Rangiroa

Maeva in Rangiroa!

Vendredi 13 décembre, le temps presse, il faut y aller. Le vent s’annonce plutôt bon pour la première partie de la nuit, mais va tomber au petit jour, nous décidons de partir vers 16h de Tikehau pour Rangiroa.

A la passe, deux belles surprises: Lysandra est sur le bateau de plongée de son papa, pour une sortie snorkeling, et nous fait de grands au-revoirs debout à la proue! Encore une belle rencontre pour les filles offerte par les îles… Puis, quelques mètres plus loin: des dauphins surgissent et nous accompagnent sur un mille, en jouant entre les coques et l’étrave… Cette navigation s’annonce plutôt bien!


Nous serons même accompagnés: l’Eimata Va’a, un magnifique Outremer 51, arrivé la veille au mouillage de la passe, se rend lui aussi à Rangiroa! Une présence au milieu de la nuit, c’est sympa, surtout dans les heures avant le lever de lune, tellement sombres qu’on ne distingue plus le ciel de la mer…


Des grains se forment au sud, nous apportant un peu de vent d’est, pratique pour remonter au nord de Tikehau, mais un peu plus pénible pour rejoindre Rangiroa, bien à l’est. Nous tirons des bords une bonne partie de la nuit, mais la mer est calme, le vent constant, je me réconcilie avec la navigation en haute mer…
Au petit matin, le vent est quasiment tombé, mais le peu qu’il reste continue à être de face: on allume un moteur. Le vent revient, on coupe le moteur, le vent repart, on rallume… Des globicéphales passent; nous évitons la pluie… et parvenons enfin à la passe d’Avatoru, un peu plus tard que prévu. Il s’agit de la passe la plus à l’est de Rangiroa, celle qu’on nous a conseillé d’emprunter pour entrer dans le lagon. Nous sommes quasiment à l’étal (heure où le courant est le plus faible), nous gardons les voiles pour stabiliser le bateau, car malgré tout le mascaret est assez fort à l’entrée, et des remous très bizarres nous attendent à la sortie. Mais Fakarêver traverse toutes ces eaux mouvantes sans broncher, et ça y est, on est arrivé!

Enfin presque, le mouillage est à l’autre bout de la longue bande de terre sur laquelle s’étale le village d’Avatoru: Eimata Va’a, arrivé 30mn avant nous, nous confirme que le mouillage ne tient pas en face de la première passe, il faut rejoindre la deuxième, en face du village de Tiputa, à une heure de navigation. Le vent est de NE, nous gardons les voiles et observons avec ravissement les fous à ventre blanc chasser sur des bancs de poissons qui frétillent à la surface.
Nous mouillons près de Eimata Va’a, il n’y a pas beaucoup de visibilité et pas mal de profondeur, mais l’ancre résiste aux tests (moteurs en marche arrière à 1500 trs/mn), on devrait dormir tranquilles! Nous nous rendons à terre, où nous attendent un petit débarcadère, deux supérettes, des snacks, des clubs de plongée, et même un container pour les poubelles des bateaux… On sent que le tourisme de plaisance est bien développé, toutes les commodités sont réunies autour du port, c’est très confortable! On déchante un peu en voyant les prix du lait à la supérette, la propriétaire du snack nous confirme que les prix sont bien plus chers que dans les supérettes du village à l’est d’Avatoru. On ira (re)faire le plein là-bas…
Nous prenons des renseignements pour les plongées auprès des différents clubs en prévision de l’arrivée imminente de Gaby et Morgane, puis c’est le grand ménage: nous préparons la cabine des invités, qui servait jusqu’à présent de débarras, Vincent regraisse tous les hublots, les filles rangent et décorent leur chambre, préparent une crèche à base de palmes et de playmobiles… Il pleut des cordes sans discontinuer depuis samedi soir, un énorme orage a éclaté, on est content d’avoir bien planté l’ancre! La dame du snack – vraie mine d’informations – est confiante que le beau temps reviendra lundi, le vent ayant tourné nord.

