à petit une sélection de bateaux à voir lors d’un aller-retour express de 2 semaines en juin.

Un aller-retour ?

15 jours de congés dans une période où ils pourraient servir à d’autres préparatifs ? Malgré le prix des billets? le kérosène brûlé ? Est-ce que ça valait le coup ?

Oui, trois fois oui:
1) On voit effectivement beaucoup de choses sur les annonces, mais pas tout. Un des catamarans dans notre TOP 3 n’était finalement pas un choix valable et je ne m’en serais jamais aperçu à distance.
2) Lorsque l’on monte sur un cata et encore plus lorsque l’on rencontre les propriétaires, il y a plein de choses que l’on ressent tout de suite: cata très (trop?) customisé/bricolé, accent mis sur les voiles, sur le moteur, sur le confort…
3) N’ayant pas d’expérience d’achat de bateau, j’ai énormément appris lors de ces visites: les différents types de matériel, les habitudes des propriétaires, leurs astuces, ce qui était important pour eux par rapport à leur utilisation (performance du dessallinisateur ? Intérêt d’un générateur ? d’une machine à laver ?). Cela permet de mieux se projeter! J’ai aussi eu la chance immense d’être accueilli par Maud et Yann qui habitent sur leur cata à Moorea et ont déjà fait un grand voyage à travers la Polynésie. Cela a permis d’échanger sur les choix, de prendre du recul, de se rassurer.

En route pour Raiatea (Moorea sur la photo)

Ce que l’on a choisi et pourquoi ?

5 catamarans en lice au départ avec des choix très différents:

  • 1 cata à 170k, à peu près dans les prix du marché, bien équipé grand voyage => éliminé, car trop customisé, et nous souhaitions aussi un intérieur en meilleur état. Cela aurait été au final notre 3ème choix.
  • 1 autre un peu trop cher par rapport au marché, mais négociable => éliminé car c’était un cata qui a essentiellement fait du port: limité en voiles, options de port inutiles ( clim utilisable à quai uniquement sachant que nous ne feront pratiquement que du mouillage) et on risquait d’avoir des surprises si on se mettait à l’utiliser intensivement à la voile.
  • 1 initialement dans le top 3, dont la visite a été très décevante par rapport à son état et a semblé avoir souffert de l’humidité.
    note: Taravao est très humide, et je ne le conseillerai pas pour stoker un navire

Et les 2 finalistes:

  • Appelons le premier F: une autre gamme de cata: grand (44 pieds: nous cherchions entre 40 et 45 pieds), mais surtout très récent, de très belles prestations et très bien équipé. Par contre au double du prix. Pourquoi l’avoir tout de même regardé ? David nous en a parlé car des acheteurs potentiels étaient intéressés pour l’été 2020 (revente à priori plus facile) et surtout plus de la moitié du prix était sous LOA. Kezako ? « Location avec Option d’Achat »: en gros un crédit est associé au cata. Nous pouvons donc l’acquérir pour beaucoup moins cher, mais avec un crédit en plus à rembourser. Mensualités comprises, il revenait ainsi dans notre budget. Nous n’y croyions pas trop, mais nous avions suivi cette piste parmi les autres.
  • Appelons le deuxième N (celui du broker australien): un très beau cata, pas trop vieux (10 ans), un peu au dessus de nos prix, très très bien entretenu, un peu juste en terme d’équipements. Cela aurait été un très bon choix aussi.

Après avoir pris le week-end pour réfléchir, nous avons décidé de prendre F en dessous d’un certain prix (en cas d’échec, nous nous serions rabattus sur N) afin de ne pas prendre trop de risque lors de la revente (le crédit continue de courir même si la vente se prolonge) et pour s’assurer que notre dossier de LOA soit validé par la banque. Le pire aurait été d’être refusé par la banque et que N soit vendu entre temps!

Deux semaines intenses

Au final, ces deux semaines ont été bien remplies:
Arrivée lundi, visite avec David mardi et mercredi, visite de N à Raiatea jeudi vendredi.
WE pour réfléchir.
Négo lundi et mardi, signature compromis mercredi, prise en main et essai en mer* jeudi, expertise avec sortie de l’eau vendredi, et retour pour la métropole samedi à la première heure !
* il n’y a en général pas d’essai possible lors des visites, il faut d’abord signer le compromis, cela évite les touristes

Fakarever sorti de l'eau
C’est parti pour l’expertise de la coque !

Ouf, nous avons un navire (Fakarever donc), le reste c’est du détail: nous sommes prêts à partir !