Avant le départ

L’achat du bateau

Partir sur un voilier 1 an pour faire le tour de la Polynésie, c’est bien, mais il faut encore savoir sur quel navire et le trouver !

Entre notre idée de départ et ce que l’on a finalement choisi, c’est presque le grand écart: nous sommes passés d’un dériveur intégral à un catamaran grand confort dont les prix n’ont rien à voir.

Notre expérience

Leslie avait une expérience lointaine sur monocoque habitable lors de vacances dans sa jeunesse avec ses parents. De mon côté, j’avais une expérience de voile légère à la fois sur monocoque (420, Laser) et sur cata (hobie cat). J’allais oublier le plus important: nous avons chacun de notre coté, au collège, fait une colo sur l’Émigrant, un vieux gréement (visible ici, actuellement connu sous le nom de “Bro Warok”).

L'Emigrant / Bro Warok
L’Emigrant / Bro Warok

Mono ou cata ?

On se sentait tout de même un peu rouillés. Pour expérimenter, et faire le bilan de nos compétences respectives, nous faisons un premier stage en février sur un Sun Fast 43. C’est un peu la Ferrari des monocoques: très beau bateau, ultra-maniable, agréable à naviguer. Cela nous a donc convaincu de… choisir un catamaran! En effet, même si coté sensation c’est génial, 3 points nous ont convaincus pour un cata:

  • l’absence de gite en catamaran permettra à nos filles de s’installer et jouer pendant les navigations (dont certaines vont durer plusieurs jours)
  • un grand carré en hauteur sur l’eau et vue 360° (vs en fond de coque) améliore grandement le confort et devrait là encore leur permettre d’y être pendant les longues navigations sans avoir le mal de mer
  • un faible tirant d’eau (que l’on peut retrouver sur un dériveur intégral)
Iti Manawa
Leslie à la barre d’Iti Manawa

Recherches

C’est ainsi que dès fin février nous nous sommes lancés dans la recherche d’un catamaran, avec un budget de 170 à 220 k€. Nous avons contactés les brokers en Polynésie, et beaucoup discuté avec David de Tahiti Sail qui a été d’une aide énorme: il nous a extrêmement bien accompagné dans ce projet d’achat. Nous avons également trouvé une annonce originale émanant d’un broker australien, ce qui nous a permis de préparer petit à petit une sélection de bateaux à voir lors d’un aller-retour express de 2 semaines en juin.

Un aller-retour ?

15 jours de congés dans une période où ils pourraient servir à d’autres préparatifs ? Malgré le prix des billets? le kérosène brûlé ? Est-ce que ça valait le coup ?

Oui, trois fois oui:
1) On voit effectivement beaucoup de choses sur les annonces, mais pas tout. Un des catamarans dans notre TOP 3 n’était finalement pas un choix valable et je ne m’en serais jamais aperçu à distance.
2) Lorsque l’on monte sur un cata et encore plus lorsque l’on rencontre les propriétaires, il y a plein de choses que l’on ressent tout de suite: cata très (trop?) customisé/bricolé, accent mis sur les voiles, sur le moteur, sur le confort…
3) N’ayant pas d’expérience d’achat de bateau, j’ai énormément appris lors de ces visites: les différents types de matériel, les habitudes des propriétaires, leurs astuces, ce qui était important pour eux par rapport à leur utilisation (performance du dessallinisateur ? Intérêt d’un générateur ? d’une machine à laver ?). Cela permet de mieux se projeter! J’ai aussi eu la chance immense d’être accueilli par Maud et Yann qui habitent sur leur cata à Moorea et ont déjà fait un grand voyage à travers la Polynésie. Cela a permis d’échanger sur les choix, de prendre du recul, de se rassurer.

En route pour Raiatea (Moorea sur la photo)

Ce que l’on a choisi et pourquoi ?

5 catamarans en lice au départ avec des choix très différents:

  • 1 cata à 170k, à peu près dans les prix du marché, bien équipé grand voyage => éliminé, car trop customisé, et nous souhaitions aussi un intérieur en meilleur état. Cela aurait été au final notre 3ème choix.
  • 1 autre un peu trop cher par rapport au marché, mais négociable => éliminé car c’était un cata qui a essentiellement fait du port: limité en voiles, options de port inutiles ( clim utilisable à quai uniquement sachant que nous ne feront pratiquement que du mouillage) et on risquait d’avoir des surprises si on se mettait à l’utiliser intensivement à la voile.
  • 1 initialement dans le top 3, dont la visite a été très décevante par rapport à son état et a semblé avoir souffert de l’humidité.
    note: Taravao est très humide, et je ne le conseillerai pas pour stoker un navire

Et les 2 finalistes:

  • Appelons le premier F: une autre gamme de cata: grand (44 pieds: nous cherchions entre 40 et 45 pieds), mais surtout très récent, de très belles prestations et très bien équipé. Par contre au double du prix. Pourquoi l’avoir tout de même regardé ? David nous en a parlé car des acheteurs potentiels étaient intéressés pour l’été 2020 (revente à priori plus facile) et surtout plus de la moitié du prix était sous LOA. Kezako ? « Location avec Option d’Achat »: en gros un crédit est associé au cata. Nous pouvons donc l’acquérir pour beaucoup moins cher, mais avec un crédit en plus à rembourser. Mensualités comprises, il revenait ainsi dans notre budget. Nous n’y croyions pas trop, mais nous avions suivi cette piste parmi les autres.
  • Appelons le deuxième N (celui du broker australien): un très beau cata, pas trop vieux (10 ans), un peu au dessus de nos prix, très très bien entretenu, un peu juste en terme d’équipements. Cela aurait été un très bon choix aussi.