Lundi matin à 8h, nous sommes prêts: bateau rangé, cheveux brossés, annexe descendue, mais – « A priori notre vol part à 10:30, j’ai l’impression qu’ils ont annulé notre avion ». Zut, ils avaient pourtant réussi à enchaîner 2 trains, 1 rer et 2 avions sans problème… Je vais chez Mama Tetua qui nous a préparé deux beaux colliers de fleurs de tiare, puis nous attendons patiemment que l’heure tourne, avec une pensée pour les deux voyageurs en plein décalage horaire, mal installés sur les banquettes de l’aéroport de Tahiti.

A 11h nous amarrons l’annexe au ponton de l’aéroport, puis tentons d’avoir quelques infos sur l’avions mystérieux: il n’aurait pas été annulé, mais retardé, on ne sait pas trop pourquoi, ni à quelle heure il arrive, mais il devrait être là avant 13h… Une arrivée à la polynésienne donc…Au moment où nous avions abandonné tout espoir, au point de songer à manger sur place, surprise: un avion atterrit! Ils sont là: un peu fatigués, un peu pâlots, mais le sourire jusqu’aux oreilles, Morgane et Gabriel sont avec nous pour les trois prochaines semaines!

Une fois à bord ils quittent rapidement leurs jeans et basket, et commencent ce qui s’annonce comme une longue série de baignades depuis le bateau. Les filles sont ravies d’avoir deux nouveaux compagnons de jeux disponibles, et nous aussi: nous allons pouvoir renouer avec les parties de cartes disparues depuis le départ de Lotus, les cocktails devant les couchers de soleil… Et nous avons deux matelots de plus, ça va être pratique dans les manoeuvres et les quarts de nuit! Deux bouches de plus à nourrir aussi: nous nous rendons mardi matin au village d’Avatoru à l’aide du taxi de Gilbert, qui nous dépose à la station service pour récupérer du sans plomb pour l’annexe et des plombs de plongée, au market pour faire le plein, puis revient nous chercher avec nos 6 sacs de courses pleins. Il nous dépose au ponton: pas de caddie surchargés à pousser sur 1km, la grande vie! Nous trouvons tout ce qu’il nous faut: des fruits, des légumes, nous prenons tout le chocolat à cuire disponible, 12 kg de farine, des litres de lait, et nous récupérons même un Uru tout frais, donné gentiment par une villageoise dans son jardin! A la grande joie de Morgane nous le transformons en gratin, en chips et en purée, le fruit de l’arbre à pain sous toutes ses formes…
Gaby et Vincent sont restés pendant ce temps sur le bateau pour s’occuper du compresseur: cet appareil sert à remplir les bouteilles de plongée, à bord depuis le début du voyage mais non utilisées par les novices que nous sommes. Nos visiteurs ont apporté de France leur gilets stabilisateurs et leurs détendeurs tout neufs, de quoi faire des petites plongées depuis le bateau! Après quelques lectures du manuel et essais infructueux, ça fonctionne: à nous la liberté!
Mais pour le moment ce sera une liberté conditionnée: nos premières plongées s’effectuent avec le club de Plongée Rangiroa Diving Center, qui nous proposent une première plongée tous les quatre sur le site de l’Eolienne, et une tatie pour garder les filles. Celles-ci se lient rapidement avec le fils de la secrétaire du club, lui aussi passionné de dragons…

Le site de l’Eolienne est sur le tombant, et propose un long mur plein de coraux et de poissons de récifs; la visibilité n’est pas terrible, mais ne nous empêche pas d’admirer des petits requins gris, qui semblent chasser. Mais les poissons n’ont pas l’air très vifs… C’est en fait un pêcheur à la surface qui a déversé 3 caisses de poissons morts au-dessus du site; les requins se régalent, mais sont bien excités, et viennent nous tourner autour des palmes un peu trop rapidement à notre goût (et à celui de notre guide)… Ils s’effarouchent lorsqu’on fait quelques mouvements brusques, nous sommes quittes pour quelques émotions fortes…
Mercredi matin, Gaby et Morgane font une première plongée matinale dans la passe en dérivante jusqu’à 32 mètres, explorent quelques canyons à toute vitesse, poussé par le courant entrant, et aperçoivent un mur de requins à 60m tout fond de la passe. Nous les rejoignons à 10h pour une deuxième plongée cette fois à 20m, mais le courant s’est inversé plus tôt que prévu, nous ne pouvons pas entrer. Nous refaisons le site de l’Eolienne dans l’autre sens; pas de requins affamés cette fois, mais une tortue vorace en fin de plongée, qui s’acharne sur un bout de corail a priori délicieux. C’est vraiment agréable de pouvoir rester au plus près d’elle – elle n’est pas farouche du tout – et de la regarder faire des galipettes, entraînée par son poids et sa gourmandise…
Le vent reste de nord, permettant au soleil de briller sans discontinuer, nous en profitons pour nous rendre sur le site du Lagon Bleu, à l’ouest du lagon de Rangiroa. Première navigation pour nos visiteurs, avec les conditions optimales: vent constant, mer sans houle, belle luminosité, nous filons à 6 noeuds en vent de travers.

Nous nous postons en vigie à l’arrivée, car des patates sont signalées sur la route; effectivement l’arrivée au mouillage, en suivant les indications de Eimata Va’a (qui en revient), n’est pas évidente, et le mouillage encore moins. D’énormes cheminées de coraux surgissent un peu partout, l’ancre n’accroche pas bien dans le sol dur, et la visibilité n’est pas terrible, mais nous finissons par être assez satisfaits: la chaîne zigzague entre les rochers, nous avons placé 3 pare-battages le long de l’ancre pour la remonter de manière régulière, afin d’éviter qu’elle ne fasse des tours lorsque le vent tombe. Ce n’est pas notre meilleur mouillage, mais nous nous en contenterons…
Le Lagon bleu est magnifique! Il faut y accéder en annexe, là encore en zigzaguant entre les coraux, mais une fois dans l’eau, c’est le bonheur: elle est à 32°C, translucide, des bébés pointe-noires s’y ébattent, de jolies fleurs de corail abritent une population dense et curieuse, nous passons un bel après-midi seuls au bout du monde.

Bébé pointe-noire

Le lendemain matin nous plongeons: je forme le premier binôme avec Gaby, et nous explorons les fonds tout autour du mouillage. Il y a beaucoup de plancton et de sable en suspension, les immenses cheminées qui s’élèvent sur plus de 4 mètres sont d’autant plus impressionnantes qu’on ne les voit surgir qu’au dernier moment, masses fantomatiques et menaçantes qui se révèlent finalement roses, bleues ou violettes, des cités miniatures habitées par des habitants bariolés et très affairés. Les bouteilles nous permettent de prendre le temps d’observer ce fourmillement, d’explorer les petites cavités, de réaliser de belles photos grâce à mon nouvel appareil fraîchement arrivé avec nos invités (ô joie!)… Et quand on lève la tête: des requins… plein de requins… des pointes-noires essentiellement, très présents autour du bateau – l’un d’eux n’a d’ailleurs pas trop apprécié mon entrée dans l’eau palmes en avant – et qui surgissent au détour d’un monolithe de corail, rôdant à quelques mètres de nous… Deux requins gris font leur apparition, à la silhouette plus profilée et prédatrice, très curieux eux aussi. Nous comptons jusqu’à vingt requins tournoyant dans un rayon de 20 mètres autour de nous; silhouettes tour à tour distantes et bien distinctes, elles rendent encore plus magique ce site découvert finalement un peu par hasard!