Après avoir pris le week-end pour réfléchir, nous avons décidé de prendre F en dessous d’un certain prix (en cas d’échec, nous nous serions rabattus sur N) afin de ne pas prendre trop de risque lors de la revente (le crédit continue de courir même si la vente se prolonge) et pour s’assurer que notre dossier de LOA soit validé par la banque. Le pire aurait été d’être refusé par la banque et que N soit vendu entre temps!

Deux semaines intenses

Au final, ces deux semaines ont été bien remplies:
Arrivée lundi, visite avec David mardi et mercredi, visite de N à Raiatea jeudi vendredi.
WE pour réfléchir.
Négo lundi et mardi, signature compromis mercredi, prise en main et essai en mer* jeudi, expertise avec sortie de l’eau vendredi, et retour pour la métropole samedi à la première heure !
* il n’y a en général pas d’essai possible lors des visites, il faut d’abord signer le compromis, cela évite les touristes

Fakarever sorti de l'eau
C’est parti pour l’expertise de la coque !

Ouf, nous avons un navire (Fakarever donc), le reste c’est du détail: nous sommes prêts à partir !

Avant le départ

Ambitions et préparatifs

Une année en famille sur un bateau.

Un cauchemar? Un rêve? D’où cela nous est venu ?

Le point de départ de notre aventure:

l’envie de prendre le temps, en famille, de vivre ensemble, de mieux se connaître, d’apprendre, de découvrir, en sortant du carcan du quotidien et de son rythme implacable. Les filles sont grandes, enfin pas trop encore, c’est le bon moment, saisissons-le et en avant!

Mais où?

Faire un tour du monde? marcher en Amérique du Sud? Vélo? Camping-car? A force de discussion enflammées autour de nos désirs les plus fous ( et ce qu’on désirait moins aussi…), nous sommes parvenus à dessiner ce projet: prendre un bateau, qui nous servira de maison, dans laquelle embarquer un cocon dans lequel les filles se sentiront bien, et qui nous permettra de voyager au gré de nos envies. Familiers de la mer, mais pas vraiment marins aguerris, nous avons choisi une destination plutôt clémente aux apprentis navigateurs: un vent quasi-constant, des eaux accueillantes, déjà peuplées de familles sur l’eau, un endroit idéal pour continuer notre formation de chefs de bord, et prendre plaisir à naviguer sans risquer de sombrer corps et biens…

Quel bateau?

monocoque ou catamaran? Leslie avait plusieurs expériences de vacances sur monocoque, Vincent est très à l’aise en voile légère, nous avons suivi plusieurs jours de formation sur un magnifique Sun Fast 43, nous avions donc davantage de marques et de repères avec des monocoques. Mais le catamaran présente deux avantages qui nous ont convaincus: un faible tirant d’eau, qui permet de naviguer plus facilement dans les passes, et un carré au-dessus de l’eau, plus confortable pour la vie au mouillage. Inconvénient principal qui nous a fait hésiter: une remontrée au vent plus difficile, qui risque de rentre la traversée aux Marquises plus compliquée. On verra bien :o)!

Quels préparatifs?

  • deux stages intensifs de voile: même si nous avions un peu d’expérience, nous n’avions jamais naviguer en temps que chefs de bord sur un voilier. Nous avons profité des vacances de février et d’avril pour faire nos armes sur le voilier de Mistral Evasion, l’école de voile de Lionel Mancini, à Bandol. Nous prévoyons de faire une prise en main de notre bateau une fois à Tahiti avec un skipper professionnel, pour être bien à l’aise.
  • un stage Santé en milieu isolé: Leslie a suivi durant un week-end un formation de 1ers secours en milieu isolé proposée par Médidistance: l’idée est de savoir prodigué les 1ers secours, comme avec le PSC1, mais aussi d’être capable d’identifier la gravité d’une situation médicale, et d’en faire une description assez précise aux secours que l’on aura contacté par téléphone ou Iridium, puis de dispenser les soins selon les instructions reçues, en utilisant la pharmacie (bien garnie) de bord.
  • passation du CRR: obligatoire pour avoir le droit d’utiliser une VHF à l’étranger et en milieu hauturier, Vincent a réussi le test haut la main!
  • passation du permis Bateau côtier: obligatoire pour avoir le droit de piloter… l’annexe du catamaran. Pas pour partir 7 jours en mer, mais pour aller du bateau à la plage. On a failli se faire avoir, on passe le code demain matin, on croise les doigts…
  • lectures de Blog, visionnage de Vlog, échanges avec des familles déjà parties / toujours en route, pour se faire une idée de ce qui nous attend!