Nous plongeons chacun deux fois dans ce lieu irréel, puis levons l’ancre démêlons la chaîne, et nous ne sommes pas trop de quatre à la manœuvre pour nous extirper de ce champ de mines – Vincent dans l’eau, Gaby aux moteurs, moi au guindeau, et Morgane en relais des messages criés un peu partout – pour naviguer cette fois au sud du lagon, jusqu’à l’île au récif. A nouveau une belle mer, un vent dans le bon sens, il ne faudrait pas que nos invités prennent trop l’habitude de ces navigations sans houle, ils risquent d’être surpris en sortant du lagon… Cette fois le mouillage ne pose pas de difficultés: du sable bien meuble dans lequel l’ancre accroche immédiatement, pas de patate où faire des tours, ça fait du bien…
Nous sommes au bord de la ceinture de motus qui encerclent le lagon: sable blanc, cocotiers, coquillages, un petit lagon intérieur avec une eau au moins à 37 degrés, de beaux coraux… Et pas un chat, juste un cochon sur le motu d’à côté, un peu surpris de croiser du monde… Les filles apprivoisent des bernards l’Ermite, nous passons un bel après-midi sur ce banc de sable loin de toute civilisation!

Des orages menacent au loin, évitent le bateau toute la soirée; mais la pluie finit par déferler pendant la nuit, et ce matin elle tombe sans discontinuer. Nous reprenons la mer pour remonter sur le mouillage de Tiputa, et cette fois la navigation est plus difficile: vent et vagues de face, rafales à 25 noeuds, pluie battante, avec toujours la possibilité de coraux affleurant au milieu du lagon, les deux premières heures sont un peu fatigantes, mais le temps se calme, et nous arrivons finalement à la voile et sous le soleil à notre premier mouillage.
Nous allons plonger sur le magnifique site de l’Aquarium, à l’intérieur du lagon en face de la passe de Tiputa: des bouées sont installées pour accrocher les annexes, des panneaux explicatifs sur les coraux et leur faune sont immergés le long d’une jolie promenade aquatique au milieu de massifs coralliens très peuplés, nous avions beaucoup apprécié d’y plonger la semaine précédente, et retournons avec plaisir au milieu de tous ces poissons magnifiques. Gaby et moi plongeons en bouteille, ce qui nous permet d’aller voir de très près une magnifique limace de mer aux couleurs fluos, mais aussi de croiser… un requin-marteau! Gigantesque animal, à la nageoire dorsale très impressionnante, nous ne nous attendions absolument à en trouver un là! Il peuple d’habitude le large et les passes à de grandes profondeurs, en croiser un en lagon à 10m de fond est vraiment incroyable… on a du mal à s’en remettre!
Les moniteurs du club de plongée n’y croient pas non plus, lorsque nous leur racontons ce matin notre rencontre… Nous avons rendez-vous pour une nouvelle plongée dans la passe en dérivante, si le courant le permet. Gaby et Morgane partent avec un groupe de plongeurs confirmés, pour descendre à 40m dans les canyons de la passe, tandis que nous plongeons de notre côté avec Vincent et Céline, la secrétaire qui est en fait aussi monitrice. Le courant est très fort, et nous entraîne rapidement dans la passe; nous apercevons un énorme requin bordé, en nous accrochant aux coraux pour ne pas nous faire entraîner, et même le requin se fait bousculer par ce courant entrant… Puis nous nous laissons dériver, et croisons… un requin-marteau! Deux fois plus grand encore que celui de la veille, Céline est aussi enthousiaste que nous! Nous descendons ensuite vers le fond de la passe, pour explorer les canyons, mais le courant est vraiment très violent, j’ai du mal à me stabiliser, nous remontons un peu pour que ce soit plus confortable. Nous nous faisons dépasser par une escadrille de raies léopards, en formation serrée à 12, et pour une fois nous les observons de dessous! Elles repassent sur notre gauche, puis nous les perdons de vue; nous dérivons toujours assez vite, puis refaisons surface, pour constater que nous sommes arrivés assez loin dans le lagon, pas du tout au point de rendez-vous prévu avec le bateau… Il finit tout de même par nous retrouver; la palanquée de Gaby et Morgane a eu moins de chance: une des plongeuses a eu des problèmes d’oreilles lors de la descente, ce qui les a empêché d’entrer dans la passe. Ils sont donc restés à l’extérieur du récif toute la plongée, sans faire de rencontre particulière… Pour la peine ils replongeront demain, on croise les doigts pour que le requin marteau se manifeste à nouveau!
L’après-midi nous visitons la ferme perlière Gauguin, la dernière encore en activité sur Rangiroa; la visite est très complète, avec des explications détaillées sur l’élevage des huîtres perlières, puis nous assistons à la greffe d’huîtres à qui l’on remettait le premier nucleus. Enfin, on nous fait observer les différentes catégories de perles, les rondes, semi-rondes, baroques… Morgane repart avec une belle paire de boucles d’oreilles!
Nous terminons cette belle journée par une nouvelle sortie à l’aquarium, avec cette fois Morgane et Vincent en plongée bouteille; mais le temps se gâte rapidement, des vagues se forment, le snorkeling devient compliqué en surface avec les filles; les plongeurs remontent sans avoir rien vu que des balistes défendant âprement leurs nids… La tempête se déchaîne, avec des rafales à 28nds, nous sommes contents de rentrer au bateau!
Nouvelle plongée pour Gaby, Morgane et Vincent ce matin, et c’est le graal: les dauphins sont là en cette veille de Noël !! Ils sont venus à la rencontre des plongeurs dès leur descente à 30m, et sont restés un bon moment à nager tout autour… Ils ont même vu un marteau! Noël avant l’heure…
Pour se mettre dans l’ambiance, malgré les trombes d’eau qui tombent sans discontinuer, nous confectionnons de magnifiques Bredeles, puis regardons tous ensemble Vaiana, en remarquant au passage tous les petits détails piochés dans la culture polynésienne.

Veillée de Noël, on entonne “les anges dans nos campagnes” et “bon Noël et de Fort de France”, accompagnés d’un confit de canard et de pommes de terre sautée! Pas de vin, on prend la mer demain pour Toau!

vidéo du lagon bleu

La chanson de la vidéo suivante est du groupe marquisien Koru; nous l’avons découverte lors de nos courses à Rangiroa, elle tournait en boucle dans le supermarché… Nous l’avons donc écoutée 12 fois d’affilée… Elle est devenue le tube de nos vacances! Elle reste un tout petit peu en tête, ne me remerciez pas ^^…

plongées à Rangiroa
Bora Bora

Plongée concert à Bora

On les a vues… de près… de tout près… qui donc? Les baleines…
Car il y a des baleines en Polynésie, pas longtemps: entre août et novembre, elles viennent profiter des eaux chaudes pour se reproduire, ou accoucher! Elles repartent ensuite dans le Sud… Sauf que cette année, elles n’étaient pas encore arrivées, elles se sont fait attendre, les premières ont été aperçues début septembre. Nous en avions aperçu autour de Moorea, puis lors de notre traversée de Huahine: un souffle d’air par-ci, un aileron par là, des présences discrètes qui nous font tressaillir puis bondir sur nos pieds à chaque fois: « une baleine!! Là, là!! ».
Des clubs de plongée proposaient à Tahiti des sorties pour les approcher, et même pour nager avec elles. Nos chemins n’avaient pas pu alors se croiser, mais nous avions déjà tant d’autres choses à découvrir…
Vincent est tombé la semaine dernière lors de la lecture d’un blog de voyageurs suisses sur les coordonnées de Simon, qui propose des sorties à Bora Bora. Pourquoi pas? Nous avons le temps, et si elles sont encore là, profitons-en!
Le rendez-vous est pris, les filles peuvent venir aussi; ce devait être hier, mais finalement décalée à aujourd’hui, la sortie tant espérée, fantasmée, rêvée (au moins pendant deux nuits cette semaine) commence! Sous des augures variés: en plongeant ce matin dans notre nouveau mouillage trop chouette j’ai croisé 3 raies-manta = bon augure; mais quand j’ai voulu replonger un peu plus tard mon appareil photo a pris l’eau = mauvais augure… Mais nous avons notre Go Pro, qui a le temps de charger avant de partir = bon augure… La pythie aurait été plus claire.
J’ai beaucoup préparé les filles pour cette sortie, car il semblerait que les conditions d’approche puissent être compliquées: le bateau à moteur n’a pas le droit d’approcher à moins de 100m du cétacé, nous sommes en haute mer donc il peut y avoir de la houle, et il ne faut pas faire d’éclaboussure en palmant car cela effraie ces grandes bêtes. Les filles sont à fond, parées pour la rencontre!
Nous partageons cette sortie avec un jeune couple américain en anniversaire de mariage, et trois slovènes qui sont dans un monocoque ancré juste à côté de nous; nous sortons par la passe vers l’océan, et les conditions sont idéales: peu de vent, mer très calme, peu de houle.
Et très très vite: une souffle! Deux autres plus loin! Simon met en route son hydrophone qui retransmet le chant de la baleine. Au début on n’y croit pas: ça doit être une bande son qu’il met pour les touristes… Le son est riche, puissant, fait vibrer le bateau dans les graves, nous agresse dans les aigus: c’est vraiment le chant d’une baleine?
Il y a un mâle qui chante depuis trois jours à cet endroit – d’ailleurs seuls les mâles chantent, pour attirer une toute belle (l’inverse de nos sirènes en sorte) -et d’après Simon pas trop farouche: on s’arrête là!
Les instructions pour la mise à l’eau et l’approche: on se glisse dans l’eau (pas de gros plouf), on attend que Simon soit près de la baleine, puis on le rejoint en marche arrière: Tehiva, qui assiste Simon dans la conduite du bateau, nous donne la direction. Cela évite de palmer à la surface, et c’est aussi moins fatigant – 100 mètres à faire dans les vagues, ça fait un bout. Les filles sont dans nos bras, leur coeur bat à toute allure, on y est presque…
L’eau est profonde, pleine de plancton, on ne voit pas grande chose… mais on entend. On vibre. On en prend plein les oreilles: ça craque, ça gargarise, ça cliquète, ça siffle, ça grince, ça assourdit, ça enchante… Nous sommes captivés par cette grosse masse qui se détache petit à petit du fond, queue en l’air, nez en bas, et qui s’en donne à coeur joie. Simon nous fait signe de rester bien groupés autour de lui, nous fait nous décaler… et la grosse masse remonte… Ce n’est pas une grosse masse: c’est gigantesque, formidable, merveilleux, gracieux: il s’est tut, mais nous continuons de frissonner en le regardant s’avancer vers nous, doucement, avec bienveillance. Il nous regarde, nous le regardons, minute bénie et hors du temps, puis il souffle, une fois, deux fois, se détourne, et redescend dans les profondeurs continuer son récital.

La première rencontre me laisse sans voix: je suis submergée par l’émotion, puis, après quelques secondes, je me joints aux cris de joie du groupe. Les filles n’en reviennent pas, elles n’ont pas eu peur, un peu impressionnées, mais complètement sous le charme…
L’après-midi passe vite, la baleine nous fait la grâce de venir nous voir à trois reprises, toutes aussi folles les unes que les autres, puis nous l’abandonnons à ses sérénades. Deux baleines semblent être à l’écoute à quelques kilomètres de là, sautant régulièrement lorsque le mâle remonte; nous les observons de loin, les laissant à leur ballet amoureux.

En rentrant dans la passe, la belle surprise: des dauphins accompagnent notre bateau! Nous sommes à quelques mètres d’eux, puis ils nous gratifient de sauts prodigieux! Triple vrille pour l’un, et saut de plusieurs mètres pour l’autre, même Simon n’avait jamais vu ça…


Nous rentrons au bateau fourbus mais ravis, toutes les attentes qui entouraient cette sortie ont été comblées, et largement dépassées…
Nous invitons les Slovènes pour un apéro bien mérité, afin d’échanger nos impressions, nos photos et nos expériences! Ils nous apportent même un très bon Pinot noir néo-zélandais, exactement ce qu’il nous fallait pour clôturer cette journée complètement folle…

Voici la vidéo de cette sortie, à laquelle je n’ai pas ajouté de musique: j’ai laissé les silences, pour mieux entendre le chant…

Moorea

Moo-raies-aaaaaah

Après une nuit ultra calme dans notre premier mouillage (Vincent avait quand même mis une alarme au cas où nous déraperions), nous nous réveillons au milieu d’une eau transparente merveilleuse, qui nous fait apercevoir notre première raie de la journée! Nous nous mettons rapidement à l’eau: Cécilie prend une leçon de natation avec son papa, Agathe s’essaie au canoë de Violette et se débrouille plutôt bien. La magie opère: deux magnifiques raies viennent nager sous nos palmes! Elles restent un bon moment sous nos bateaux, remuant le sable pour y dénicher leur petit déjeuner.

Nous levons l’ancre en fin de matinée, direction: Moorea évidemment! Agathe change de bateau pour la navigation et embarque sur Lotus, le bateau-copain qui nous accompagne depuis quelques jours, en espérant que tout se passe bien et que nous la reverrons dans quelques heures…

Nous prenons la passe de Papeete pour accéder à la haute mer, et juste avant de franchir la digue du port nous rencontrons… des dauphins! Je n’aurais jamais pensé rencontrer nos premiers cétacés si près de la ville et de son port avec ses énormes porte-conteneurs et même un immense paquebot (on le devine au loin sur la vidéo). Cette rencontre, quoique brève, nous enchante et nous paraît de très bon augure pour notre traversée!

Nous hissons la grand-voile, déroulons le génois, et c’est parti avec un bon vent arrière (autour des 20 noeuds) et une belle houle qui nous pousse dans la bonne direction. (sur la photo, Tahiti!)

Nous rattrapons petit à petit Lotus, parti 20 mn avant nous, mais nous tentons une manœuvre à l’arrivée à la passe qui nous retarde, ce qui n’est pas plus mal car nous ne connaissons pas vraiment le mouillage, près de Vaiare, c’est plus confortable de nous positionner en 2ème… nous sommes bons perdants (si si!!)

Vidéo de notre traversée, avec les dauphins!


L’eau est encore plus belle qu’à Tahiti, mais il y a un fort courant, nous tirons un bout entre nos deux navires, pour que les filles puissent nager sans danger. J’explore les environs, découvrant encore de nouvelles espèces de poissons, mais c’est Vincent qui fait la plus belle rencontre: une jolie tortue! Elle broutait à un mètre de lui, et a fait une drôle de tête lorsqu’elle l’a aperçu si près! Elle s’est écartée tout de suite, mais pas trop loin, et ils ont nagé ainsi tous les deux quelques temps, en se regardant du coin de l’œil… Évidemment, Vincent n’avait pas l’appareil photo, nous allons donc être obligés de replonger demain, trop trop dur…
Et ce soir, dans le coucher de soleil, une belle raie léopard (à pois) a ondulé le long du bateau, et on nous a promis que demain matin, à l’aube, elles seront des dizaines… Nous allons dormir en maillot de bain pour être fin prêts!
Soirée jeu ensuite sur Lotus, et retour épique: le vent s’est levé, la pluie s’en est mêlée (pas du tout prévus par la météo), les filles vont se rappeler longtemps de la montée dans l’annexe et des 30 mètres qui séparent Fakarêver de Lotus… Nous sommes arrivés trempés sur le bateau, d’eau de pluie et d’eau de mer, la prochaine soirée on la fera chez nous! ;o)


Enfin, ça y est, nous dormons à Moorea….

mes poissons préférés, tellement photogéniques
j’aime bien aussi les tous petits qui se cachent dans les coraux